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Vers une marche arrière du télétravail en France ?

Vers une marche arrière du télétravail en France ?

Un article rédigé par Melchior Gormand - RCF, le 26 septembre 2025 - Modifié le 26 septembre 2025
Je pense donc j'agisVers une marche arrière du télétravail ?

Présenté comme l’avenir du travail, le télétravail séduit moins. Plébiscité pendant la pandémie pour sa flexibilité et la fin des trajets quotidiens, il révèle aussi ses revers : isolement, fatigue numérique, perte de cohésion. Résultat : de plus en plus d’entreprises réduisent les jours à distance ou rappellent leurs équipes au bureau, tandis que d’autres testent encore des formules hybrides.

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Le télétravail, popularisé massivement pendant la pandémie de Covid-19, a offert une flexibilité inédite à des millions de salariés. Moins de trajets quotidiens, équilibre vie professionnelle/vie personnelle amélioré… sur le papier, les avantages semblaient nombreux. Mais le retour progressif au bureau révèle les limites de ce modèle.

Le télétravail : un bilan contrasté après la pandémie

"Trois ou quatre jours par semaine en télétravail, c’est une folie furieuse", alerte Jean-Claude Delgènes, économiste spécialisé dans l’organisation du travail et fondateur du cabinet Technologia. Selon lui, le télétravail doit être équilibré : "un bon équilibre permet de tabler sur les avantages nombreux et de limiter les impacts préjudiciables en matière d’énergie collective et d’intelligence organisationnelle". Sophie Louey, sociologue et politiste, souligne que le confinement a élargi le recours au télétravail à des profils jusque-là exclus, mais rappelle que "cela reste une pratique minoritaire statistiquement"

Les entreprises du secteur financier, des assurances et certaines collectivités territoriales sont les premières à y avoir recours, tandis que d’autres métiers, comme ceux en usine ou sur le terrain, restent majoritairement en présentiel. Jean-Claude Delgènes ajoute que "la pandémie a permis de gagner dix ans de maturité numérique en quelques mois, malgré un management à distance souvent mal préparé".

Trois ou quatre jours par semaine en télétravail, c’est une folie furieuse.

Le télétravail a créé des disparités notables entre cadres et employés, hommes et femmes, ou encore actifs avec ou sans enfants. "En France, plus de 50 % des cadres peuvent télétravailler, contre seulement 17% des catégories socioprofessionnelles inférieures", précise Jean-Claude Delgènes. Sophie Louey complète : "les femmes, en situation de télétravail, superposent souvent des tâches domestiques et professionnelles, ce qui peut affecter leur ascension professionnelle". Ces écarts soulignent l’importance d’une régulation et d’accords collectifs pour garantir équité et efficacité.

Le télétravail durable : vers un modèle hybride et régulé

Face à des bureaux vides et à la montée des coûts immobiliers, certaines entreprises explorent le flex office. "Vous avez 1 000 employés et seulement 500 postes. Chacun arrive et prend un ordinateur, s’installe et travaille", explique l'économiste. Selon lui, "réenchanter les espaces de travail est essentiel si l’on veut faire revenir les salariés au bureau". L’enjeu est de concilier présentiel et télétravail sans densité excessive ni stress, tout en maintenant la créativité et l’émulation collective. 

Un million de personnes ont quitté la région parisienne grâce au télétravail.

La flexibilité reste un critère clé pour le recrutement, notamment pour les jeunes qualifiés. Sophie Louey observe que "certains métiers en tension permettent de négocier la proportion de télétravail dès l’embauche". Jean-Claude Delgènes ajoute que la pandémie a permis à de nombreux salariés de quitter les grandes villes pour la région, tout en poursuivant leur activité à distance : "un million de personnes ont quitté la région parisienne grâce au télétravail".

Malgré les tentatives de retour au bureau, le télétravail s’est inscrit durablement dans les pratiques professionnelles. "Aujourd’hui, le télétravail est défini dans le code du travail et intégré dans les accords européens et d’entreprise", souligne Sophie Louey. Jean-Claude Delgènes conclut : "On ne pourra pas revenir à zéro. Il faut réinventer et réguler pour permettre à chacun de trouver sa place et de se recentrer sur ce qui fait sens : le travail".

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Cet article est basé sur un épisode de l'émission :
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