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RCF Alsace | Survivre à la prostitution
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Alsace | Survivre à la prostitution

Un article rédigé par Marc Larchet - RCF Alsace,  -  Modifié le 17 juillet 2023
Dans le cadre du colloque « Prostitution et santé, regards croisés en Europe », Grégoire Théry, directeur de CAP, et Laurence Noëlle, survivante de la prostitution, ont témoigné.
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L’amphithéâtre de l’ENA à Strasbourg était plein pour travailler la question des enjeux de santé pour le monde de la prostitution. Organisé lors de la journée internationale pour l’élimination des violences faites aux femmes, par le Centre d’information des droits des femmes et des familles 67 et par le Mouvement du Nid France, ce colloque avait aussi pour objectif de croiser les regards sur les situations de la prostitution en Europe et plus spécifiquement en Allemagne, France et Belgique.


 « L’approche santé de la prostitution est différente selon le cadre législatif donné à la prostitution. En France,  depuis le vote de la loi du 13 avril 2016, visant à renforcer la lutte contre le système prostitutionnel et à accompagner les personnes prostituées, la prostitution est considérée comme une atteinte en tant que telle à la santé, explique Grégoire Théry, directeur exécutif de la Coalition pour l’abolition de la prostitution et secrétaire général du Mouvement du Nid.

En Allemagne, persiste le modèle règlementé, où le client n’est pas contrôlé. La prostitution est considérée comme un mal nécessaire pour réduire les risques de violences sexuelles dans la société. Celle-ci a pour responsabilité alors d’améliorer les conditions d’exercice du métier, en particulier sur le plan sanitaire et hygiénique. Pour que la prostitution se passe au mieux, police et acteurs sanitaires collaborent étroitement ».
La France a longtemps été dans cette logique ; depuis avril 2016, et les premiers décrets d’application viennent juste de sortir, la prostitution est considérée comme une violence en soi, car une répétition d’actes sexuels non désirées car payés, est une atteinte à la santé. Les chiffres sont sur ce plan terrible : le taux de suicide chez les prostituées est 12 fois plus important que dans le reste de la population, le recours à l’alcool, la drogue, aux anti-dépresseurs est massif pour supporter l’insupportable.


Laurence Noëlle, survivante de la prostitution, aujourd’hui formatrice, est venue témoigner avec de sa vie avec des mots bruts et sans concession. « J’ai été violée 11 000 fois. Comme enfant je n’ai pas été désirée ni aimée, j’ai grandi dans une salle de bain, dès mon enfance j’étais condamnée. A l’adolescence, j’ai fugué pour quitter l’horreur familiale et j’ai été pris par les réseaux de proxénétisme, en particulier par une femme qui soi-disant voulait me protéger. J’ai été droit dans le mur ! C’est grâce au mouvement du Nid que je suis vivante aujourd’hui. J’étais devenu un déchet, seul l’alcool me permettait de supporter l’enfer. Aujourd’hui je me reconstruis au prix d’un long parcours de psychothérapie, j’ai appris pas à pas à m’aimer. J’ai souhaité témoigner de mon parcours pour apporter ma pierre à l’abolition de la prostitution, j’ai été longuement auditionnée par la commission de l’examen de la nouvelle loi. J’ai donc une image publique car je l’ai souhaité, mais vous ne pouvez pas vous imaginer quelle violence j’ai en moi quand on continue à me lancer dans la rue des « Sale pute !».

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