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Budget et confiance : l’équation impossible ? Analyse de Jean-Marc Daniel

Budget et confiance : l’équation impossible ? Analyse de Jean-Marc Daniel

Un article rédigé par Philomène Dubois - RCF, le 2 septembre 2025 - Modifié le 2 septembre 2025
Le Grand TémoinPlan budgétaire : et si François Bayrou s’inspirait de saint Thomas d’Aquin

Le mot de cette rentrée : confiance. On peut la demander, la souhaiter, mais on ne peut pas la décréter. François Bayrou a annoncé qu’il demanderait un vote de confiance car « il n’y a aucune politique courageuse possible » sans « l’assentiment minimal des Français et de ceux qui les représentent ». Pour Jean-Marc Daniel, professeur émérite d’économie à l’ESCP et spécialiste de l’histoire de la pensée économique, le Premier ministre use d’un excès dans le langage qui annonce une volonté de partir.

Portrait de Francois Bayrou, Premier Ministre a la REF (Rencontre des entrepreneurs de France) organisee par le MEDEF (Mouvement des entreprises de France) au stade Roland Garros a Paris, France le 28 Aout 2025 © Carine Schmitt/ Hans Lucas Portrait de Francois Bayrou, Premier Ministre a la REF (Rencontre des entrepreneurs de France) organisee par le MEDEF (Mouvement des entreprises de France) au stade Roland Garros a Paris, France le 28 Aout 2025 © Carine Schmitt/ Hans Lucas

Moins d’une semaine sépare François Bayrou du vote de confiance qui a toutes les chances de provoquer son départ de Matignon, lundi 8 septembre. Le Premier ministre reçoit à Matignon depuis lundi 1er septembre les forces politiques représentées au Parlement pour un cycle de discussions, notamment sur le sujet très épineux du budget.

Thomas d’Aquin et le juste prix

Jean-Marc Daniel tire sa pensée économique de celle de Thomas d’Aquin, qui était dominicain. Son idée de justice repose sur la satisfaction aussi bien de l’offreur que du demandeur. Il applique cette théorie notamment dans la détermination du salaire en reprenant la formule de saint Paul. "Si quelqu'un ne veut pas travailler, qu'il ne mange pas non plus." Le travail est par conséquent à l’origine de la richesse ; tout travail, dès lors, mérite salaire. "C’est ce que Thomas d’Aquin appelle la justice commutative, c’est-à-dire la justice née de l’échange libre", explique l’économiste. En complément de celle-ci se trouvent, pour tout chrétien, les actes de charité.

La situation est sérieuse et préoccupante, mais ça ne nécessite pas non plus cet appel systématique à la catastrophe imminente.

Jean-Marc Daniel précise cependant que ceux-ci ne se font pas au détriment de la logique du marché qu’il est nécessaire de préserver. Elle repose sur l’égalité de l’information. "Il faut que l’offreur et le demandeur ne cherchent pas à s’escroquer." Ainsi, selon Thomas d’Aquin, toute l’organisation de l’économie repose sur une forme d’honnêteté. Or, pour le spécialiste de l'histoire de la pensée économique, les récentes déclarations de François Bayrou s’apparentent à une ruse politique. "Sa communication a donné l'impression qu'on ne pouvait pas faire autrement que de le désavouer. Il est excessif dans la présentation de la situation. La situation est sérieuse et préoccupante, mais ça ne nécessite pas non plus cet appel systématique à la catastrophe imminente."

Le spectre effrayant du FMI est brandi

Plusieurs membres du gouvernement ont brandi la menace de l’intervention du FMI sans le rétablissement des comptes de l’État, notamment Amélie de Montchalin, ministre chargée des Comptes publics, qui avait alerté, "si nous ne faisons pas les bons choix maintenant, ce seront nos créanciers ou le Fonds monétaire international qui nous les imposeront." Pour Jean-Marc Daniel, le FMI ne correspond pas aux enjeux qui entourent l’économie française.

C’est une façon de dire aux Français : vous ne vous rendez pas compte de cette indignité dans laquelle vous allez sombrer.

Le FMI est un organisme créé pour fournir aux pays en déficit extérieur les dollars dont ils ont besoin. Or, la France est en léger déficit extérieur, mais celui-ci est compensé par la zone monétaire européenne, et notamment par les excédents produits grâce aux exportations allemandes, explique l’économiste. "Alors pourquoi faire appel au FMI ? Parce que le FMI, c'est le méchant. C’est le pays qui est sous tutelle du FMI. C’est une façon de dire aux Français : vous ne vous rendez pas compte de cette indignité dans laquelle vous allez sombrer."

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Cet article est basé sur un épisode de l'émission :
Le Grand Témoin
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