Chartres
Le 8 juin 2025, 19000 pèlerins célébreront la Pentecôte sur les routes de Chartres. Le pèlerinage organisé par l’association Notre Dame de Chrétienté est pourtant au cœur d’une polémique concernant la forme extraordinaire du rite. Cette façon de célébrer la messe, antérieure au Concile Vatican II, fait débat. L’évêque de Chartres a demandé le 22 mai dernier à l’association d’ouvrir le rassemblement à la forme ordinaire du rite pour les prêtres qui le souhaitent. Décryptage d’un pèlerinage victime de son succès.
Monseigneur Christory, évêque de Chartres, a annoncé vouloir ouvrir le pèlerinage à la forme ordinaire du rite romain. Il applique ainsi l’autorité qui lui est conférée par le droit canonique. Une demande qui crée de vives tensions entre le diocèse et l’association. Cette actualité ravive le débat entre traditionalistes et adeptes de la messe Paul VI.
Cette année, le pèlerinage a rencontré de nouveau une très grande popularité avec 19 000 inscrits. Ce succès est accentué par la rapidité des inscriptions, en hausse de 13%, qui ont dû être suspendues au bout de trois jours pour pouvoir répondre à la demande des pèlerins. À cela s’ajoute un rajeunissement de l’âge des pèlerins dont la moyenne est désormais de vingt ans. Marie d’Armagnac l’explique “c’est une génération qui a besoin d’absolu, d’engagement, de beauté. C’est ce qu’ils viennent chercher”.
Pourtant ces jeunes sont loin de tous venir de milieux traditionnels. La plupart fréquentent rarement les paroisses “tradis”. Un grand nombre d’entre eux affirment même ne jamais y aller en dehors du pèlerinage. Si ces jeunes n’en sont pas particulièrement adeptes, ils y sont ouverts. Certains manifestent même une véritable sympathie pour cette forme de liturgie. La nouvelle génération semble vouloir rendre une communication fluide entre les différents rites.
Impossible d’évoquer le pèlerinage de Chartres sans parler de la messe de Saint Pie V.
“C’est le caractère même du pèlerinage”, explique Henrik Lindell. Il se pose néanmoins la question de son exclusivité. La célébration de la messe selon le rite Paul VI pourrait trouver sa place dans le pèlerinage, non pas pour les messes principales mais pour les messes privées des prêtres. Marie d’Armagnac, quant à elle, souligne l’importance de la communication entre les différents courants. “À mon sens, traditionis custodes a divisé de façon inutile alors qu’il y avait de véritables échanges dans les paroisses entre les prêtres”. Tous deux en sont convaincus, “ceux qui s’inscrivent partagent cet amour de la liturgie traditionnelle”.
C'est le caractère même du pèlerinage.
Pourtant c’est bien ce point qui est sujet à crispations. Monseigneur Christory affirme “Il y a d’autres motivations pour faire le pèlerinage, il y a la joie de marcher et de prier ensemble, le défi de la route et la beauté des paysages”. “Non. Quand on y va, on voit qu’il n’y a pas que la beauté des paysages”, répond Marie d’Armagnac. “Il y a beaucoup de pèlerinages en France qui sont connus pour leur beauté. Chartres n’y est pas particulièrement cité”.
Pour Henrik Lindell, il faut veiller à ne pas nuire à la beauté et à la ferveur observée chaque année à Chartres. De la même façon, il faut préserver l’aspiration de la jeunesse sans briser un élan fervent. “On est en train de casser quelque chose qui relève de la grâce”, affirme t-il. Loin de renvoyer exclusivement la faute sur le diocèse, il questionne aussi le rôle de l’association Notre Dame de Chrétienté. “Je retourne la question aux organisateurs, qu’est-ce que ça peut vous faire si c’est dans un cadre extrêmement restreint ?”. Ne l’oublions pas, l’Église est avant tout une communauté qui doit rester unie et accueillir chacun avec charité.
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