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Le rôle des chrétiens et leur place dans le contexte politique et social en France

Le rôle des chrétiens et leur place dans le contexte politique et social en France

Un article rédigé par Melchior Gormand - RCF, le 12 septembre 2025 - Modifié le 18 septembre 2025
Je pense donc j'agisQuelle place pour les chrétiens face aux crises politiques et sociales ?

Les mobilisations de cette rentrée révèlent une France fracturée : contestation du pouvoir, inquiétudes économiques, défiance envers les institutions. Quelle place pour les chrétiens ? Si certains estiment que leur engagement doit rester avant tout spirituel et discret, centré sur la prière et le témoignage personnel, d’autres considèrent que l’époque exige une prise de parole plus visible. 

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Si certains estiment que la place du chrétien doit rester avant tout spirituelle et discrète, centrée sur la prière et le témoignage personnel, d’autres considèrent que l’époque exige une prise de parole plus visible. 

Foi et engagement citoyen : un dialogue constant avec la société

En France, les chrétiens continuent de trouver des moyens d’inscrire leur foi dans la vie sociale et politique. Pour Guillaume Houdan, diacre chargé de mission auprès du monde politique dans le diocèse de Rouen, l’Évangile et la pensée sociale de l’Église fournissent des repères concrets pour agir dans la société. "Un chrétien est armé. Il a d’abord tout simplement l’Évangile, mais aussi la réflexion sur le bien commun et la lecture régulière des textes bibliques, qui l’incitent à aller au-devant du monde", explique-t-il.

Le chrétien est dans la joie, il est visible et présent dans la société.

Cette approche ne se limite pas à une implication ponctuelle. Elle se manifeste dans des actions concrètes, qu’il s’agisse de l’engagement dans des associations ou d’un rôle actif dans des débats locaux. Le jésuite François Heuvé, docteur en théologie et rédacteur en chef de Études, souligne que l’action des chrétiens dans le monde social et politique peut être vue comme une contribution au "Royaume de Dieu", même si celui-ci n’est pas de ce monde. "Ce que nous faisons de plus concret, dans le champ politique ou dans la vie professionnelle, a déjà un impact sur la société", note-t-il.

La notion de bien commun occupe une place centrale dans ce dialogue entre foi et action sociale. Elle guide certaines décisions politiques et inspire des initiatives tournées vers la fraternité et la solidarité, dépassant les clivages traditionnels et les polarisations qui marquent aujourd’hui le débat public français. Comme le rappelle une auditrice, Marianne, à l’antenne, "le chrétien est dans la joie, il est visible et présent dans la société. Par notre pardon, notre petit regard d’affection, nous pouvons déjà témoigner".

Témoignage, dialogue et proximité : une présence concrète

Au-delà de l’inspiration spirituelle, l’engagement chrétien se manifeste dans le service concret aux autres. Le père Jacques Ollier, nouveau directeur du Service pastoral d’études parlementaires, évoque un travail d’accompagnement auprès des parlementaires et des élus, qui dépasse les frontières confessionnelles. "Il s’agit de proposer des réflexions et des orientations sur des sujets économiques, financiers, éthiques ou sociaux, en partant d’une position ouverte pour être entendue par tous", raconte-t-il. Cet engagement se retrouve aussi dans des initiatives historiques comme celles de Frédéric Ozanam, fondateur de la Société de Saint-Vincent-de-Paul, ou dans les actions du Secours Catholique, qui témoignent d’une présence auprès des plus démunis. Selon François Heuvé, cette attention aux plus fragiles illustre parfaitement la dimension politique de l’engagement chrétien : "le souci des plus démunis, des plus lointains, caractérise la manière d’être chrétienne dans la société".

Reconnaître cet investissement, c’est aussi encourager un dialogue constructif.

Mais la place des chrétiens dans la société ne se limite pas à des actions humanitaires. Elle implique aussi un dialogue politique réfléchi, notamment face à la polarisation et à la défiance qui marquent le paysage français. Guillaume Houdan évoque les élus locaux : "beaucoup donnent énormément de leur temps, souvent 60 à 70 heures par semaine, et s’engagent pour le bien commun sans recherche de profit personnel. Reconnaître cet investissement, c’est aussi encourager un dialogue constructif".

La tentation du marqueur politique

La question de la polarisation est d’ailleurs présente au sein même des communautés chrétiennes. Certains groupes se retrouvent autour de causes écologiques ou sociétales, parfois avec des divergences qui demandent un apprentissage du dialogue. Le rêve exprimé par l’évêque de Rouen, cité par le diacre, illustre cette volonté : que les communautés chrétiennes puissent parler sereinement des élections et échanger leurs points de vue sans crispation, un petit signe d’apaisement pouvant se répercuter sur la société toute entière.

Le père Jacques Ollier insiste sur l’importance de préserver la foi des logiques partisanes. "L’engagement peut parfois réduire les croyants à un marqueur identitaire ou politique. L’appel au dialogue et à la parole respectueuse, même dans des institutions parfois tendues, reste fondamental", évoque-t-il. Il rappelle que la violence dans les débats, comme à l’Assemblée nationale, illustre combien le dialogue reste un enjeu crucial, et que les chrétiens, par leur manière de dialoguer, peuvent contribuer à le restaurer.

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Cet article est basé sur un épisode de l'émission :
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