Philippe Royer : Prendre le risque de l’espérance

La condamnation de Nicolas Sarkozy a essoré le champ médiatique sur lequel les agriculteurs en colère avaient planté l'épouvantail de leur mobilisation. Pourtant la chose est sérieuse, il s'agissait de dénoncer le projet d'accord de libre-échange entre l'Union Européenne et les pays latino-américains du Mercosur. Les tensions politiques s’intensifient et pendant ce temps, les fractures de la société française gagnent en évidence. La colère gronde et un nouvel appel à la mobilisation générale a été lancé pour le 2 octobre.

Redonner du sens

Les personnalités politiques sont, depuis longtemps, jugées individualistes et égoïstes par une grande partie de l’opinion publique. Les citoyens ne se reconnaissent plus, ne se sentent plus représentés correctement par ceux qui dirigent. “Le mouvement des gilets jaunes, on en avait déjà eu tous les signes. Le problème c'est qu'on a fait des grands débats et on a illusionné les français. Mais cette colère elle est restée dans leur cœur.” La somme de ces individualismes mène inévitablement à une impasse, que nous semblons avoir atteint. Pour Philippe Royer, la politique devrait “redevenir un service” et non être un simple métier. S’appuyant sur la figure du Général de Gaulle, il identifie trois aspects cruciaux qui font, selon lui, un véritable serviteur d’une personne engagée en politique : l’amour du pays, la capacité à agir même quand la situation paraît insolvable et la volonté de se considérer comme un serviteur plus qu’un leader isolé ou tout puissant.

Revenir à la sobriété bienheureuse

Redonner une vision à la France, cela passe par l’action de chaque citoyen. C’est pour cela que, parallèlement à la publication de son livre  Fils de paysan, notre bon sens commun, Philippe Royer lance l’initiative “Redonner du sens”. Ce mouvement est pour lui un appel à réveiller la France, à encourager chaque citoyen à “entreprendre sa vie”. Le livre n’est pas un simple témoignage d’un homme qui a grandi en terre agricole. Il s’inspire de ce monde dans lequel il existe “un sens du travail” pour proposer une nouvelle vision de la politique. Une vision dont chacun, où qu’il soit, a son rôle à jouer. “Arrêtons de penser à ce que l'autre devrait faire. Ce qui nous appartient, c'est le territoire que nous pouvons changer nous, là où nous sommes, dans notre commune, dans notre ville.”
Ce qu’il appelle la “sobriété heureuse” semble être un antidote contre le volontarisme et la soif de posséder. “Le volontarisme et l'avoir, ce sont les deux caractéristiques des 30 années qui viennent de s’écouler. Je pense qu'il faut revenir dans l'être, il faut se faire présent à soi, il faut se faire présent aux autres, il faut tendre la main.”

Prendre le risque d’espérer semble être, avec la participation de chacun, une manière de redonner à la France le souffle et l’élan dont elle a tant besoin.