Quels sont les enjeux de la souveraineté alimentaire pour la France ?
En partenariat avec CCFD-Terre Solidaire
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Cette année, l’INSEE dévoile que la part des exportations comme des importations de biens et services a plus que doublé en France entre 1968 et 2024. Laurine Azoulay, chargée de plaidoyer souveraineté alimentaire au CCFD-Terre Solidaire et ingénieure agronome, alerte sur les dangers causés par l’oubli de la part de souveraineté alimentaire dans notre modèle économique.
En 2024, de nombreux agriculteurs s’étaient rassemblés dans des manifestations pour protester contre le modèle d’import export actuellement mis en place par la France. La signature des accords avec le Mercosur avait notamment été source de vives réactions. Laurine Azoulay rappelle l’importance de la souveraineté alimentaire aussi bien pour la santé des consommateurs que pour l’économie mondiale.
Le principal risque en cause dans l’exportation de produits européens en Afrique selon Laurine Azoulay, reste le déclin de la culture alimentaire. Des habitudes qui disparaissent avec l’import export et qui menacent selon elle la survie des producteurs de produits locaux. “Il y a désormais une concurrence qui s’installe entre les produits importés et les marchés locaux”. Laurine Azoulay rappelle que la question sur laquelle travaille la CCFD-Terre Solidaire est celle de la souveraineté et non celle de la sécurité alimentaire. Une différence importante car la sécurité consiste selon l’ingénieure en un “rôle nourricier de la France” qu’elle considère caduque. “Les produits d’importation sont bien plus concurrentiels que les produits proposés par les producteurs locaux” explique t-elle. Une proposition à moindre coût qui met néanmoins l’économie locale en difficulté. La différence entre souveraineté et sécurité alimentaire réside dans le fait que la sécurité alimentaire permet de nourrir les populations mais ne leur offre pas le choix de ce qu’elles consomment. Laurine Azoulay dénonce à ce titre une occidentalisation forcée des modes de consommation de ces pays aux dépens de la culture alimentaire qui s’efface progressivement. “Le blé est désormais privilégié au mil dans des régions qui en sont pourtant productrices” constate l'ingénieure agronome.
Les produits d'importation sont bien plus concurrentiels que les produits proposés par les producteurs locaux.
Souveraineté alimentaire ne veut pas pour autant dire autarcie, rappelle Laurine Azoulay. Elle rappelle l’importance d’une part d’échange international pour l’économie et le fonctionnement mondial mais rappelle pour autant les défaillances du système actuel. Elle pointe notamment du doigt le fait que “nous ne produisons pas ce que l’on consomme et on ne consomme pas ce que l’on produit”. Le débat actuel se focalise sur les enjeux français alors même que la part de produits importés consommés par les français augmente chaque année, une vision que Laurine Azoulay déplore. “L’observatoire est nécessaire pour prendre un peu de hauteur sur le sujet”. Elle rappelle la dimension solidaire de la souveraineté alimentaire, qui implique de ne pas bâtir sa propre souveraineté alimentaire au détriment de celle des autres. Le CCFD-Terre solidaire constate ces insuffisances françaises en matière de souveraineté alimentaire et souhaite bâtir un mode de fonctionnement plus démocratique et plus respectueux du choix des consommateurs. L’idée est aussi de raisonner l’import-export français pour replacer les producteurs locaux au centre de nos consommations. Mais Laurine Azoulay le rappelle, l’idée n’est pas d’arrêter totalement l’import-export, simplement de raisonner le mode de fonctionnement pour une consommation et une production plus durable.
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