
La première vague de forte chaleur est attendue ce jeudi dans l’ouest avec des températures allant jusqu’ à 38°C. Hasard du calendrier, l’UFC Que Choisir et l’association No plastic in my sea révèlent que la loi imposant des points d’eau potable gratuite dans les établissements accueillant du public n’est respectée qu’à moitié.
Les points d’eau gratuits sont insuffisants ou invisibles. En pleine première vague de canicule de la saison, l’UFC Que Choisir et No plastic in my sea dressent ce jeudi un constat pessimiste pour l’une des mesures phares de la loi Anti-Gaspillage pour une Économie Circulaire (AGEC) de 2020. Le texte prévoit de réduire de 50 % le nombre de bouteilles en plastique mises sur le marché à l’horizon 2030. Pour y parvenir l’un des articles impose depuis 2022 aux établissements recevant du public (plus de 300 personnes), d’installer au moins un point d’eau potable gratuit, accessible, et signalé clairement.
L’objectif étant de favoriser l’utilisation des gourdes par rapport aux contenants en plastique. “Or, notre enquête sur un échantillon de 250 lieux montre que seulement 52 % sont équipés d'un point d'eau” explique Lucille Buisson, chargée de mission environnement et transports à l’UFC Que Choisir. “Par catégorie d'établissements, les centres commerciaux sont les moins bien équipés, avec seulement 45 % équipés. Les espaces culturels type musée, cinéma, sont, eux, davantage équipés que la moyenne à 70 %" détaille-t-elle. Le taux d’équipement global progresse toutefois par rapport à la précédente enquête, passant de 40 % à 52 % en un an. Mais autre souci, pour les points d’eau présents, l’écrasante majorité n’est pas signalée comme le prévoit la loi. "Seulement 9 % respectent l'ensemble des règles. La signalétique doit être claire et directionnelle" souligne Camille Wolf, chargé de mission à No Plastic in my Sea.
L’argument financier ou les difficultés techniques sont souvent avancés par les opérateurs. Les associations pointent aussi un manque "d’engagement politique de l’Etat". Est-ce qu’il existe aussi un manque de motivation dans les lieux où l’on vend aussi de l’eau en bouteille ? Difficile à affirmer à l’issue de cette enquête. Mais l'enjeu de la pollution au plastique est crucial. 15 milliards de bouteilles sont mises sur le marché en France chaque année. 19 % de la consommation est nomade. Selon l’ADEME, le tonnage de bouteilles plastiques mises sur le marché a augmenté de 10 % entre 2021 et 2023, malgré les objectifs de réduction fixés par la loi AGEC. “C’est donc important sur le plan de la pollution, mais aussi pour le porte-monnaie des Français Si on se retrouve à devoir acheter une bouteille d'eau à 2,50 euros en moyenne, ça fait aussi du bien au portefeuille” rappelle Camille Wolff.
La question de la santé publique est aussi en jeu dans un contexte de dérèglement climatique avec la répétition des canicules. “En été, lors de fortes chaleurs, il est essentiel de s'hydrater. Et si les équipements ne sont pas en place, ça pose problème” pointe Lucille Buisson. “Pourtant, c’est faisable. La réussite des JO de Paris en la matière l’a montré. La plupart des lieux accueillant du public ont été équipés, y compris à l'extérieur. Ce qui a permis, à la fois, d'éviter des malaises et de limiter largement la pollution plastique par rapport aux JO de Londres”, ajoute-t-elle.La mesure qui existe maintenant depuis plusieurs années est encore diversement connue du grand public. La plupart des bornes étant mal signalées, il existe pourtant un moyen pour géolocaliser les points d’eau gratuits avec son smartphone. “La Watermap est une carte interactive tenue à jour, qui permet de repérer les points d'eau potable à proximité. Les utilisateurs peuvent, eux-mêmes ajouter de nouveaux points d'eau quand ils en trouvent” .
Les deux associations vont écrire au gouvernement pour demander le respect de la loi. Elle loi prévoit une contravention de 1 500 euros, doublée en cas de récidive
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