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Histoire des mots : le budget n’en fait qu’à sa dette

Histoire des mots : le budget n’en fait qu’à sa dette

RCF, le 20 octobre 2025 - Modifié le 20 octobre 2025
Le mot de la semaineHistoire des mots : le budget n’en fait qu’à sa dette

LE MOT DE LA SEMAINE - Le mot « budget » est récurrent en ce moment au sein de l’Assemblée nationale, quel que soit le parti politique concerné. Ce mot, qui semble à la fois récent et d’origine anglaise, est en réalité très ancien dans notre langue.

Jean Pruvost © Pascal HausherrJean Pruvost © Pascal Hausherr

« Le budget n’en fait qu’à sa dette », ce qui en définitive résume la situation. Nous sommes tous en effet soumis et rivés à ce budget, dont la réalité est bien têtue puisque personne ne la remet en cause, sachant que quoi qu’il en soit il y a une dette à payer. Mais si le budget est si têtu, c’est peut-être parce que ce mot a une très longue histoire. 

L'origine du mot

On peut commencer par la raconter en partant d’une réflexion offerte par Pierre Larousse dans son Grand Dictionnaire universel publié dans la seconde moitié du XIXe siècle. Il y précise en effet que « le mot budget, emprunté comme tant d’autres à la langue financière et politique d’Angleterre, est aussi comme tant d’autres mots de la même langue d’origine française ». Pierre Larousse dit vrai. Et l’on ajoutera même que le mot « budget » n’est pas seulement d’origine française, il est auparavant d’origine gauloise. Les Romains ont en effet emprunté le mot « bulga » aux Gaulois, pour désigner une bourse de cuir. De là, il passa en français en tant que « bouge » désignant un grand sac, et de cette forme il garde encore des sens contemporains, le bouge désignant toujours aujourd’hui la partie renflée d’un tonneau, tout comme le « bouge » d’une assiette délimite ce qui sépare le fond du bord. Ce sac, le bouge, eut ainsi son diminutif, la « bougette », dans lequel on pouvait assurément serrer quelques écus.

Passage par l'Angleterre

Il passe d’abord en Angleterre au moment où, au XIe siècle, Guillaume le Conquérant s’empare de l’Angleterre, apportant avec lui des mots français qui vont progressivement pénétrer en langue anglaise au point que 60 % des mots anglais sont en fait d’origine
française. Et c’est là que Pierre Larousse peut reprendre ses explications : « Les Anglais, nous rappelle-t-il, après avoir commencé par donner ce nom au sac contenant les papiers et documents que le chancelier de l’Échiquier était dans l’usage de déposer sur le bureau de la chambre des communes, à la suite de son exposé financier, ont fini par prendre l’habitude de donner le
même nom à cet exposé lui-même. » Ajoutons qu’au moment de présenter le rapport, était rituellement prononcée la phrase : « open the budget », ouvrons le sac ! En fait, le mot « budget » assimilé au « sac du trésorier », puis défini comme un état annuel des dépenses, nous revenait avec ce dernier sens en 1764.

Le budget de l'Etat

Ce mot, bien que gaulois puis français à l’origine était enregistré par l’Académie française dès 1835 évoquant entre autres le « budget de l’État », mais aussi le « budget d’un ménage ». Et il est aujourd’hui
solidement défini par l’Académie française en tant qu’« acte de prévision des recettes et des dépenses annuelles de l’État qui fait l’objet d’une loi de finances votée par le Parlement ». Et voilà, comment la boucle est bouclée pour ce mot qui a la vie dure. Et là encore nos amis verbicruciste ont le dernier mot en essayant de
nous le faire deviner, affirmant qu’il « est parfois serré ». Eh oui, comme les cordons d’une bourse.

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Cet article est basé sur un épisode de l'émission :
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