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Actes anti-chrétiens : "On sous-estime la portée de ces actes dans notre pays", estime Sylviane Noël

Actes anti-chrétiens : "On sous-estime la portée de ces actes dans notre pays", estime Sylviane Noël

Un article rédigé par PHD - RCF, le 30 septembre 2025 - Modifié le 1 octobre 2025
L'Invité de la Matinale86 sénateurs dénoncent la recrudescence des actes anti-chrétiens

Les actes anti-chrétiens progressent en France, avec une hausse de 13% en un an. Sénatrice de Haute-Savoie, Sylviane Noël dénonce un manque de visibilité médiatique et appelle, dans une tribune co-signée par 86 sénateurs, à un dispositif national de signalement.

Sylviane Noël © DRSylviane Noël © DR

Entre janvier et mai 2025, 322 actes anti-chrétiens ont été recensés en France, contre 284 sur la même période en 2024. Profanations d’églises, vols d’objets liturgiques ou encore incendies se multiplient. Face à ce constat, 86 sénateurs, menés par la sénatrice Les Républicains de Haute-Savoie, Sylviane Noël, ont publié une tribune pour interpeller le gouvernement.

Un traitement médiatique jugé inégal

Pour l’élue, le déclic a été la comparaison entre deux faits d’actualité : « Lorsque les têtes de cochons ont été déposées devant plusieurs mosquées de Paris, de façon concomitante, il y a eu un fait très grave qui s’est produit à Guingamp. C’est l’incendie de la Vierge noire en pleine messe de la Nativité ». Devant des fidèles rassemblés, une statue a été brûlée, provoquant un début d’incendie dans l’église.

Mais la sénatrice relève un contraste flagrant dans la couverture médiatique : « Il y a eu un traitement extrêmement fort autour des têtes de cochons, des réactions politiques innombrables, alors que l’incendie de la Vierge noire n’a suscité ni la même indignation ni la même mobilisation ». La sénatrice dénonce une volonté d’« invisibiliser ces faits, de les minimiser peut-être, ou en tout cas de les rendre moins graves que ceux qui touchent d’autres religions. »

Des chiffres préoccupants

Le ministère de l’Intérieur confirme une hausse de 13% des actes anti-chrétiens entre le premier semestre 2024 et le premier semestre 2025. Pour Sylviane Noël, cette augmentation ne peut pas être dissociée du climat ambiant, et de l'actualité géopolitique. « Le contexte international accentue toutes ces formes de conflits. En tout cas, cette banalisation participe à ne pas lutter contre ces faits qui deviennent de plus en plus récurrents dans notre pays ». Les multiples articles de la presse régionale confirment l’ampleur du phénomène : 27 églises ont été profanées en quelques semaines dans les Landes, et une croix a été arrachée à Nice au début du mois. 

On est là dans du sacré. C’est extrêmement grave. 

Il ne s’agit pas uniquement d’atteintes aux bâtiments. « Les atteintes aux personnes ont également fortement augmenté. En l’espace d’un an, elles ont pratiquement doublé. Il y a eu une augmentation de plus de 90% », détaille Sylviane Noël. Profanations, incendies, vols d’objets liturgiques et même de saintes hosties : pour l’élue, ces gestes ne sont pas de simples dégradations. « Non, on est là dans du sacré. C’est extrêmement grave. Et je trouve qu’on ne mesure pas ou en tout cas on sous-estime la portée de ces actes dans notre pays. », conclut-elle. 

Un dispositif national de signalement et d’accompagnement des victimes d’actes antichrétiens ?

Face à cette situation, Sylviane Noël appelle à la création d’une plateforme nationale, sur le modèle de celles existant déjà pour les actes antimusulmans et antisémites. Elle estime que ce dispositif permettrait de mieux recenser et traiter ces infractions. Selon la sénatrice, il ne s’agit pas de privilège mais d’égalité : « Moi, ce que je souhaite, c’est que la République offre la même protection aux chrétiens qu’elle l’offre aux musulmans et aux juifs. » Elle conclut en appelant à une prise de conscience politique : « On sous-estime et on méconnaît ce phénomène. Je crois qu’il est temps qu’on en prenne conscience et qu’on œuvre pour tenter de le combattre. ». Pour elle, la laïcité serait aujourd’hui détournée de son sens premier. « C’est une laïcité à outrance qui fait du mal à nos racines chrétiennes, qu’on veut essayer d’étouffer, qu’on veut essayer de nier, donc je crois que personne n’en sortira gagnant. », détaille-t-elle. 

On ne peut pas en France vivre sous la crainte d’exprimer sa foi 

Dimanche après-midi, environ 500 personnes se sont rassemblées à Paris pour dénoncer la christianophobie dans le monde et l’indifférence qu’elle susciterait en France. Parmi les faits marquants évoqués : le meurtre présumé d’Ashur Sarnaya, un Irakien chrétien installé à Lyon depuis plusieurs années, connu pour ses vidéos où il témoignait de sa foi. Pour la sénatrice, ce drame illustre une inquiétude croissante. « C’est une personne qui est venue se réfugier dans notre pays pour y exercer librement sa foi et si l’enquête devait effectivement révéler qu’il a été assassiné en raison de sa foi, ce serait presque une honte pour notre pays. » Et elle ajoute : « On ne peut pas en France vivre sous la crainte d’exprimer sa foi, ce n’est pas possible quelle que soit la confession qui nous anime. »

©RCF
Cet article est basé sur un épisode de l'émission :
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