Benjamin Lucas : "la Ve République est inadaptée à ce que doit être une démocratie moderne"
Benjamin Lucas, député NFP de la VIIIe circonscription des Yvelines, est l'un des rares parlementaires non-LFI a avoir fait le choix de voter la motion de destitution à l'encontre d'Emmanuel Macron. Pour la matinale de RCF et Radio Notre Dame, il livre ses analyses sur la vie démocratique française particulièrement agitée des dernières semaines.
Cinq jours après l'arrivée de Michel Barnier à Matignon, le député NFP Benjamin Lucas se fait le porte-parole sur notre antenne de l’incompréhension de son groupe parlementaire quant au choix fait par Emmanuel Macron. Pour lui cette nomination est un comble pour une Ve République qu’il juge défaillante et qu’il appelle à réformer, voire même, à achever.
Les Républicains, un parti "qui n'a rien à faire à Matignon au vu de sa marginalité"
Benjamin Lucas ne mâche pas ses mots. Pour lui, la nomination de Michel Barnier en tant que chef du gouvernement le jeudi 5 septembre est “un problème démocratique”. Il lui paraît inimaginable qu’une personnalité du groupe Les Républicains puisse accéder à Matignon "au vu de sa marginalité”. Aux 47 députés LR à l’Assemblée nationale, le député de la VIIIe circonscription des Yvelines oppose les 193 députés du Nouveau Front Populaire et se fait encore le défenseur de la candidate à Matignon proposée par la coalition, Lucie Castets. “On a donné un nom au président dès la mi-juillet. [...] C’est la règle que la coalition parlementaire essaie de gouverner.”
C'est la règle que la coalition parlementaire essaie de gouverner
Interrogé sur la possibilité que l’ex directrice des finances et des achats de la Ville de Paris aurait eu de mener à bien le programme du NFP, Benjamin Lucas répond qu’il aurait été possible de “trouver dans les députés de l' ex majorité des gens qui préféraient ça a un gouvernement de Le Pen qu' on a actuellement”. Il reconnaît tout de même que Michel Barnier est un homme d’expérience et espère que ce dernier jouera le jeu du débat parlementaire pour gouverner une assemblée sans majorité absolue. C’est là l’essence même de la démocratie selon le député Lucas “la démocratie c’est une discussion parfois vive entre des visions de la société qui sont différentes”.
La nécessité "d'adresser un message de fermeté au chef de l'État"
Si Benjamin Lucas est aussi opposé à la prise de poste de Michel Barnier en tant que chef du gouvernement, c’est parce qu’il y voit un exemple typique de ce qu’il considère être une défaillance de la Ve République: un pouvoir trop important du chef de l’État. “Macron a transgressé le rôle d’un président. Les français ont voulu une cohabitation et on se retrouve avec la reconduction du macronisme”.
Macron a transgressé le rôle d'un président
C’est donc pour faire barrage au président Emmanuel Macron que Benjamin Lucas a voté avec 80 autres députés, très majoritairement issus de La France Insoumise, une motion de destitution à l’encontre du président de la République. “Après beaucoup d'hésitation, j’ai signé pour adresser un message de fermeté au chef de l’État” affirme-t-il à notre micro. Il s’agit là tout de même plus d’un geste symbolique que d’une réelle volonté de mettre fin à la présidence d’Emmanuel Macron, la procédure de destitution ayant dès le départ peu de chances d’aboutir.
"Il faut une constituante"
Benjamin Lucas se dit même “favorable à la VIe République” ou, au moins, prêt à “transformer radicalement la Ve”, dans le but de rendre la politique plus parlementaire et réduire toujours plus l’influence du président de la République. C’est pour cette raison que le député souhaite la mise en place d’une assemblée constituante, chargée donc d’établir une constitution pour tendre vers un système qu’il estimerait plus démocratique. Il tire ses inspirations notamment du système allemand et de la place qu’occupent le Bundestag et les parlementaires dans le système politique outre-Rhin. Il ne se prive pas toutefois d’autres inspirations “il faut regarder les organisations qui permettent de faire vivre la démocratie”.
Il faut regarder les organisations qui permettent de faire vivre la démocratie.
Si la nomination de Michel Barnier a bouleversé les esprits, elle menace peut-être aussi la constitution qui l’a permise. Après avoir retenu son souffle dans l’attente de la nomination, Benjamin Lucas estime maintenant qu’il est temps de “remettre une respiration démocratique dans le pays et d’en finir avec le présidentialisme”.
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- 5 septembre 2024
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