
Depuis quelques années, les abeilles font l’objet d’une attention particulière. Leur rôle dans la pollinisation des plantes, qu’elles soient sauvages ou cultivées, est essentiel au maintien des écosystèmes et à notre agriculture. Une émission Je pense donc j’agis présentée par Melchior Gormand.
À la venue du printemps, on les voit peu à peu pointer le bout de leur nez. Elles bourdonnent discrètement autour de nous, mais joue aussi un rôle indispensable pour le bon fonctionnement de notre environnement.
Les abeilles, insectes essentiels à la biodiversité, assurent chaque jour la reproduction de milliers d’espèces végétales grâce à leur travail de pollinisation. Depuis plusieurs années, on observe une disparition progressive qui alarme scientifiques et apiculteurs.
“Un programme des Nations Unies sorti en 2011, explique que sur 100 espèces végétales qui nous fournissent 90 % de l’alimentation mondiale, 70 % dépendent des abeilles”, souligne Camille Bouquet, chargée de projets et de plaidoyer à l'association Terre d’Abeilles. Leur fonction de pollinisatrices est cruciale pour la reproduction des plantes. En transportant le pollen de fleur en fleur, elles permettent la fécondation et donc la perpétuation des espèces végétales. La pollinisation par les insectes concerne 90 % des espèces de plantes à fleurs dans le monde, les 10 % qui restent sont majoritairement dus au vent ou à l’eau.
Protéger les abeilles, c’est aussi une manière de protéger les rendements agricoles. Cela se manifeste par des gains en qualité et en quantité. Il y a de meilleures qualités germinatives des légumes, une meilleure qualité en sucre dans les fruits. En somme, une alimentation plus riche et plus saine. Les abeilles jouent donc un rôle important dans notre chaîne alimentaire. “Sans abeille, on perd de la biodiversité dans les champs, dans les paysages et dans nos assiettes”, explique Fabien Kouachi, responsable des opérations de sensibilisation de l'Observatoire Français d'Apidologie et de la campagne Des Fleurs pour les Abeilles.
Sans abeille, on perd de la biodiversité dans les champs, dans les paysages et dans nos assiettes.
L’alerte n’est pas récente : les premiers signaux concernant la disparition des abeilles remontent à une quarantaine d’années. Les apiculteurs et les scientifiques ont été les premiers à tirer la sonnette d’alarme, tentant de comprendre les causes du phénomène. “Je suis vétérinaire, et dans la région Occitanie, nous avons mis en place l’OMAA, l’Observatoire de la mortalité anormale des abeilles. Nous disposons d’un réseau d’une dizaine de vétérinaires spécialisés, avec un “SAMU pour abeilles” disponible 24h/24. Nous intervenons et analysons des cas de mortalité suspecte”, explique Régis, un auditeur. Il est important pour les apiculteurs de signaler toute mortalité anormale, car ces données sont précieuses pour comprendre et lutter contre le déclin des pollinisateurs.
“C’est beau de vouloir protéger les abeilles mais les lois sur les pesticides ne sont pas respectées par les importations”, déplore Matthieu un auditeur. Une question au cœur de l'actualité, car les pesticides notamment les néonicotinoïdes pourraient faire leur retour en France. Or, ces substances sont bien connues pour leur nocivité à l’égard des abeilles. “Les insecticides néonicotinoïdes sont arrivés en France à la fin des années 1990, ils sont neurotoxiques et s'attaquent au système nerveux des insectes”, souligne Camille Bouquet. Ils envahissent le sol, la plante et l'eau et perdurent. À l’époque où leur utilisation était encore autorisée, les pollinisateurs en faisaient déjà les frais. “Ce n’est pas une mort rapide de l'insecte dont on parle, c’est une exposition chronique, qui peut engendrer des problèmes d’orientation, de mémoire, ou de fécondités”, ajoute-t-elle.
“Protéger les pollinisateurs, c’est protéger la vie”, rappelle Fabien Kouachi. Ces pesticides sont étudiés depuis des années, leur l’impact sur les abeilles est désormais bien connu. Envisager leur réintroduction enverrait un signal inquiétant, celui d’un retour en arrière. “Une étude datant de 2017 montre qu'en Europe, au cours des 30 dernières années, nous avons perdu 80 % des insectes volants”, avertit Camille Bouquet. Cette perte est mondiale, c’est la 6e extinction de masse des insectes
Protéger les pollinisateurs, c’est protéger la vie.
Les pesticides ne sont pas les seules bêtes noirs des abeilles, le changement climatique joue un rôle de plus en plus déterminant. Initialement considéré comme le quatrième facteur de mortalité des pollinisateurs, il gagne du terrain dans le classement. Il impacte aussi la biodiversité et est susceptible d'impacter les saisons et le cycle de l’eau et par la force des choses les abeilles. “L’activité humaine détient une grande responsabilité dans l'extinction de masse, notamment des abeilles”, explique Camille Bouquet. “Tout est lié, un jour les Hommes comprendront que la vie est liée au développement de la nature, les actions auront tôt ou tard un impact sur l’humain”, note Fabien Kouachi.
“J’ai décidé d'arrêter de voir le verre à moitié vide. J’ai compris que le principal ennemi des abeilles, c’est l’ignorance”, confie Fabien Kouachi. Pour combler ce manque de connaissances et mieux protéger les pollinisateurs, les organisations comme l'association Terre d’Abeilles proposent des solutions à long terme notamment pour toucher les jeunes générations. Des ateliers sont également organisés proposant différentes activités comme la fresque des abeilles qui s’inspire de la fresque du climat pour les adultes.
Comme pour le recyclage, chaque geste compte. Tout le monde peut agir à son échelle. “Il faut transformer son chez soi en un paradis pour attirer les insectes, planter des arbres, associer les bonnes plantes, ou même retarder la tonte de sa pelouse”, affirme Camille Bouquet
Il faut transformer son chez soi en un paradis pour attirer les insectes.
Le choix du miel que l’on consomme est important :"il n'y a aucun souci à consommer du miel, temps qu’il est issu d’une filière agricole respectueuse. En revanche, consommer du miel produit de manière très controversée, devient critiquable”, explique Fabien Kouachi. “L’apiculture est une pratique ancienne, aujourd’hui les apiculteurs sont devenus de véritables éleveurs d’abeilles, seuls 4 % d’entre eux sont professionnels. Ils ne récupèrent que le miel en surplus et n'enlèvent pas celui nécessaire à leur développement”, finit Camille Bouquet.
Cette émission interactive de deux heures présentée par Melchior Gormand est une invitation à la réflexion et à l’action. Une heure pour réfléchir et prendre du recul sur l’actualité avec des invités interviewés par Véronique Alzieu, Pauline de Torsiac, Stéphanie Gallet, Madeleine Vatel et Vincent Belotti. Une heure pour agir, avec les témoignages d’acteurs de terrain pour se mettre en mouvement et s’engager dans la construction du monde de demain.
Intervenez en direct au 04 72 38 20 23, dans le groupe Facebook Je pense donc j'agis ou écrivez à direct@rcf.fr
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