
Un regard chrétien sur le monde RCF - page 2
Un regard chrétien sur le monde que portent les chroniqueurs bénévoles de RCF Lorraine, laïcs et/ou engagés en Église.
Episodes
3 novembre 2025Pierre
Alain Colotte rend hommage au père Pierre Panon, dont le décès est survenu dans des conditions atroces.Droits image: Dans un regard chrétien sur le monde, les bénévoles donnent leur point de vue sur une actualité.
29 octobre 2025Décarboner le transport aérien
A l’image de nombreuses activités industrielles, le transport aérien peut polluer et augmenter le réchauffement climatique gratuitement. Pire, le transport aérien ne paye pas de taxes pour le carburant. Dans beaucoup de pays, son carburant n'est pas non plus assujetti à la TVA.
Cependant, une fois de plus, l’Union européenne montre la voie. Elle a décidé d'inclure les vols intérieurs à l’Union européenne dans le système des quotas d'émissions de carbone. Ces quotas carbone apportent des avantages aux compagnies aériennes qui réduisent leurs émissions et pénalisent celles qui ne font rien. Cependant, en regardant de plus près ce que les compagnies aériennes pourraient changer, on se rend compte que les options sont très limitées. Avec l’apparition de la famille des moteurs « néo », les fabricants annonçaient des gains substantiels d’efficacité de 25 %, alors qu’en réalité, ils sont arrivés péniblement à 15 %, et cela avec plusieurs années de retard. La décarbonation devrait donc se faire par d’autres moyens.
Les quotas d’émissions accordés aux compagnies aériennes étaient gratuits jusqu'en 2023. Cela changera à partir de 2026 avec des quotas payants. L’UE cherche par ailleurs une solution pour inclure les vols du monde entier à destination ou en provenance de l’Europe.
En réalité, les avions n’émettent pas seulement du CO2. Comme ils volent à une altitude d’ environ 10 km, les avions émettent aussi de la vapeur d'eau et de l’oxyde d’azote, qui sont deux gaz à effet de serre. Si l’on prend en compte tous les gaz à effet de serre, même les gaz a effet de court terme, la contribution de l’aviation au réchauffement du climat est doublée.(1) A plus long terme, il reste surtout l’effet du CO2 qui est une molécule très stable.
L’ONG Carbon Market Watch propose des études et conseille divers gouvernements afin de fixer le coût des émissions de CO2 à un prix qui correspond à leur véritable impact sur l’environnement. Si on ne tient compte que des vols intra-européens, dont le prix actuel des quotas carbones de 70€ la tonne, le système rapportera environ six milliards d'euros par an.
Mieux encore, en incluant tous les vols à destination ou en provenance de l'Europe, jets privés compris, la somme serait multipliée par 5. Si en plus l’UE tenait compte des effets de courte durée, telles les émissions vapeurs d’eau, le système rapporterait soixante milliards d'euros par an. Puisque l’UE souhaite se rapprocher de plus en plus des vrais coûts des énergies fossiles pour l’environnement, elle a prévu de doubler le prix des quotas carbones jusqu’en 2030 et même de le tripler pour 2040.
En percevant des sommes allant de 60 à 200 milliards d’euros par an, il y aurait de quoi financer des investissements importants dans les énergies et transports alternatifs. De tels montants inciteraient l'aviation à se décarboner plus énergiquement qu'aujourd'hui, ce qui est le but recherché du système des quotas carbone. Cependant, décarboner le transport aérien n’est possible qu’en utilisant des carburants synthétiques. Le méthanol synthétique pour sa part peut être produit à partir de l’hydrogène vert. Par contre, ces carburants verts seront 4 à 5 fois plus chers que le kérosène aujourd’hui, même s’ils sont produits en grande quantité. La décarbonation de l’aviation peut donc se faire par des quotas carbones dont le prix dépasse les 200€ la tonne, mais aussi par des carburants synthétiques. Hélas, dans les deux cas, le prix des billets d’avion va être multiplié par 2 ou même par 4.
La décarbonation de l’économie aura donc un coût pour nous consommateurs, en particulier pour ceux qui utilisent les transports aériens. Sommes-nous prêts à payer ce prix pour diminuer le réchauffement climatique et laisser une planète plus vivable à nos enfants ?
En tant que chrétiens, nous devrions nous rappeler cette belle parole de Jésus: « Les doux hériteront la terre ». Les chrétiens sont appelés à user de douceur envers leur prochain et aussi envers toute la créatiDroits image: Dans un regard chrétien sur le monde, les bénévoles donnent leur point de vue sur une actualité.
27 octobre 2025Eric Zemmour - Pour l'Eglise, contre le Christ
"Éric Zemmour, polémiste d’extrême droite, ex-candidat à la présidentielle et délinquant multirécidiviste en matière de condamnations pour incitation à la discrimination et à la haine raciale ou religieuse, injure publique sans parler des affaires en cours, vient de sortir un nouveau livre. Son titre ? « La messe n’est pas dite ». L’auteur du Suicide Français y développe une vision identitaire et conservatrice du catholicisme français dont il s’estime le seul représentant politique. Comme c’est commode !
En faisant la promotion de son livre, il s’explique. Son admiration pour la France d’abord, son Histoire et sa grandeur. Les flèches des cathédrales gothiques et l’art fin des siècles passés. Il explique que c’est l’Église qui a fait les rois, que ce sont les rois qui ont fait la nation et que c’est la nation qui a fait la République. Quelle belle fable !
Celui qui défend « philosophiquement » la peine de mort, qui veut supprimer les soins médicaux apportés aux migrants vulnérables, empêcher les musulmans d’exercer leur liberté de culte ou encore me faire changer de prénom, est au moins honnête sur ce qui lui donne tant envie de défendre l’Église : non pas les évangiles mais les vieilles pierres. Une vision identitaire du christianisme servant de décor, d’habillage à une vision du monde raciste, sexiste, haineuse et contraire sur de très nombreux points à l’enseignement présent et passé de l’Église catholique. Zemmour assumait d’ailleurs d’être « pour l’Église et contre le Christ », mais l’Église c’est le corps du Christ et l’Église sans le Christ est un cadavre.
Éric Zemmour n’a que faire des évangiles. S’il les a, il s’en sert sans doute pour caler son bureau, si ce n’est pour les commodités. Mais son objectif politique est simple : s’inspirer d’un Trump qui, de l’autre côté de l’Atlantique, a su surfer sur le vote chrétien conservateur. Mais aussi, dans un hexagone désormais largement athée, en ratissant du côté de ceux qui n’ont pas vu une messe depuis l’enfance, mais pour qui vraiment, tout fout l’camp, et nos traditions, le wokisme, les méchants musulmans et blablabla.
La récupération politique des catholiques est assumée chez Zemmour, mais fonctionne-t-elle ? Force est de constater qu’à force de relais sans filtre sur les médias de Bolloré, il y a fait son petit nid. En 2022, il réunissait 16% des voix des catholiques pratiquants réguliers. Soit beaucoup plus que dans la population générale. Mais tout de même derrière Mélenchon à 19% ou Macron à 25.
C’est peut-être quand on regarde les priorités de cet électorat catholique qu’on voit le plus les effets de ces discours. Ce dernier est en effet bien plus porté sur la lutte contre la délinquance, l’immigration clandestine ou la réduction de la dette que les reste de la population. Il est en revanche moins engagé sur les thèmes de la santé et du pouvoir d’achat. Il est même presque 10 points derrière les « sans religion » sur la protection de l’environnement. L’encyclique Laudato Si ne semble pas avoir encore percé dans les intentions de vote des catholiques français…
Lors des dernières élections présidentielles, la Conférence des évêques de France rappelait aux catholiques « l’importance de voter et de le faire en conscience, à la lumière de l’Évangile et de la doctrine sociale de l’Église ». Les priorités des catholiques français sont-elles vraiment les bonnes au regard de l’évangile ? Je ne sais pas et ce n’est pas à moi de le dire.
Je me contenterai en conclusion d’évoquer deux choses. La première c’est cette sortie du pape Léon XIV qui a scandalisé l’univers trumpiste des États-Unis en affirmant que quand on était pour le traitement inhumains des immigrés aux États-Unis on n’était pas vraiment pro-vie et la seconde c’est l’intention du prière du mois d’octobre de ce même évêque de Rome : « pour la collaboration entre les différentes traditions religieuses » afin que celles-ci servent à promouvoir la paix et le bien commun plutôt qu’à nourrir des conflits."
Dahman Richter, le 27 octobre 2025.Droits image: Dans un regard chrétien sur le monde, les bénévoles donnent leur point de vue sur une actualité.
24 octobre 2025Quoi de neuf sur la pauvreté ?
Jamais, dans notre pays, le taux de pauvreté n’a été aussi haut et les inégalités aussi fortes. L’an passé, 650.000 personnes supplémentaires ont basculé dans la pauvreté. Au total, ce sont donc presque 10 millions de personnes qui, parmi nous, doivent survivre avec des ressources inférieures à 1288 euros par mois. Ces 10 millions de personnes pauvres représentent près de 16 % de la population de l’hexagone, soit un français sur 6. Dans le même temps, les inégalités sont de plus en plus marquées : Les 20 % les plus riches ont maintenant des revenus 4 fois et demi supérieurs aux 20 % les plus pauvres.
Les plus touchés sont les chômeurs dont 36 % sont en situation de pauvreté. Viennent ensuite les familles monoparentales, puisque 34 % d’entre elles sont pauvres. Enfin, 22 % des enfants vivent dans des familles en grande pauvreté.
Au Secours Catholique, nos équipes en voient les conséquences concrètes. Les personnes en situation de pauvreté soit ne peuvent chauffer correctement leur logement, soit n’ont pas de repas avec des protéines au moins tous les 2 jours, soit ont des impayés de loyer, d’énergie, ou de mensualités d’emprunt. La quasi-totalité ne peut faire face à des dépenses inattendues. Survivre au quotidien devient un véritable combat.
Dans le septième pays le plus riche du monde, comment accepter que les plus fragiles d’entre nous soient ainsi abandonnés, faisant face à un avenir de plus en plus incertain, où les portes se ferment une à une ? Comment tolérer que plus de 2000 enfants doivent dormir dans la rue avec leurs parents ou que des travailleurs pauvres soient contraints de vivre dans leur voiture ?
A la sortie du COVID, les pauvres étaient plus pauvres qu’ils ne l’étaient avant. Mais la situation a encore empiré depuis. Les aides exceptionnelles au maintien du pouvoir d’achat ont pris fin. Les allocations logement n’ont pas été revalorisées au niveau de l’inflation, les réformes de l’assurance-chômage ont fait exploser le nombre de personnes privées de droits, le RSA ne devient accessible qu’à celles et ceux acceptant les contreparties qui leur sont imposées, mais leur sont parfois impossibles. En même temps, ces 2 dernières années, le coût de l’énergie a augmenté de 20 %. Celui du panier « alimentation-produits d’entretien et d’hygiène » de 21 %. Et si l’on remonte aux 10 dernières années, les APL ont évolué 2 fois moins vite que les loyers et 3 fois moins que les charges.
Pourtant, la pauvreté n’est pas une fatalité. Elle progresse ou recule selon les politiques menées. Là où les pouvoirs publics parlent d’économies budgétaires en réformant l’assurance-chômage ou en gelant les prestations sociales, nous voyons quant à nous des pauvres de plus en plus pauvres et qui le sont plus longtemps. Leur santé physique et mentale se dégrade, alors que se multiplient à leur endroit des propos de plus en plus stigmatisants. Non ! Les pauvres ne sont pas des « assistés » et encore moins des « feignants qui ne veulent pas travailler » ! Ils sont victimes d’une société qui au mieux les ignore et au pire qui les broie, leur niant la dignité attachée à la personne humaine et leur ôtant toute espérance.
Est-ce bien dans cette société-là que nous voulons vivre ? Une France coupée en deux, où l’on compte toujours plus d’exclus ?
Ce qui est certain est que notre démocratie et nous-mêmes avons tout à y perdre.
Philippe Guerquin, ancien président du Secours Catholique de Meurthe-et-Moselle.Droits image: Dans un regard chrétien sur le monde, les bénévoles donnent leur point de vue sur une actualité.
21 octobre 2025Guidé par la nature
L’acteur et réalisateur Robert Redford est décédé le 16 septembre. À cette occasion, NBC a exhumé une lettre du 26 novembre 2019 dans laquelle ce représentant de l’Amérique qui, depuis sa naissance, oscille en permanence entre rêves de justice sociale et conservatisme moral s’en était directement pris au président Trump en , mais qui avec le 2ème mandat de ce dernier n’a rien perdu de son actualité : « Nous sommes confrontés à une crise que je n’aurais jamais imaginée voir de mon vivant : une attaque dictatoriale du président Donald Trump contre tout ce que ce pays représente. Notre tolérance et notre respect communs de la vérité, notre État de droit sacré, notre liberté essentielle de la presse et notre précieuse liberté d’expression – tout cela a été menacé par un seul homme. »
Il était démocrate de cœur, mais républicain quand la cause le justifiait. Il n’hésitait pas a? soutenir Obama mais a? le tacler sans ménagement le jour ou? celui-ci manquait a? ses promesses environnementales. Le mariage de la conscience et du réalisme, qu’il célébrait aussi dans les mots suivants : « J’aime la nature, mais je crois aussi que la nature et la civilisation doivent coexister... C’est quand le développement écrase la nature que je m’inquiète. Je suis persuadé que notre futur sera le fruit d’un équilibre entre ce que nous développons pour notre survie et ce que nous préservons pour notre survie. »
Dans All is last, le dernier de ses films qui m’a marqué, il joue un d’un navigateur voyageant seul sur les eaux sans fond du Pacifique, dont le voilier est éperonne? par un conteneur a? la dérive qui laisse échapper sa cargaison : des chaussures de sport importés de Chine. Il lutte contre les éléments pour survivre. Une lutte à rapprocher des propos suivant de l’acteur : « La nature est en permanence en guerre avec des gens qui veulent la spolier. Quand vous commencez a? penser aux entreprises gigantesques, Chevron-Texaco, Exxon, aux sommes d’argent qu’ils ont a? disposition pour extraire l’énergie de la Terre, aux dommages, aux menaces qui en résultent, vous comprenez que, si on ne pense que profits a? court terme, il ne restera bientôt pas grand-chose de la planète. La conséquence ? Notre extinction. La Terre pourra alors se soigner, se regarnir, se repeupler... mais nous ne serons plus la? pour le voir. »
À sa sortie en 2013, Redford expliquait pourtant que « ce film est quelque chose de plus grand qu’un plaidoyer écologiste : un objet métaphysique, presque biblique. Il est un récit de survie, a? fleur d’émotion, qui le rend proprement existentiel. »
Ces mots sont l’occasion de s’intéresser au rapport de Robert Redford à la religion.Sur le plan religieux, Redford avait un rapport ambivalent. Par sa première épouse Lola Van Wagenen, il fut un temps introduit à la foi mormone. Mais il s’en détourna rapidement, considérant cette religion comme trop contraignante.
Il confessait « Je ne suis pas sûr de croire à une vie après la mort. J’ai exploré toutes les religions, certaines très profondément, suffisamment pour savoir qu’aucune philosophie ne peut me satisfaire. Les problèmes ne peuvent pas être résolus par une seule façon de penser. Si quelque chose me guide, c’est la nature. C’est là que réside ma spiritualité. Je ne crois pas en la religion organisée parce que je ne crois pas que les gens doivent être organisés dans leur façon de penser, dans ce qu’ils croient. »
Pourtant, Redford n’était pas resté indifférent à l’Église catholique, peut-être à cause de ses ancêtres irlandais. Le 4 décembre 2019, il fut aperçu sur la place Saint-Pierre, assistant avec sa seconde épouse, l’artiste allemande Sibylle Szaggars, à l’audience générale du pape François.
À 83 ans, la star hollywoodienne avait patienté pour échanger quelques mots avec le souverain pontife. Quand François vint à sa rencontre, Redford se présenta simplement : « Saint-Père, je m’appelle Robert Redford et je veux vous remercier pour tout ce que vous avez fait pour l’environnDroits image: Dans un regard chrétien sur le monde, les bénévoles donnent leur point de vue sur une actualité.
17 octobre 2025Crise politique, marasme économique
Une chronique proposée par Monique d'Houtaud, professeur de philosophie en retraite.Droits image: Dans un regard chrétien sur le monde, les bénévoles donnent leur point de vue sur une actualité.
16 octobre 2025Une belle publicité involontaire pour un film bouleversant
Cette année, on fête à Paray le Monial les 350 ans des apparitions de Jésus à Marguerite Marie Alacoque, jeune religieuse visitandine.
Sabrina et Steven Gunnel ont réalisé pour cette occasion un film documentaire sur le message du Christ à Marguerite Marie et le retentissement que ce message a sur nous aujourd'hui : le refus de la RATP et la SNCF d'accrocher des affiches de ce film dans les gares et les métros parisiens ont été la meilleure pub involontaire dont les producteurs pouvaient rêver.Droits image: Dans un regard chrétien sur le monde, les bénévoles donnent leur point de vue sur une actualité.
15 octobre 2025Fusion nucléaire, un espoir pour l'humanité et le climat ?
Plusieurs grands journaux dans différents pays ont récemment alimenté le vieux rêve de la fusion nucléaire. Ces articles comparent la fusion nucléaire à ce qui se passe dans le soleil en ajoutant qu’il s’agit d’une énergie "décarbonée" et "illimitée".
La comparaison avec le soleil est trompeuse. Le soleil est chaud uniquement parce qu’il est très grand. Il produit très peu de chaleur par m³, puisqu’il produit très peu de tritium par m³. Il consomme donc très peu de ce carburant. Ainsi, à volume égale, le soleil produit moins de chaleur qu’un être humain, ce qui est une bonne chose. Si le soleil produisait beaucoup de tritium, il ferait beaucoup trop chaud et la terre et le soleil seraient morts depuis longtemps. Mais le tritium n’est pas seulement rare dans le soleil, il l’est encore plus sur la terre.
Ensuite, les machines à fusion sont encore très loin de contribuer à la production d’électricité. L’ITER, pas plus que les autres machines, n’ont aucun dispositif pour récupérer l’énergie de la fusion pour produire de l’électricité. L’ITER a uniquement pour ambition de maintenir une réaction de fusion pendant quelques minutes, alors qu’il faudrait la maintenir pendant des milliers d'heures tout en récupérant l’énergie de la fusion.
Enfin, les centrales à fusion comme l’ITER sont extrêmement complexes et donc très chères à produire. La liste des équipements et matériaux est disponible sur le site internet de l’ITER, ce qui nous a permis d’estimer le coût de ces équipements et de les comparer à ceux d’un réacteur surgénérateur à neutrons rapides. Les réacteurs à neutron rapides permettent d’utiliser jusqu’à 40 fois les déchets d’uranium des centrales nucléaires classiques. Les surgénérateurs sont donc aussi une réponse au problème de la rareté des combustibles.
Une comparaison des deux types de centrales montre que les centrales à fusion seront beaucoup plus chères à produire que les centrales à neutrons rapides. Si nous voulons limiter le réchauffement climatique à 2°C, le coût des nouvelles centrales électriques est déterminant, peut import qu’elles soient nucléaires ou renouvelables.
Pour limiter le réchauffement climatique à 2°C, il faudrait abandonner 90 % des énergies fossiles au cours des 30 prochaines années. Pour remplacer ces énergies fossiles, l’humanité devrait investir dans des nouvelles centrales électriques pour produire 90’000 TWh d’électricité. Mais pour produire autant d’énergie, il faudrait construire l’équivalent de 9’000 centrales nucléaires de type EPR ! L’humanité n’a simplement pas les moyens de produire autant d’énergie décarbonée, même avec les technologies les moins chères. Les centrales à fusion sont donc hors de prix.
En réalité, les annonces d’énergie illimitée grâce à la fusion ne servent qu’à bercer la population dans de douces illusions. Ces illusions arrangent bien sûr les dirigeants politiques puisqu’elles évitent un débat public sur la sobriété. Mais parce qu’il est impossible de remplacer toutes les énergies fossiles, un tel débat est indispensable.
En fin de compte, vu les envies illimités des humains, l’accès à une source d’énergie illimité n’est même pas souhaitable. Une énergie illimitée donnerait aux humains le pouvoir illimité de produire des bien et des services. Chacun réclamerait alors un logement plus grand, un avion et un yacht privé, des robots humanoïdes et tout le reste. Bref, ce serait la fin assurée de la biodiversité et l'épuisement accéléré de toutes les ressources naturelles. L’énergie illimitée n’est donc ni souhaitable, ni financièrement faisable. Nous devons donc regarder ailleurs.
Dans le passé, la plupart des peuples savaient limiter les désirs humains. Le commandement « tu ne convoiteras pas » limitait les désirs des hébreux. Les chrétiens et les stoïques enseignent le contentement et la reconnaissance. Par contre, notre civilisation glorifie les désirs et elle dépense des milliards pour des publicités dont le seul but est d’augmenter les désirs et les envies.Droits image: Dans un regard chrétien sur le monde, les bénévoles donnent leur point de vue sur une actualité.
14 octobre 2025Appelons un chien un chien
Jean-Marie Blondel a été très énervé par une publicité consacrée aux chiens.Droits image: Dans un regard chrétien sur le monde, les bénévoles donnent leur point de vue sur une actualité.
10 octobre 2025Pour protéger la société, il faut d'urgence humaniser les prisons !
Ce 9 octobre, nous célébrons l’entrée de Robert BADINTER au Panthéon. De lui, nous savons qu’il fut l’artisan de l’abolition de la peine de mort. Mais nous connaissons moins le combat permanent qu’il a mené pour que soient assurées en détention des conditions de vie dignes et justes. Ainsi, en 1984, étant alors garde des sceaux, il se préoccupait déjà de la surpopulation carcérale. A l’époque, 37.000 détenus étaient entassés dans des prisons prévues pour en accueillir 30.000.
C’était pourtant sans commune mesure avec ce que l’on connaît aujourd’hui. Au 1er septembre, nous comptons 85.591 détenus pour 62.358 places. Dans une trentaine de prisons, le nombre de détenus est même deux fois plus important que le nombre de places disponibles. Et cela s’aggrave sans cesse puisque, chaque mois, l’on compte 550 détenus supplémentaires. L’État bafoue ainsi les lois successives qui, depuis 150 ans, érigent en principe l’encellulement individuel.
Une telle situation vaut à la France d’être le seul pays à être régulièrement condamné par la cour européenne des droits de l’homme pour traitements inhumains et dégradants. La surpopulation carcérale a de fait des effets accablants : Dans nombre de prisons, les détenus doivent s’entasser à 3 dans une cellule de 9 m². On y supprime la table et les armoires pour déposer un matelas au sol constitué souvent d’un simple carré de mousse. Dans ces conditions, les atteintes à l’intimité et à l’hygiène deviennent de règle. Une saleté repoussante envahit douches et toilettes. Les rats, cafards, puces et punaises de lit prolifèrent. L’accès aux activités culturelles, scolaires, sportives ou professionnelles est le plus souvent impossible. La violence devient endémique et beaucoup de surveillants, en nombre très insuffisant, sont eux mêmes en grande souffrance. Dès lors, comment s’étonner que, tous les 3 jours, un détenu se suicide en prison ?
A incarcérer toujours davantage, on se trompe pourtant de combat, car il est largement démontré qu’il n’y a pas de corrélation entre l’augmentation de la population pénitentiaire et le niveau de délinquance qui, lui, reste stable depuis 10 ans. Mais surtout on en oublie que la question majeure est celle des conditions dans lesquelles les détenus ayant purgé leur peine seront réinsérés dans la société.
On sait que la prison déshumanise et pourtant 80 % des sortants ne bénéficient d’aucun accompagnement. Le plus souvent, ils se retrouvent libérés sans hébergements, sans ressources et sans perspectives. On en connaît la conséquence : 63 % des détenus libérés en fin de peine récidivent dans les 5 ans suivants. C’est là le véritable fléau !
Au Secours catholique, nos équipes prison proclament depuis des années qu’il faut arrêter d’incarcérer les personnes condamnées à de courtes peines. Les alternatives à la détention en effet ne manquent pas : Travaux d’intérêt général, bracelet électronique, semi liberté, placement extérieur, pour ne citer que les plus courantes. Toutes permettent au condamné de purger sa peine de façon sécurisée sans perdre pied dans la société.
De plus, les budgets ainsi dégagés permettraient de recruter des personnels chargés de la réinsertion des détenus ayant purgé les plus longues peines et de moderniser nos établissements pénitentiaires, de façon à ce que la dignité en détention soit enfin assurée.
Faute de cela, la question de la prévention de la récidive ne sera pas traitée et il sera vain alors de prétendre que la sécurité sera mieux assurée au prix d’une sévérité accrue.Droits image: Dans un regard chrétien sur le monde, les bénévoles donnent leur point de vue sur une actualité.
7 octobre 2025Une autre Palestine était possible
Richard Malka, l’avocat de Charlie Hebdo, était présent au Livre sur la Place avec son ouvrage, paru chez Stock dans l’excellente collection Ma nuit au musée. En ce 7 octobre, triste date anniversaire, j’aimerai vous en lire les lignes suivantes : « Les religieux font partie du gouvernement israélien et ils ont toujours préféré protéger des colons surarmés, qu’ils ont d’ailleurs installé, plutôt que la jeunesse dansante de la terre légitime d’Israël qui se fera massacrer le 7 octobre. Ces mêmes religieux entravent toute possibilité de paix. Les fous de Dieu sanguinaires de l’autre bord sacrifieraient avec le sourire jusqu’à leur dernier enfant par haine des juifs. »
Mais c’est de J’étais roi à Jérusalem, de Laura Ulonati, elle aussi présente au Livre sur la Place, que je souhaiterai vous parler. Elle se met dans la peau de Wasif Jawhariyyeh, qui réfugié à Beyrouth avec son épouse Victoria et leurs enfants suite à la première guerre israélo-arabe de 1948-1949, culminant avec la Nakba, nous conte sa vie, nous parle d’« une façon d’être au monde, une habitude qui était nôtre, qui nous faisait vivre ensemble. Nous, pas les Palestiniens ou les Israéliens. Nous, chrétiens, uifs, musulmans. Les gens de Terre sainte, comme on disait alors. »
Wasif Jawhariyyeh était né le 14 janvier 1897 d'une famille grecque orthodoxe du quartier chrétien de Jérusalem. Il lisait le Coran et participait aux célébrations de Pourim de la communauté juive. Les Jawhariyyeh étaient amis avec les familles juives Elishar, Hazzan, Antebi, Navon et les Mani, originaires d'Hébron.
À l'âge de sept ans, il nota ses premières impressions dans un journal. Il y décrivit en détail la vie dans le quartier de Mahallet al-Sa'diyya et dans les nouveaux quartiers hors des murs de la ville de Jérusalem. Grâce aux bonnes relations de son père et à ses prestations de luthiste dans des maisons aisées, il se familiarisa rapidement avec les notables ainsi qu'avec ceux qui tentaient de construire des ponts entre habitants des deux origines grâce à leur musique. Instrumentistes et chanteurs juifs et arabes se produisaient souvent ensemble.
Wasif Jawhariyyeh voyait tout et connaissait tout le monde, Ses notes sont riches en références littéraires aux œuvres de Khalil Sakakini, Ahmad Shawqi et Khalil Gibran
Dans Iram, Cite? des Hautes Colonnes, une pie?ce jouant un apre?s- midi de l’e?te? 1883, cet auteur libanais, un des pre?curseurs majeurs de la modernite? arabe et un auteur anime? d‘un souffle religieux qui visait ultimement la fraternite? humaine, fait dire a? Najib : « si nous faisions abstraction des diverses religions, nous nous trouverions unis et partagerions une grande foi en une me?me religion, dans la fraternite? totale. »
J’étais roi à Jérusalem, de Laura Ulonati, nous montre qu’une autre Palestine était possible. Cette possibilité fut réduite à néant car les britanniques avait fait de cette terre dite sainte « une terre deux fois promise » Wasif Jawhariyyeh en paya le prix. En mai 1948, peu avant la fin du mandat britannique, il laissa sa maison située au cœur de la zone contestée de Jérusalem-Ouest, près de l'hôtel King David, et sa collection de céramiques à son voisin, le consul général de France. Ils pensaient encore que leur absence ne durerait pas plus de deux semaines. Ils ne reverraient jamais Jérusalem.
Une autre Palestine sera-t-elle un jour possible ? C’est du moins, ce qu’espérait le poète Mahmoud Darwich, décédé en 2008. Dans L’Humanité du 15 avril 2004, il a exprimé l’espoir qu’un jour, juifs et arabes puissent vivre en bonne entente dans une Palestine plurielle, « car nous acceptons l'idée d'une pluralité culturelle, historique, religieuse en Palestine. Ce pays en a hérité. Il n'a jamais été unidimensionnel ni à un seul peuple. Dans mon écriture, je m'avoue l'enfant de plusieurs cultures successives. Il y a de la place pour les voix juive, grecque, chrétienne, musulmane ». En 2006, évoquant les succès électoraux du Hamas, il mettait déjà en gDroits image: Dans un regard chrétien sur le monde, les bénévoles donnent leur point de vue sur une actualité.
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