Léon XIV, un pape entre tradition et modernité
C'est un agenda chargé qui attend le pape Léon XIV. Lundi 12 mai, il recevait la presse internationale dans la salle Paul-VI. Tout au long de la semaine, les premiers pas du nouveau pontife seront particulièrement scrutés. Pour mieux comprendre la pensée et la ligne du 267e pape de l'Église catholique, Jean-Pierre Denis, journaliste, spécialiste de l'actualité religieuse, est au micro de RCF Notre-Dame.
Jean-Pierre Denis, journaliste et spécialiste de l'actualité religieuse © Pierre-Hugues DuboisJeudi 8 mai, le pape Léon XIV a été élu pape après deux journées de conclave. Les 1,4 milliard de catholiques ont alors le cardinal Robert Francis Prevost vu apparaître au balcon de la loggia. Dès ces premières paroles, le nouveau souverain pontife apparaissait très ému au balcon de la basilique Saint-Pierre de Rome. Jean-Pierre Denis, journaliste, spécialiste de l'actualité religieuse et créateur de la newsletter Théopolitique, a été touché par la retenue d'intériorité du saint Père.
L'élection inattendue du pape Léon XIV
"On a l'impression de voir un homme complètement libre, qui aborde ce changement tellement énorme dans sa vie avec une grande sérénité, souligne Jean-Pierre Denis. Il était un parfait inconnu, il pouvait aller manger une glace ou une pizza dans n'importe quel restaurant de Rome sans qu'on lui demande un autographe. Aujourd'hui, il ne peut plus sortir du Vatican."
Personne ne s'attendait à voir apparaître au balcon de la loggia un pape américain, lui qui était loin sur la liste des papabile. Il a pourtant marqué le monde entier par son émotion et par la justesse de ses mots, en reprenant ceux du Christ après la résurrection : "La paix soit avec vous". Léon XIV aborde sa nouvelle vie avec une forme d'évidence, de sérénité, de tranquillité impressionnantes.
On a l'impression de voir un homme complètement libre, qui aborde ce changement tellement énorme dans sa vie avec une grande sérénité
En tant que successeur de Pierre, une mission lui est confiée, celle de veiller sur l'Église catholique, d'être le bon pasteur. "Je trouve qu'il aborde ça avec une forme de modestie et de sérénité qui est vraiment assez impressionnante", affirme le journaliste. Le nouveau souverain pontife est extrêmement soucieux de dresser des ponts au sein de l'Église catholique, à l'image de son prédécesseur.
Il est apparu au balcon de la loggia dans les vêtements liturgiques traditionnels, mais a aussi rappelé son intérêt pour une église synodale, pour la collégialité du Collège des cardinaux. Sa devise est l'unité, ce qui s'enracine dans son attachement à saint Augustin.
Léon XIV s'inscrit dans une succession
Dimanche 11 mai, Léon XIV prenait la parole pour la première fois à propos de la guerre en Ukraine, à Gaza, ou entre l'Inde et le Pakistan. Au moment de son élection, personne n'avait de vision sur ce qu'il pensait de ces conflits. Il s'inscrit dans la succession des papes précédents. "Je trouve ça vraiment habile et profond", relate le spécialiste de l'actualité religieuse. Lorsqu'il parle de "guerre mondiale en morceaux", il s'inscrit dans les pas du pape François. Lorsqu'il affirme : "plus jamais de guerre", il s'inscrit dans ceux de Paul VI. Son homélie devant les cardinaux fait penser à celle de Benoît XVI. Léon XIV peut alors être considéré comme le pape du lien.
Dans un contexte aussi tendu, on a besoin d'un pape qui parle de paix, qui est un prophète
L'augustinien de 69 ans a aussi rappelé que la guerre juste n'existe pas. Léon XIV revient à une approche plus classique de la vision de la paix par les papes, qui fut différente sous le pontificat du pape François. Ces premiers mots défendent la paix. "On a vraiment besoin d'avoir cette conscience qui nous parle, qui parle à notre fort intérieur et qui nous dit 'Attention, vous allez trop loin', souligne Jean-Pierre Denis. Dans un contexte aussi tendu, on a besoin d'un pape qui parle de paix, qui est un prophète."
Le pape de la mondialisation
Pour un pape, Léon XIV est jeune, il a 69 ans, est présent sur les réseaux sociaux. Il a vécu aux États-Unis, au Pérou, a beaucoup voyagé avec l'ordre des Augustiniens. Cette modernité peut être déstabilisante pour certains chrétiens. Nonobstant, lors de sa première apparition au balcon de la loggia, il portait la mosette, symbole de tradition. Il a également chanté le Regina Caeli en latin, ce qui a pu toucher une partie des catholiques du monde. Entre tradition, et modernité.


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