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Ensemble, luttons contre la traite des êtres humains
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Ensemble, luttons contre la traite des êtres humains

Un article rédigé par Véronique Devise - RCF,  -  Modifié le 13 janvier 2022

L'exploitation et la traite des êtres humains est un fléau contre lequel le Secours Catholique lutte depuis longtemps. Véronique Devise, la présidente du Secours catholique, nous propose un témoignage poignant, celui de Maria, piège d’un engrenage.

Dès l’âge de 16 ans, Maria a été victime d’un réseau de prostitution pendant plusieurs années ©Secours catholique Dès l’âge de 16 ans, Maria a été victime d’un réseau de prostitution pendant plusieurs années ©Secours catholique

Je souhaite vous parler de l’exploitation et la traite des êtres humains. Je vais commencer par vous raconter l’histoire de Maria. Maria a 42 ans, elle vit à Fort-de-France, en Martinique, depuis 14 ans. À l’âge de 16 ans, elle est victime d’un réseau de prostitution pendant plusieurs années.

Elle nous raconte : "Une dame de Saint-Domingue cherchait des jeunes filles. Elle m'a dit que c'était pour aller travailler à l'usine au Venezuela. Je ne vivais pas dans la misère, je ne mourais pas de faim, mais j'avais 16 ans et l’envie de découvrir le monde. Nous étions un groupe de  jeunes filles. En fait, nous avons atterri au Suriname, petit pays limitrophe de la Guyane française. Nous avons été conduites dans une boîte de nuit pour y être prostituées. Nous nous sommes rendues compte qu'on nous avait trompées et avons refusé de descendre dans le night club. Pour nous convaincre d’y aller, ils nous ont frappées."

 

Maria, comme d’autres jeunes femmes, a été prise au piège d'un engrenage, d'où il est impossible de sortir seule par crainte permanente des représailles. Un jour, elle raconte son histoire à un client hollandais qui l’aide à s’enfuir avec trois de ses amies. Elles se cachent plusieurs jours dans la capitale, Paramaribo, pour tenter de survivre. Elle ne souhaitait pas rentrer dans son pays car "rentrer sans rien dans mon pays, après avoir été abusée sexuellement pendant trois mois, c'était impossible, j'avais trop honte".

Depuis elle a fondé une famille et travaille comme femme de ménage. Elle a obtenu un titre de séjour d’un an puis une carte de séjour de 10 ans renouvelable. Comme beaucoup de femmes abusées, Maria a gardé son histoire secrète pendant 26 ans.

 

On connaît des dizaines de mineurs victimes de la traite en France, mais ils sont sûrement plus nombreux car mal identifiés, ils sont  étrangers pour la plupart. Le collectif "Ensemble contre la traite des êtres humains" a été créé en 2007 par le Secours catholique qui en est le coordonnateur. Il exerce des actions de terrain et de plaidoyers en France et dans le monde depuis une quinzaine d’années afin de lutter, efficacement et avec les victimes, contre toute les formes de ce déni des droits humains. Son ambition est de faire part de ses préoccupations et recommandations pour la prise en compte de toutes ces formes d’exploitation.

Pour ce faire, le collectif de 28 associations appelle à ce que la qualification juridique de traite soit davantage retenue pour une meilleure prise en compte des victimes. Le collectif a rappelé la nécessité d’une prise en charge globale, sur-mesure et anticipée, pour apporter assistance aux personnes victimes de traite, d’abord en les soustrayant à toute emprise puis en les aidant à se reconstruire physiquement et moralement.

Ensemble, luttons contre la traite des êtres humains et apportons aide et reconstruction pour que des victimes, comme Maria, puissent vivre, tout simplement.

 


À lire sur le sujet :

- Une double punition pour les victimes de traite

- Journée mondiale de la traite : écouter les victimes

 

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Émission La chronique du Secours catholique - Caritas France ©RCF
Cet article est basé sur un épisode de l'émission :
La chronique du Secours catholique - Caritas France

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