Jean Pruvost, Dieu à travers les mots et leur histoire
Dieu à travers les mots et leur histoire. C’est le nouveau livre du lexicologue Jean Pruvost. Dieu est partout dans notre vocabulaire, dans nos prénoms, nos villes, nos expressions. Jean Pruvost tente de remettre l'église au milieu du village. Il est parti à la recherche de Dieu en explorant mille mots et expressions qui évoquent son nom. C'est une recherche infinie et peut-être éternelle puisque c'est aussi comme cela qu'on nomme Dieu.
Dieu à travers les mots et leur histoire © desclée de brouwerJean Pruvost a exploré près de dix mille dictionnaires pour ne sélectionner que mille mots autour de Dieu.
Une omniprésence
Dieu, un mot que Jean Pruvost retrace jusqu’à 8 000 ans en arrière, dans la famille indo-européenne qui a donné naissance à toutes les langues de l’Europe et à un certain nombre de langues en Inde. Le sens premier donné à ce mot est "lumière", nous apprend le lexicologue. De là sont partis près de 15 000 emplois du mot Dieu, que Jean Pruvost a tenté de recenser à partir de 10 000 dictionnaires.
Ce qui est intéressant, c'est qu'en fait, même en n'étant pas croyant, on rencontre tout le temps ce mot. Et on est bien obligé de l'utiliser, même sans le savoir
Cela en fait l’un des mots les plus utilisés de nos langues : français, latin, grec… Pour le lexicologue, c’est le fait que Dieu soit inexplicable qui le rend omniprésent. "Ce qui est intéressant, c'est qu'en fait, même en n'étant pas croyant, on rencontre tout le temps ce mot. Et on est bien obligé de l'utiliser, même sans le savoir." À partir de son sens premier, on retrouve le grec Théos, puis Deus en latin et tous les adjectifs qui vont leur correspondre. "C'est toujours l'incompréhensible et en même temps ce qui nous éclaire, ce qui nous illumine."
Dieu à l’origine des mots et des noms
Jean Pruvost nous avertit : nous utilisons le mot Dieu tout le temps et sans le savoir. En anglais, par exemple, Dieu se dit God et de là ont découlé les expressions "good day" ou "good bye". Ce mot est tellement difficile à définir qu’on l'a mis un peu partout dans notre vocabulaire, à commencer par nos prénoms. Il en existe plein qui contiennent justement le nom de Dieu. Théophile, Théotime, Théodore, Dorothée (au féminin de Théodore), Timothée…
ieulefit, une des interprétations serait qu’au moment des invasions arabes, les Arabes découvrant cet endroit, le trouvant magnifique, vont le dire en arabe et on va le traduire en français en disant Dieu l'a fait.
Ce constat se décline également dans le nom des villes, dans lesquelles le mot Dieu est souvent présent. La Chaise-Dieu, La Bénisson-Dieu, Dieulefit… "La Chaise-Dieu, par exemple. C'était la casa Dieu, c'est une déformation de la maison de Dieu. Dieulefit, une des interprétations serait qu’au moment des invasions arabes, les Arabes découvrant cet endroit, le trouvant magnifique, vont le dire en arabe et on va le traduire en français en disant Dieu l'a fait."
Majuscule ou minuscule : une question de sens ?
Dieu est omniprésent, mais sous quelle forme ? Comment l’écrire ? L’éternelle question de la majuscule et de la minuscule est décryptée par Jean Pruvost qui y consacre tout un chapitre. Il a trouvé la réponse dans la neuvième édition du dictionnaire de l’Académie française où l’article est divisé entre dieu et Dieu. C'est dieu au sens figuré : les dieux du baby-foot, les dieux du stade, etc. Les dieux aussi, de l'Olympe, de la mythologie. Et puis, de l'autre côté, Dieu, en tant qu'entité. "Je crois en Dieu, on ne va pas mettre un d minuscule. Je crois en ce dieu du stade, on met une minuscule. Donc on voit bien qu'il y a un sens vraiment très fort, intense, d’où sont nés évidemment des sens un petit peu plus légers, si l’on peut dire."


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