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Accès aux soins : "Les inégalités se renforcent" dans le Grand Est

Accès aux soins : "Les inégalités se renforcent" dans le Grand Est

Un article rédigé par RCF Alsace - RCF Alsace, le 22 septembre 2025 - Modifié le 22 septembre 2025
Focus en AlsaceAccès aux soins : "Les inégalités se renforcent" dans le Grand Est

L'Institut statistique vient de publier sa dernière étude sur l'offre de soins dans la région. Le résultat confirme une tendance qui se dessine depuis plusieurs années : de moins en moins de médecins généralistes, des professionnels de santé de plus en plus âgés, et des zones rurales éloignées des soins. 

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L'Institut national de la statistique et des études économiques (INSEE) Grand Est vient de publier sa dernière étude sur l'offre de soins dans la région, avec une inégalité persistante entre les zones rurales et urbaines. Si l'on regarde les données de plus près, les Alsaciens accèdent plus facilement à des consultations chez des généralistes. Ce qui n’est pas le cas dans d’autres départements plus ruraux, comme les Ardennes, la Meuse et la Haute Marne et les Vosges.

Les médecins plus attirés par les grandes villes

Des résultats sans surprise pour Emilie Gardeur, directrice de l'Observatoire régional de la santé en Grand Est (ORS), un organisme associatif d'étude qui recueille, analyse et partage les informations en matière de santé pour mieux aider à la prise de décisions des autorités. "C'est une inégalité qui est déjà bien connue et qui peut-être se renforce." 

La tendance pourrait s'expliquer par la désertification générale des zones rurales. "Les médecins, lorsqu'ils souhaitent s'installer, choisissent aussi les lieux où ils souhaitent vivre. Effectivement, parfois il y a des zones moins attractives en pour ces professionnels, particulièrement les jeunes qui vont avoir tendance à avoir à choisir des lieux où ils pourront avoir avoir une vie sociale, un travail pour leur conjoint, et des services pour leurs enfants.

 Des médecins plus âgés non remplacés

Selon le ministère de la Santé, une zone est qualifiée de désert médical lorsqu'elle compte 2,35 médecins pour 1000 habitants. En 2023, près de 5 000 médecins généralistes exerçaient dans le Grand Est, avec une moyenne d'âge qui ne cesse de s'élever. Un généraliste sur dix continue même de travailler après 67 ans, en sachant que d'après l'INSEE, "près de la moitié de la population en Grand Est vit dans un secteur où au moins 30% des médecins approchent de la retraite." 

Face à ces départs massifs annoncés, une proposition de loi projetait d'obliger les jeunes médecins à s'installer dans les zones désertées. Le numerus clausus a également été supprimé. Pour rappel, il limitait le nombre d'étudiants admis en deuxième année de médecine. "Effectivement, ça ne règle sans doute pas tout d'avoir éliminé ce numerus clausus de manière officielle, puisque reste une problématique de capacité d'accueil dans les universités, mais également une capacité d'accueil sur les stages de terrain, admet Emilie Gagneur. Aujourd'hui il n'y a pas suffisamment de terrain pour pouvoir aussi augmenter de manière très importante le nombre d'étudiants. Beaucoup de services accueillent des internes, mais ne peuvent pas non plus accueillir dix internes à chaque fois en même temps, puisque pour correctement former, il faut pouvoir aussi les accompagner.

Sans compter le manque de candidats en médecine généraliste. "Les médecins installés doivent être volontaires pour pouvoir accueillir des médecins stagiaires. Mais le maître de stage  doit pouvoir aussi offrir du temps pour accompagner. Pour autant, c'est un vrai levier lorsque sur les territoires et notamment les territoires ruraux, des stages sont réalisés par des internes en médecine générale. C'est parfois une première porte d'entrée pour connaître le territoire, connaître aussi ce qu'est l'exercice en milieu rural. Les autorités travaillent aussi sur ces sujets  pour pouvoir aussi promouvoir l'accueil des internes auprès des médecins installés."

L'accessibilité en question 

L'étude souligne aussi que "la proximité géographique ne signifie pas forcément l'accessibilité des praticiens".  Bien que les problèmes d'accessibilité aux transport touchent davantage les campagnes, l'enjeu n'est pas étranger en zone urbaine, ce qui engendre progressivement un phénomène de désertification en ville.  

"Il existe aussi des inégalités au sein des territoires urbains où il y a aussi parfois finalement des déserts médicaux au sein des villes et des grandes métropoles, explique Emilie Gardeur. Les personnes habitants les villes ne sont pas forcément dotées de voiture et donc doivent prendre les transports en commun pour aller chez les médecins." De quoi dissuader une certaine population vieillissante. En Alsace, la situation est toutefois plus confortable que les départements voisins : un Alsacien peut bénéficier de plus de 4 consultations chez un médecin généraliste par an, contre 3 et demi dans le reste de la région. 

Quid des pharmacies ?

Reste donc les pharmacies, souvent seul point de repère médical sur les territoires les plus pauvres en la matière. Or, les pharmaciens s'inquiètent de la réduction de leurs marges sur les médicaments génériques, une mesure adoptée par l'Assemblée nationale début septembre et qui pourraient les pousser à fermer leur officine, faute de marge suffisante d'après le collectif des pharmacies alsaciennes. Cette menace de désert pharmaceutique serait un drame, selon Emilie Gardeur : "Aujourd'hui, les pharmaciens ont vraiment des missions de prévention D'autant plus que dans les milieux ruraux, ils ont vraiment une capacité pour faire de la livraison auprès de leurs patients qui rencontrent des difficulté de mobilité. Il me semble qu'il y a un vrai point d'attention à avoir pour pouvoir garder un maillage territorial satisfaisant de pharmacie."

© RCF Alsace
Cet article est basé sur un épisode de l'émission :
Focus en Alsace
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