La crise démocratique française, le constat de Raphaël Doan

Cette année 2025 nous amène particulièrement à  questionner les modalités de l'expression démocratique de notre régime. Alors que l’exécutif promet l'arrivée prochaine de référendums, près de 90% des français estiment y être favorables. Se pose donc la question de la place occupée par la représentation populaire en France.

Une démocratie aux allures de village Potemkine

Raphaël Doan l’affirme, la France n’est pas une démocratie. Du moins, elle ne répond pas à l’idéal classique de cette dernière. “Ce qui nous manque c’est la démocratie”, précise t-il. La seule véritable pratique de celle-ci passe, à ses yeux, par le référendum. Pourtant, le referendum inquiète. La preuve en est son usage plus que limité depuis 1969. La moitié des référendums ont en effet été réalisés sous le mandat de Charles De Gaulle. Raphaël Doan y voit la crainte pour l'exécutif d'un effet anti-plébiscitaire. Car le référendum est trop souvent envisagé comme un moyen de désaveu présidentiel depuis De Gaulle. L'ancien Président envisageait en effet sa démission en cas d’opposition. Pourtant, le référendum est un moyen particulièrement efficace de voir émerger une majorité, constate t'il. Il présente ainsi plusieurs sujets qui pourraient, à ses yeux, trouver leur résolution dans le référendum. Ces "sujets consensus" que sont le cannabis, l'immigration ou la fin de vie ont la particularité de créer de véritables blocages au Parlement. Pourtant, si on se fit aux sondages, ils rassemblent une franche majorité populaire. “Si on faisait appel au peuple directement, on trancherait beaucoup de sujets qui aujourd’hui ne le sont pas”, affirme l'auteur.

Ce qui nous manque, c'est la démocratie.

La démocratie pour soigner la démocratie

L’une des solutions énoncées par Raphaël Doan est le recours à la démocratie directe. “Le seul outil aujourd’hui pour réformer, c’est le référendum”. La pensée aristotélicienne considère une certaine sagesse collective. Elle est, aux yeux de l’auteur, la clé de résolution de ce qu’il nomme “le malaise démocratique”. L’essayiste souligne différentes pratiques envisageables pour sortir du blocage institutionnel actuel. Le référendum y est considéré comme une aide majeure à la fluidité législative. Cette réflexion nous amène à le repenser. Loin d’une simple procédure de destitution déguisée, il devient un moyen raisonnable de penser la loi. Réconcilier le peuple et ses représentants, serait-ce le véritable rôle du référendum ? Pour Aristote, y recourir est le plus sûr moyen de garantir le respect de la volonté individuelle. Car celle-ci “est la même, ou elle est autre ; il n'y a point de milieu”. La démocratie au secours de la démocratie, voilà peut-être la solution.