
Moselle
Entre 15 000 et 20 000 mineurs seraient en situation de prostitution en France, selon les derniers chiffres du gouvernement. Un phénomène difficile à documenter, mais dont les professionnels de terrain, dans les Hauts-de-France, constatent la réalité chaque jour. À l’association Solfa, des éducateurs et psychologues accompagnent ces jeunes, souvent placés, en errance, ou victimes de violences sexuelles.
Les chiffres fluctuent mais l’ordre de grandeur reste souvent le même. Ce chiffre de 15 à 20 000 enfants en situation de prostitution permet de prendre en compte l’ampleur du phénomène de la prostitution. Et c’est un phénomène en augmentation depuis quelques années. Selon l’Observatoire des violences faites aux femmes, le nombre de mineurs victimes d’un achat d’acte sexuel a doublé depuis 2021.
Les professionnels rencontrés insistent sur le fait que la prostitution des enfants peut toucher toutes les classes sociales et toutes les configurations familiales.
La réalité de la prostitution de survie
Ilias Ammaoui, chef de service à l’association Solfa dans le Nord, parle d’un phénomène de prostitution de survie :
Il y a aussi 3 000 enfants qui sont à la rue. Beaucoup de jeunes sont dans de la prostitution de survie. Ce sont des jeunes qui vont réaliser des actes sexuels pour avoir à manger, un matelas dans une cave, une canette, un sandwich. C’est ces réalités-là qui traversent le pays. C’est ce qui rend indigne d’accompagner des jeunes dans le cadre de la protection de l’enfance ; des jeunes sont victimes de la domination sociale et masculine.
Les professionnels insistent aussi sur le défaut d’éducation sexuelle :
Je me suis rendu compte de ce que l’absence de réponses pour ces jeunes pouvait entraîner pour ces jeunes. J’ai compris que la question de l’intimité ça se travaille entre 2 et 6 ans. Aujourd’hui dans certaines familles ce n’est pas fait. Les jeunes que vous allez accompagner ce sont des jeunes chez qui il y a une grande page blanche.
À Solfa, l’équipe mise sur un accueil inconditionnel pour reconstruire une relation avec ces mineurs. Emma Lafrancesquina, éducatrice, explique :
Notre rôle, c’est de créer un lien de confiance avec les jeunes. Leur permettre de se reposer. Discuter. Ça passe beaucoup par des discussions, elles nous confient ce qu’elles vivent au quotidien. Et en leur apportant un soutien, on crée un lien de confiance.
Ce travail s’inscrit dans la durée. Céline Beaurain, psychologue, accompagne les jeunes filles dans leur reconstruction :
C’est un travail de long terme. Depuis toutes petites, elles ont toujours été considérées à travers la maltraitance ou à travers les clients. Elles ont toujours été aimées dans une violence. Elles pensent qu’être aimée, c’est dans la violence. L’objectif, c’est de recréer une identité d’enfant qui a le droit à l’amour et à quelque chose de sain. Sans violence, sans emprise.
Chaque matin à 7h10, les journalistes de RCF décryptent un sujet d'actualité en profondeur, dans la Matinale RCF.
Suivez l’actualité nationale et régionale chaque jour
RCF est une radio associative et professionnelle.
Pour préserver la qualité de ses programmes et son indépendance, RCF compte sur la mobilisation de tous ses auditeurs. Vous aussi participez à son financement !