Le livre de la semaine : "L'écran, l'icône et le miroir", du frère Jacques-Benoît Rauscher
Dans son nouveau livre, le frère Jacques-Benoît Rauscher alerte sur les effets délétères des écrans et leur impact spirituel, psychologique et social. Le dominicain y dénonce une dépendance croissante qui fragilise le lien humain et éloigne de l’essentiel : la rencontre intérieure et la vie relationnelle.
Combien de temps passez vous sur un écran ? Beaucoup, beaucoup trop. Il y a le temps nécessaire : écrire un texte sur word, créer une fiche de calcul sur Excell par exemples. Mais le temps passé sur son smartphone qui ne soit ni un parcours à effectuer (les vieilles cartes d’état-Major ont été remplacées) ni la nécessité d’acheter un billet de transport, à combien s’évalue ce temps ? Dans le métro, le bus, le train, les gens ne se regardent plus et sont penchés sur leur smartphone. Regardez au-dessus de leur épaule : que regardent-ils ? Ils scrollent sur Instagram, Facebook,
TikTok, zappent d’une information l’autre.
Sommes-nous tous loger à la même enseigne ?
Ne les blâmons pas et ne culpabilisons pas : personne n’a été formé à vivre avec cette technologie ; chacun doit s’adapter et apprendre. N’y a-t- il pas une contradiction entre l’excitation numérique et le silence de la prière ? Autrement dit : le Smartphone ne nous couperait-il pas de Dieu comme il nous coupe des hommes ?Jacques Benoît Rauscher, dominicain, sociologue de formation examine avec attention les mutations profondes : dans le travail, l’information, les achats, le sexe, la recherche, les amitiés. Le spectre est large et touche tout le monde. Et sur chacun de ces sujets, l’auteur est convaincant, diffusant des arguments de spiritualité qui dépassent les contingences sociologiques.
La richesse des textes bibliques
Jacques Benoît Rauscher raconte sa stupéfaction quand il a vu dans un monastère que les moines disposaient d’une télé dans chaque cellule, que la plupart d’entre eux vivent accrochés à leur smartphone. « Nous cherchons, à travers les fenêtres de notre téléphone, à échapper au lieu où Dieu nous demande de le rejoindre : le quotidien réel et aride. Mais en théologien, l’auteur oppose des textes de la Bible : Jean-Baptiste, la Genèse, l’Apocalypse, le Livre des Juges, les Pèlerins d’Emmaüs (où
l’on confirme qu’il s’agit bien d’un couple : Cléophas et sa femme Marie laquelle fut au pied de la croix avec les deux autres Marie : la Mère de Jésus et Marie de Magdala), les Actes des Apôtres. Il donne un portrait saisissant de saint Pierre, le seul apôtre ancré dans son pays : pêcheur, utilisant sa barque pour emmener Jésus, dînant chez sa belle-mère et qui restera à jamais le Galiléen jusque dans son renoncement. D’où le miroir du titre. Et c’est aussi clairvoyant que passionnant. Il conclut : « Nous ne remplirons notre mission que si nous continuons à donner ce qui nourrit vraiment : la parole de Dieu dont l’éclat n’est pas amoindri par les écrans qui nous entourent ».
La Tradition nous bouscule
Internet pose la question de l’éloigné et du proche. Puisque nous pouvons tout convoquer sur nos écrans, un à quoi bon l’emporte. Je cite encore : « On le voit dans les structures ecclésiales. Les deux choses qu’un catholique connaît est sa paroisse, sa communauté d’appartenance et l’Église universelle autour du pape à Rome. Les conférences nationales des évêques ont peu de pouvoir et ne sont pas perçues par les catholiques comme des échelons auxquels ils s’identifient ».


Chaque jeudi à 8h44, Christophe Henning (La Croix) et Christophe Mory (RCF et Radio Notre-Dame) présentent le livre de la semaine.




