Hausse des actes anti-religieux : comment les comprendre ?
En France, les actes antireligieux se multiplient depuis 2023, des agissements qui ne relèvent plus de simples cas isolés.
Le diocèse de Grenoble-Vienne a été l'un des premiers a se doter d'un service de dialogue interreligieuxChaque année, les rapports sur les actes antireligieux sont de plus en plus alarmants. Parmi eux, les actes antisémites ont augmenté de 134% et les actes antichrétiens ont augmenté de 13% par rapport à l'année dernière.
D’après Tall Brutman, historien reconnu mondialement pour son étude de la Shoah, “l’antisemitisme utilise comme prétexte énormément de choses depuis le 7 octobre 2023 ”. Les actes antisémites ont fortement augmenté depuis le début de la guerre entre l'Etat d'Israël et le Hamas, mais ceux-ci étaient déjà présents avant cet événement, et plus particulièrement sur les réseaux sociaux. "Pendant très longtemps, il a été pensé que l’antisémitisme n’existait plus. Avec l'apparition des réseaux sociaux, des gens qui se pensaient isolés de tout ça se sont rendu compte que pleins d’autres personnes partageaient ces idées antisémites, ce qui a constitué un effet de masse”, explique l'historien
L'antisémitisme utilise comme prétexte énormément de choses depuis le 7 octobre 2023
Un climat d’inquiétude
Souvent marqués par des agissements de plus en plus violents, ces actes antireligieux accentuent le sentiment d’insécurité parmi les croyants. Éric Hattab, président du CRIF à Grenoble, exprime son inquiétude : “Il n’y a plus un seul Juif qui se promène avec une kippa sur la tête. D’autres, lorsqu’ils commandent un Uber, utilisent un faux nom. Il existe aujourd’hui une véritable crainte au sein de la communauté juive : on cache sa judaïté.”
En France, ces événements n’avaient pas atteint une telle ampleur depuis la Seconde Guerre mondiale pour les Juifs.
Des actes qui touchent toutes les religions
La population musulmane subit aussi ces actes de violences et celle-ci ne date pas des évènements du 7 octobre 2023. Selon le vice-président de l'ACMF, l'association culturelle des musulmans de France, de nombreux musulmans éprouvent depuis longtemps un sentiment d’insécurité face à ce phénomène : “ En tant que fidèle, quand on voit des mots hostiles, aussi durs et virulents vers une communauté, ça fait mal au cœur puisqu'on se dit qu'on n'a rien fait qu'on puisse mériter ce genre d'écriture”.
Les actes antichrétiens sont également en hausse. Bien que moins fréquents, ils participent eux aussi à un climat général de peur et de violence. Jean-Philippe Landru, responsable du dialogue interreligieux au sein du diocèse de Grenoble-Vienne, inscrit ces faits dans un cadre plus large et plus ancien : “Je pense qu'on n'arrive plus à articuler l'acceptation de la religion avec la laïcité. C'est un vrai problème parce que, dans l'esprit de la loi de 1905, il y avait cette question de la neutralité de l'État, de libre exercice des cultes, mais il n'était pas question que dans l'espace public on ne fasse plus aucune référence à la religion. Aujourd'hui, la vision qu'ont certains de la laïcité, c'est qu'on ne parle surtout pas de religion dans l'espace public”.


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