À Tara, ils viennent en aide aux mineurs en situation de prostitution
À Hellemmes, dans la métropole lilloise, l'accueil de jour Tara permet aux mineurs en situation de prostitution d'être accueillis sans jugements et sans conditions. Porté par l'association Solfa, ce centre accompagne des adolescentes cabossées par la vie. Violences, placements, errance, fugues, traumatismes... Ici, l’objectif premier est de recréer du lien, dans un espace sécurisé, sans jugement, où les jeunes filles peuvent se reposer, parler et être considérées comme des enfants.
©A.V/RCFQui sont les jeunes filles accueillies à Tara ?
Elles ont entre 14 et 17 ans. La plupart sont placées, vivent en foyer, ou sont en fugue, parfois dans la rue. Déscolarisées, en rupture familiale, elles ont souvent connu des violences sexuelles, un défaut d'éducation affective et sexuelle, et une forme d'abandon institutionnel. Mais Solfa insiste sur le fait que ces jeunes filles viennent de tous les milieux sociaux et de toutes les configurations familliales.
Pour survivre, certaines jeunes en viennent à avoir des relations sexuelles contre un repas, un matelas, un toit. Une « prostitution de survie », alerte Ilias Ammioui, chef de service de l'accueil de jour Tara : « Ces jeunes réalisent des actes sexuels pour un sandwich, une canette. »
Emma Lafranceschina, éducatrice, évoque l'impact des réseaux sociaux, les « plans » organisés par des proxénètes, mais aussi les sugar daddies et l’échange de nudes comme porte d’entrée vers la prostitution.
Un accueil inconditionnel et sans jugement
Tara est un accueil de jour. Les jeunes s’y rendent pour prendre une douche, un repas, un moment de repos, un mot gentil. « On crée une amorce relationnelle. Il y a du thé, du chocolat, des bonbons. C’est une maison où les mineurs peuvent retrouver leur place d’enfant ou d’adolescent », explique Hélène Bodart, directrice du pôle protection de l’enfance à l'association Solfa.
L’idée est d’établir un lien de confiance avec ces adultes qui prennent soin de ces jeunes. Tara travaille également en partenariat avec les établissements scolaires, les missions locales ou les professionnels de santé pour repérer les jeunes filles en difficulté.
Un accompagnement global
Céline Beaurain est psychologue. Elle intervient à Tara :
Elles ont parfois beaucoup de mal a entendre qu’elles sont victimes. Elles disent que la prostitution est un choix. On essaie alors des les ramener dans leur statut d’enfant et qu’elles ont le droit d'être aimées sans violence, sans emprise.
Le suivi comprend un soutien psychologique, une éducation sexuelle et affective, des distributions de protections, de tests de grossesse, un accompagnement vers les soins et les droits.
Une réalité invisible
Selon différentes études récentes, entre 15 000 et 20 000 mineurs seraient en situation de prostitution en France. Le chiffre reste flou, car le phénomène est souterrain, et trop souvent ignoré.


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