Guillaume d'Aboville | Numérique à l’école : l’illusion du tout-écran
LA CHRONIQUE DES ENFANTS DU MEKONG - Fin d’année scolaire, OUF ! En ce mois de juin, les jeunes parents enchaînent les fêtes de fin d’année : les moins jeunes s’arrachent ou non les cheveux sur Parcours sup. On voit une montée en puissance des outils éducatifs digitaux. Quelle est la vision de Guillaume d’Aboville à ce sujet ?
Guillaume d'Aboville ©DREn France comme en Asie, le digital et le numérique ont un impact profond sur l’éducatif : le COVID en a accéléré la démultiplication : cours en ligne, visios, école direct, Parcoursup, groupes whatsapp. Le bon, c’est que l’école continue malgré tout. Le bon, c’est que ces outils numériques facilitent les échanges. Le moins bon, c’est que le numérique et partout et parfois donne le sentiment d’un grand tourbillon : un flux incessant de notifications, un manque réel de protection concrète sur les dangers du numérique de nos jeunes ; c’est pire en Asie. Certains parents sont noyés d’email et de notifications. On peine même à y répondre. Alors, on contrôle moins, car on sature. Tous savent que ce peut être dangereux. Tout est disponible, on a conscience du danger. On fait l’autruche. On va même jusqu’à mettre du numérique dans l’éducation elle-même : certains désirent vendre du 100% d’école en ligne.
Le problème, c’est d’oublier les fondamentaux :
Les parents sont les premiers éducateurs de leurs enfants. Or, le numérique accentue la distance entre l’école et les parents. Les liens humains sont plus lointains. Et la confiance accordée peut s’atténuer. Oublier les parents, c’est un sujet majeur. On ne peut avoir des parents digitaux.
L’éducation, ex ducere, faire sortir le jeune pour le faire grandir. Or, le digital ne peut prendre en compte L’unicité de chaque être est unique : révéler son talent. Cela passe par parfois par l’épreuve. Or, quand il y a un pépin, le numérique bug. L’éducation, c’est une présence aimante, exigeante qui ne peut se faire sans un éducateur, une présence. Le sens de l’effort et de la responsabilité. Chaque enfant parrainé en Asie nous dit la même chose : « travailler dur en vaut la peine ». Enfin, le numérique est volatile, et le zapping généré par les réseaux sociaux en sont la preuve. Or, l’éducation, c’est la puissance du temps long : on ne peut devenir intelligent et conscient de son talent en 1 clic ou une formation on line.
En cette fin d’année scolaire, loués soient les éducateurs en chair et en os qui se donnent corps et âme et dans la durée ! Loués soient les 1000 responsables bénévoles asiatiques d’Enfants du Mékong qui permettent à plus de 30 000 enfants pauvres de découvrir leur talent et de ne pas se décourager devant l’effort. Chers amis, oui, je crois que le numérique présente bien des avantages mais ne remplacera JAMAIS la présence d’un éducateur aimant et exigeant.


Association de loi 1901, reconnue de bienfaisance et habilitée à recevoir dons et legs, Enfants du Mékong n’a cessé d’évoluer depuis 1958 pour s’adapter aux demandes du terrain. Voulue comme un lien d’amitié avec les peuples d’Asie du Sud-Est, elle est restée fidèle à sa vocation première : aimer et secourir les enfants pauvres et souffrants en leur offrant un avenir grâce à l’instruction.
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