
Un regard chrétien sur le monde RCF - page 6
Un regard chrétien sur le monde que portent les chroniqueurs bénévoles de RCF Lorraine, laïcs et/ou engagés en Église.
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16 avril 2025La France à +4 °C : Météo France répond au gouvernement
Ces dernières semaines, plusieurs grandes entreprises internet, comme Google, ont annoncé qu’ils abandonnent leur plan climat. Ces plans prévoyaient de ne plus utiliser des énergies fossiles à partir de 2030 pour ne plus contribuer au réchauffement climatique.
Aux États-Unis, les grandes banques avaient créé une alliance pour ne plus investir dans les entreprises qui n’ont pas de plan pour la neutralité climatique. Ces dernières semaines aussi, cinq grandes banques ont décidé de quitter cette alliance parce qu’elles veulent gagner de l’argent avec les entreprises d’Intelligence Artificielle qui, elles, abandonnent également leur plan climat. L’Intelligence Artificiel a donc tué les plans climat.
Pendant ce temps, l’atmosphère continue à se réchauffer, plus vite que jamais dans l’histoire planétaire. Dans ce contexte, le gouvernement français a demandé aux acteurs économiques et politiques de réfléchir à la manière de s'adapter à une hausse de la température moyenne de 4°C par rapport au début du 20e siècle. Un réchauffement climatique de 4°C en France correspond à environ 3°C au niveau mondial parce que la température sur les océans augmente moins vite que sur les terres émergées.
Se pose alors la question à quoi ressemblera la météo en France avec une température moyenne 4°C plus élevée.
C'est à cette question que Météo France tente de répondre dans un rapport au gouvernement, paru 20 mars (1).
Les réponses principales sont les suivantes :
- en 2100, dans deux tiers du pays, des vagues de chaleur avec des températures de 50 °C et plus arriveront régulièrement.
- les nuits chaudes, au-delà de 20 °C, pourront se produire 120 fois par an sur le littoral méditerranéen.
- le gel se réduira à une quinzaine de jours en moyenne par hiver. Le gel peut se produire à des stades végétatifs avancés, augmentant ainsi le risque de dégâts pour l’agriculture.
- les pluies intenses augmenteront de +15 % en moyenne, et jusqu’à +20 % sur la moitié nord du pays.
- puisque l’évaporation augmente, les sécheresses deviendront plus fréquentes en été et se poursuivront souvent en automne. Les sécheresses de 2019 et de 2022 deviendront des événements ordinaires.
- avec les sécheresses augmentent aussi les risques d'incendies sur tout le territoire.
- le nombre de jours de neige en hiver se réduira drastiquement sur tous les massifs. Déjà dans 25 ans, il n’existera plus de domaines skiables dans les alpes en dessous de 1500m d’altitude.
Puisque la majorité des États du monde ne fait quasiment rien contre le réchauffement climatique et que les entreprises les plus riches au monde abandonnent leur plan climat, le gouvernement a bien fait de demander cette étude à météo France. L’adaptation à un climat beaucoup plus chaud et plus instable prend du temps, dans l’agriculture autant que pour les infrastructures. En tant que chrétiens, nous devrions donc remercier le gouvernement pour cette anticipation et cette vision du long terme.
Une mesure concrète pourrait être d’encourager l’agriculture de conservation des sols, car elle reconstitue l’humus et maintient toujours une couverture végétale. L’humus permet de stocker jusqu’à deux fois plus d’humidité et la couverture végétale empêche le sol de trop chauffer, réduisant ainsi l’évaporation.
En choisissant des plantes plus adaptées, l’agriculture de conservation est une façon parmi d’autres de prendre soin de la création de Dieu, et aussi de préparer l’agriculture à une planète plus chaude.
Vous trouvez plus d’informations sur le site internet « pratiquement-durable.com ».Droits image: Dans un regard chrétien sur le monde, les bénévoles donnent leur point de vue sur une actualité.
14 avril 2025Trump, les taxes et la foi
Alors que Donald Trump refait surface avec une proposition d’augmentation des taxes dans un contexte déjà tendu, les débats politiques enflamment les États-Unis et, par ricochet, le monde entier. Certains y voient une manœuvre stratégique, d’autres une injustice flagrante. Mais nous, chrétiens, comment devons-nous réagir ? Quelle lecture spirituelle faire de ces événements ? Il est facile de tomber dans l’inquiétude. Les chiffres montent, les tensions sociales s’enveniment, les classes moyennes souffrent… et les discours deviennent de plus en plus polarisés. Mais rappelons-nous que l’Écriture ne nous appelle pas à paniquer face à la tourmente, mais à garder les yeux fixés sur le Christ.
Jésus a dit :« Dans le monde, vous aurez des tribulations ; mais prenez courage, j’ai vaincu le monde. » (Jean 16:33) Ce n’est pas la première fois qu’un dirigeant prend des décisions impopulaires. Dans l’Ancien Testament déjà, Pharaon a durci le cœur face au peuple. Dans le Nouveau, César impose des recensements et des taxes. Pourtant, à travers chaque situation, Dieu poursuit son plan souverain. Trump n’échappe pas à cette règle.
La Bible est claire : « Le Très-Haut domine sur le règne des hommes, Il le donne à qui Il veut. » (Daniel 4:32)
Si Trump revient au pouvoir ou prend des mesures qui bouleversent le système économique, ce n’est ni un hasard, ni une surprise pour Dieu. Même les systèmes d’impôts, les décisions gouvernementales ou les jeux de pouvoir font partie des instruments que Dieu peut utiliser pour éprouver les nations, réveiller les consciences, ou même corriger les cœurs.Cela ne signifie pas que nous devons rester passifs. Le chrétien est appelé à être sel et lumière, à dénoncer l’injustice, à soutenir les plus fragiles. Mais notre combat n’est pas charnel. Il est spirituel.
« Car nous n’avons pas à lutter contre la chair et le sang, mais contre les dominations, contre les autorités… » (Éphésiens 6:12) Alors oui, Trump peut augmenter les taxes. Oui, les tensions peuvent monter. Mais le trône de Dieu n’est pas menacé. Son Royaume n’est pas fiscal. Il est éternel. Ce monde passe, ses rois aussi. Les empires se lèvent et tombent. Mais le Christ, lui, ne change pas.
« Jésus-Christ est le même hier, aujourd’hui et éternellement. » (Hébreux 13:8)
Et toi, frère, sœur, où regardez vous ? Vers la Maison Blanche ? Ou vers la Jérusalem céleste ?Vous laissez vous troubler par l’actualité ? Ou marchez vous dans la paix de celui qui sait que tout est entre les mains du Père ?
Ne craignez rien. Même si les taxes augmentent, même si les puissants s’agitent, Dieu reste le seul vrai Roi. Et Son Royaume ne sera jamais imposé, car il est offert. Gratuitement. Par grâce.Droits image: Dans un regard chrétien sur le monde, les bénévoles donnent leur point de vue sur une actualité.
11 avril 2025Démocratie et Etat de droit
Depuis quelque temps, mais plus encore au cours de ces dernières semaines, les notions de « démocratie » et d’ « Etat de droit » ont été gravement détournées de leur sens. L’on a ainsi entendu un ministre de l’intérieur affirmer que « l’État de droit n’est ni intangible, ni sacré ». C’est aussi au nom de la démocratie que certains représentants d’un parti politique rejettent le jugement qui les a condamnés.
Or, la démocratie est un régime politique comportant 3 principes : Le peuple élit ses représentants. La séparation des pouvoirs est assurée. Le pluralisme politique est garanti.
La séparation des pouvoirs suppose en effet que le gouvernement conduise la politique de la nation, que le parlement légifère et que les juges assurent l’égalité des citoyens devant la loi.
La notion d’État de droit s’est quant à elle affirmée en Europe après la seconde guerre mondiale. Elle découle naturellement de la séparation des pouvoirs, puisqu’elle induit que chacun, quel qu’il soit, et au premier chef le pouvoir politique, doit se soumettre à la loi.
Il ne peut donc y avoir de démocratie si un pouvoir quelconque, politique, médiatique, religieux ou autre s’exonère de son obligation à respecter le droit.
Dès lors, il est évidemment salutaire que tout citoyen puisse demander à la justice de condamner l’État chaque fois que l’exercice du pouvoir entrave un principe juridiquement établi.
C’est ainsi que, le 7 avril, faisant suite à un rapport du Défenseur des Droits, 10 associations, dont le Secours Catholique, viennent de déposer un recours devant le Conseil d’État, pour dénoncer les dysfonctionnements de la plate-forme informatique de demande et de gestion des titres de séjour, empéchant les étrangers de faire valoir leurs droits.
Mais aujourd’hui, au nom de la démocratie, c’est bien la démocratie qui est elle-même attaquée de toutes parts. Des désinformations et mensonges se propagent, le dénigrement des institutions est de mise, le débat public se radicalise au point de nous faire perdre de vue le bien précieux que sont en réalité la démocratie et l’état de droit.
Il suffit pourtant de porter le regard sur l’actualité aux Etats-Unis, en Russie, en Israêl, en Turquie, en Iran par exemple, pour se convaincre que la démocratie en France est vivifiante et que seul l’État de droit en empêchant l’arbitraire garantit la liberté de tous.
C’est pourquoi il est intolérable qu’un responsable politique affirme que le jugement condamnant certains de ses responsables pour détournement de fonds publics est « une attaque directe contre la démocratie » et « un jour sombre dans l’histoire de France ». De la même façon, il est tout autant intolérable d’entendre les avocats d’un ex-président de la République accuser la justice de se soumettre au « tribunal de l’opinion ».
Des lois ont été votées aux fins de moraliser encore davantage la vie politique. Souvent, elles ont même été votées à une large majorité, y compris par certains qui aujourd’hui souhaiteraient s’y dérober. Que la justice sanctionne des pratiques contraires à ces lois ne devrait donc étonner personne. Chacun devrait même se réjouir que des personnalités publiques ne soit pas mieux traitées que tout autre justiciable.
Car là est l’enjeu fondamental de ce qui se déroule sous nos yeux.Droits image: Dans un regard chrétien sur le monde, les bénévoles donnent leur point de vue sur une actualité.
10 avril 2025Les leçons d'humanité tirées d'Auschwitz
Dans ma précédente chronique, je vous ai parlé du concert de Louis Chédid, salle Poirel, le 6 mars. Il y avait interprété Anne, ma sœur Anne, chanson de 1985, dans laquelle il s’adressait à Anne Franck et ne visais « pas tant le FN que les extrêmes de tous bords, l’intolérance qui condamne aveuglement. »
Anne Franck morte du typhus en mars 1945 au camp de Bergen-Belsen, dont la libération était commémorée récemment tout comme celle du camp d’Auschwitz, pour la 80ème année. C’est pourquoi, dans les rayons de nos librairies, on trouve actuellement de nombreux livres qui nous parlent des usines de mort nazis.
Parmi ceux-là Le tatoueur d’Auschwitz de la journaliste australienne Heather Morris qui a ici prêté sa plume à Lale Sokolov qui lui a raconté l’extraordinaire histoire de sa survie et de la façon dont l’amour porté à une jeune femme, Gita, a pu triompher dans cet impitoyable enfer.
Dans la postface de l’ouvrage le fils issu du mariage de Lale et Gita, Gary Sokolov témoigne : « Je me souviens de l’ambiance chaleureuse qui régné à la maison, toujours remplie d’amour, de sourire et d’affection, de nourriture aussi, et de l’humour incisif de mon père. J’ai grandi dans un environnement incroyable et je serai éternellement reconnaissant à mes parents de m’avoir initié à un tel mode de vie. »
En 2023, le cinéaste, vidéaste et écrivain David Taboul a réalisé pour France Télévisions le documentaire Les filles de Birkenau, aujourd’hui devenu un livre paru aux éditions Les Arènes.
Ginette Kolinka, déportée en avril 1944, Judith Elkan-Hervé, Esther Sénot, internée à Drancy en 1943 puis à Birkenau et Isabelle Choko, qui, après la guerre, s’est passionnée pour les échecs et est devenue championne de France en 1956, y ont des choses à dire, se donnent les moyens d’y arriver, jusqu’à couper l’autre s’il le faut, s’opposer violemment, jusqu’à éclater de rire, et entonner ensemble Le chant des partisans.
Dans son introduction, David Teboul dit « on constate que les Juifs aiment raconter des histoires drôle.s, drôlement tragiques. Plus tard, peut-être, les Juifs se raconteront ces histoires et les célébreront comme la sortie d’Égypte aujourd’hui. »
Et, nous chrétiens, allons-nous un jour célébrer le retour à la vie de ces êtres humains revenus de l’enfer, comme une résurrection ? Et comment comprendrons-nous alors la Crucifixion ? Pour essayer de répondre à cette question, je me propose de commenter l’œuvre intitulée Crucifixion. L’artiste allemand Joseph Beuys (1921-1986) qui considérait l'art comme science de la liberté et de la responsabilité a réalisé celle-ci en 1962-63.
On s’attend à ce qu’une crucifixion représente Jésus en croix et au pied de celle-ci Marie et Jean, mais certainement pas deux bouteilles de lait. Mais c’est justement ce que montre Beuys. Un morceau de bois pourri représente la croix. Sur le haut de celui-ci est collé un bout de papier sur lequel on lit difficilement les mots Saldo et Schuld, ce dernier pouvant se traduire à la fois culpabilité et dette. Peut-être une reconnaissance de dette ? En outre, une grosse croix rouge est dessinée sur le bout de papier. La croix de Jésus ? ou la Croix Rouge qui aimerait porter secours aux victimes de violence, mais reste impuissante ? La question reste ouverte. Tout comme on ne sait pas si les deux bouteilles qui représentent Marie et Jean se sentant vidé, après la mort de Jésus.
Sur sa croix Beuys a fixé, avec un clou, un câble électrique. Il peut ainsi nous donner à comprendre qu’aujourd’hui encore Jésus est torturé en de nombreux pays et interpeller l’observateur : combien d’atteintes aux droits de l’Homme Amnesty International dénonce t’il annuellement ?
Contrairement à une crucifixion plus classique, celle de Beuys, nous donne à comprendre que ce qui importait à Jésus c’était l’humanité et la justice.Droits image: Dans un regard chrétien sur le monde, les bénévoles donnent leur point de vue sur une actualité.
2 avril 2025Concurrence destructrice et pompe à richesse
Depuis environ un demi siècle, il existe un quasi-consensus de pensée, qui se fonde sur le principe suivant : la compétition entre les acteurs économiques augmente la richesse d’un pays et améliore la pouvoir d’achat des ménages.
Ceci constitue même le principe fondateur des réformes radicales du président américain Ronald Reagan et de la première ministre Margaret Thatcher. Ils ont pour conséquence d’élargir la concurrence à la plupart des domaines de la vie.
Dans un premier temps, ces réformes avaient clairement comme but de casser le pouvoir des syndicats en délocalisant l’essentiel de la production dans des pays pratiquant des très bas salaires. Dans un deuxième temps, l’ouverture à la concurrence allait profiter de ce fait aux consommateurs, par contre, les ouvriers n’en profitaient pas vraiment, puisqu’ils perdaient leurs emplois par milliers, entraînant la destruction de leurs tissus sociaux.
Cependant, les bénéfices de la concurrence étaient bien réels en ce qui concerne les téléphones portables. L’État a imposé aux opérateurs de couvrir l’ensemble du pays en échange de l'octroi des fréquences. Les tarifs pratiqués pour les abonnements étaient identiques dans tout le pays, peu importe si une antenne de téléphonie couvre 100 foyers ruraux ou 100’000 en ville. Les urbains payent indirectement les infrastructures des ruraux.
L’ouverture à la concurrence de la téléphonie fixe et des connexions à fibres optiques avait comme effet que France Télécoms n’était plus responsable des câbles. Elle transférait cette responsabilité aux Mairies, ce qui défavorisait les petites communes rurales.
Un effet similaire s’observe maintenant avec l’ouverture à la concurrence des chemins de fer nationaux. L’effet sur l'aménagement du territoire est délétère, et cela de l’avis même de l’ancien président de la SNCF. Celle-ci doit subventionner les lignes les moins rentables par les gains réalisés sur les lignes de TGV les plus rentables.
L’inconvenant, c’est que l'ouverture à la concurrence casse ces subventions. Les concurrents de le SNCF cherchent à s’installer uniquement sur les lignes avec des marges de bénéfices importantes. Le résultat de cette concurrence est que la SNCF a moins de moyens pour financier les lignes peu rentables qui servent à l’aménagement du territoire.
A moyen terme, soit c’est le contribuable qui paiera pour maintenir les lignes du territoire pas rentables, soit ces lignes disparaîtront. La concurrence diminue certes les coûts là où elle s'applique, mais avec des effets néfastes pour la cohésion du pays.
En conclusion, nous pouvons constater que l’ouverture à la concurrence, bien qu’elle diminue certains coûts, ne contribue ni au développement, ni à la cohésion du pays.
Nous avons déjà fait le constat que la concurrence dans le secteur de la production d'électricité n'a rien apporté de bon. Aux consommateurs, elle n’a apporté que de harcèlements téléphoniques par des acteurs privés, et EDF a accumulé des déficits catastrophiques. En fin de compte, l’État se voit dans l’obligation de renationaliser EDF. Il est probable que la SNCF suivra le même chemin.
Ceci est d’autant plus regrettable qu’un large réseau ferroviaire est indispensable pour bien vivre dans une société avec un accès de plus en plus difficile aux énergies fossiles. Mais tout ces erreurs découlent d’une politique de concurrence irréfléchie.
L’organisation de la concurrence depuis un demi-siècle est à l’origine de la destruction d’une grande partie de la classe ouvrière et de ses structures sociales. Elle a ensuite favorisée la concentration des richesses dans des oligopoles privés. Ces oligopoles fonctionnent comme des pompes à richesse en faveur des 0,1% les plus riches, au détriment de la cohésion sociale.
La parole de Dieu apporte un message très différent. Elle dénonce les rivalités, les haines et les jalousies. Le message du Christ est fondé sur l’humilité et le respect du prochain. Le rôle de l’État ne devrait pas être d’amplifier leDroits image: Dans un regard chrétien sur le monde, les bénévoles donnent leur point de vue sur une actualité.
28 mars 2025Soyons des réveilleurs de confiance !
Deux articles récents du journal La Croix viennent de nous ramener 5 ans en arrière, au moment où était décidé le confinement de toute la population afin de lutter contre la pandémie.
Au delà de la nécessité sanitaire, ce sont nos modes de vie, de production et de consommation qui alors ont été remis en cause. Dès lors, a été éprouvée la fragilité de nos sociétés et, dans la foulée, de nos libertés publiques et individuelles.
Chacun se rappelle pourtant que bon nombre d’ intellectuels et des chercheurs appelaient alors à inventer le monde de demain, un monde qui serait forcément plus solidaire, un monde où chacun pourrait s’épanouir dans son projet de vie.
Or beaucoup sont sortis de cette période épuisés, angoissés. On sait ainsi que les données publiées sur la santé mentale des individus sont alarmants, notamment pour ce qui concerne les jeunes.
Et nous voici maintenant embarqués dans un monde qui instaure le rapport de force comme seul mode de relation possible, un monde où tout autre est perçu comme une menace.
Nous pensions être sortis de la pandémie en étant au moins assurés que les progrès scientifiques permettaient de faire face à une crise sanitaire majeure. Mais voila qu’aux Etats-Unis, l’administration TRUMP s’est lancée dans une croisade anti-science : coupe des budgets des universités, licenciements massifs de chercheurs, censure dans les programmes de recherche.
De la même façon, les mouvements complotistes ou extrémistes se démultiplient pour produire de la désinformation, affaiblir la capacité de régulation du débat public et alimenter les dynamiques d’hostilité et de peur.
Alors, comment retrouver la confiance en nos sociétés ? Au Secours Catholique, nous pensons qu’il nous faut réinvestir toute forme possible d’engagement démocratique et social, raison pour laquelle le bureau national vient de publier un texte national intitulé : « Soyons des (r)éveilleurs de confiance » .
Il s’agit là de proclamer que nous ne pouvons en rester à nous désespérer de ce que nous ne pouvons pas changer. Nos espaces d’accueil inconditionnel, les actions développées pour lutter contre la pauvreté, la place que nous donnons aux personnes connaissant la précarité sont des expériences sur lesquelles nous pouvons nous appuyer pour témoigner que la solidarité et la fraternité sont fécondes.
Prenons conscience que ce qui nous unit est beaucoup plus fort que ce qui nous divise, pour peu que nous cherchions la vérité. Ayons le goût de la rencontre et cherchons à faire en sorte que les talents de chacun profitent à tous.
Invitons chacune et chacun à poser des diagnostics basés sur la réalité, à réfléchir, à proposer des initiatives pour préserver notre modèle social et combattre les injustices dont nous sommes les témoins.
C’est ainsi que nous pourrons éradiquer le poison de la défiance ou de la recherche de boucs émissaires pour enfin entrer dans une dynamique d’espérance.Droits image: Dans un regard chrétien sur le monde, les bénévoles donnent leur point de vue sur une actualité.
24 mars 2025Récréons des liens réparateurs pour une société plus fraternelle
Une chronique de Jean-Baptiste Marotta.Droits image: Dans un regard chrétien sur le monde, les bénévoles donnent leur point de vue sur une actualité.
19 mars 2025Records de température
L'année 2024 avait été la plus chaude depuis le début des relevés de température, au milieu du 19e siècle. Les conséquences sont multiples et peuvent parfois sembler contradictoires.
Le site européen Copernicus a publié un bilan de l'année écoulée qui montre aussi l’évolution du contenu de la vapeur d'eau dans l'atmosphère, l’étendue de la glace des pôles, la température des océans, les jours insupportablement chauds, et d'autres paramètres importants pour l’habitabilité de la planète.
En 2024, la limite des 1,5 °C de hausse des températures par rapport au début du 20e siècle a bien été franchie pour la 2e année consécutive.(1)
Pour ne pas franchir cette limite d’une manière permanente, il faudrait que les émissions planétaires tombent quasiment à zéro avant 2050. Malheureusement, hors impact d'une comète ou d’une série de pandémies, je ne vois pas comment une telle réduction des émissions pourrait arriver.
La température de l'air et la quantité de vapeurs d'eau dans l'air battent des records.
Avec l'évolution en cours, il est certain que tous ces records tomberont les uns après les autres dans pas longtemps. Nous verrons malheureusement aussi les conséquences de plus en plus visibles de la dérive climatique comme les sécheresses, les feux de forêt et les inondations. Toutes ces catastrophes ne semblent pas suffisantes pour inciter les plus gros émetteurs de gaz à effet de serre à diminuer leurs émissions et à inciter les plus grands consommateurs à choisir un peu plus de sobriété. Mais pourquoi toutes ces choses évoluent dans la mauvaise direction ?
L’humanité donne de plus en plus l’impression que seul le pouvoir compte, y compris le pouvoir d’achat, et que la vérité, la réalité et la nature sont des quantités négligeables.
L’actualité montre que l’Intelligence Artificielle sert avant tout à augmenter le pouvoir de quelques puissants. Tous les grands acteurs dans ce domaine renoncent les uns après les autres à leur propre plan de réduction des émissions de gaz à effet de serre.
Ainsi, il y a 5 ans, Google annonçait vouloir atteindre la neutralité carbone en 2030. Maintenant, Google vient d’enterrer ce plan. A cause de l’Intelligence Artificielle, les émissions ont augmenté de 50 % en 3 ans, alors que le plan prévoyait une baisse de 30 % dans cette même période.(2) D’autres entreprises comme Microsoft, Amazon et Facebook ont laissé entendre qu’ils pourraient suivre Google et enterrer leurs plans de réduction des émissions.
Il faut se rendre à l’évidence. Nous vivons dans un monde ou seul le pouvoir compte, la vérité et même la vie sont des quantités négligeables. L’intelligence artificielle accélère la perte de la notion de vérité et de la dignité de la vie humaine parce que les puissants veulent toujours plus de pouvoir, mais sans se poser la question à quoi devrait servir leur pouvoir. Ce refus de réfléchir sur le but du pouvoir, et aussi sur le but de la vie d’une manière générale, mène l’humanité à sa perte.
Plus que jamais dans l’histoire, les chrétiens devraient avoir une parole prophétique contre cette évolution de la société. Mais quelle parole prophétique ?
Dieu nous montre le but du pouvoir. Ce but correspond aux aspirations profondes des humains dès qu’ils se libèrent un peu de la toxicité de la vie moderne. Le souhait de Dieu correspond à nos aspirations profondes : aimer et être aimé, s’émerveiller de la beauté et de la richesse de la création, et être reconnaissant de la grâce de Dieu. Mais n’oublions pas que ces buts de Dieu pour l’humanité ont des conséquences pratiques.
Aimer le prochain implique que nous l’aimons dans son environnement, car il n’est pas concevable d’aimer le prochain et en même temps de détruire son environnement. Ensuite, aimer Dieu implique aussi d’aimer l’œuvre du créateur et donc de prendre soin de la nature.
Vous trouvez plus d’informations sur le site internet « pratiquement-durable.com ».Droits image: Dans un regard chrétien sur le monde, les bénévoles donnent leur point de vue sur une actualité.
18 mars 2025Toucher du doigt l'universel
Dans Mélodies Intérieures, paru aux Presses de la Renaissance en 2014 Louis Chédid confesse : « Je me vois comme un chroniqueur de la société, un éditorialiste qui tente, à travers sa musique, de donner un peu de hauteur aux thèmes de société. Faire de la scène une tribune, pourquoi pas ? À condition que l’artiste l’utilise pour révéler, faire résonner la part d’humanité et la beauté tapies en chacun de nos actes. »
Dans son concert du jeudi 6 mars, Salle Poirel, auquel votre serviteur a assisté, c’est ce qu’il a fait dès le début, avec le morceau qui ouvre également son dernier cd intitulé Rêveur, Rêveur.
On y entend la strophe suivante :
Dans ce monde, si compliqué / Respect pour ces aventuriers / Qui passent leur temps à chercher / Le meilleur dans l’humanité / Y a tant d’amour à partager / Tant de beauté à découvrir / À recevoir et à donner /
Louis Chedid, 77 ans, le « père tranquille » de la chanson française y fait honneur à son surnom. C’est l’éloge d’un monde où l’on prend son temps pour les autres, comme il l’a exprimé ce soir là dans la chanson de 2015 Tu peux compter sur moi, dont je vous cite les paroles suivantes :
Si un jour tu sens le besoin / De parler à quelqu'un / De mettre des mots sur tes peurs / Si tu en as gros sur le cœur / Tu peux compter sur moi / (…) / Ce ne sont pas des paroles en l'air /
Ni de promesses à la légère / Mais ma déclaration d'ami / Peut-être un peu d'amour aussi / (…) / Quelle que soit la raison / Ni pourquoi ni comment / Ni pour combien de temps
Comme en écho, dix ans plus tard, il chante maintenant : Où que tu sois, où que tu ailles / Si t'as le cœur qui sort des rails / Douleur capitale ou vénielle / Quand les nuages ??s'amoncellent / Même si je peux pas t'empêcher d'être triste / Je plongerai dans les abysses Scaphandrier, j'irai / Au fond, te repêcher /(…) Si par moment, tu as l'âme vide / Glacée dedans et l'œil humide / Je viendrai rompre le silence / En te chantant la vie qui danse / N'hésite pas une seule seconde / Il y a quelque part dans le monde / Quelqu'un qui tient à toi / Et ce quelqu'un, c'est moi / Je suis là/
Il me semble que le temps qui passe pourrait être le fil rouge de ce concert. Mais quand Louis Chédid entonne Anne, ma sœur Anne, chanson de 1985, alors que dixit l’auteur-compositeur « La France penche dangereusement vers les rives bleu blanc rouge du FN », je me dis que les temps ne changent pas. Dans Mélodies intérieures, livre déjà cité, Louis Chédid explique en effet que « Dans « Anne, ma sœur Anne », je ne visais pas tant le FN que les extrêmes de tous bords, l’intolérance qui condamne aveuglement. » Aujourd’hui, alors que nous assistons à une montée des extrêmes, cette chanson qui dit « La voilà revenue, l’historique hystérie » reste malheureusement d’actualité.
Louis Chédid prend aussi du temps, comme il l’exprime dans le morceau Mon âme et moi, dont voici un extrait : Faut croire qu'mon âme et moi / On s'aime bien / Quand on s'envolera / Qu'on retournera Au-delà d'la lune / Léger comme une plume / Quand on ne pèsera plus / Que 21 grammes /Quand on s'ra redev'nu / Poussière d'étoile / Terriens, terriennes / Mes frères, mes sœurs / La vie ne serait rien / Sans une âme à l'intérieur / Humains, humaines / Écoutez-moi bien / C'est un cadeau du ciel / Il faut en prendre soin /
Ces quelques lignes confirment encore une fois ce que disent la plupart de celles que j’ai largement cité dans ma chronique et qu’explique le fils de l’écrivaine et poétesse Andrée Chédid : « Mon engagement est d’ordre affectif, je combats sur le front des émotions. Les chansons les plus plébiscitées sont celles qui traitent des sentiments aux proximités passionnelles. Elles parlent à tout le monde, contrairement aux vieilles rengaines politiques qui ne parlent qu’à l’intellect. Finalement, en allant au fond de soi, on touche du doigt l’universel ».Droits image: Dans un regard chrétien sur le monde, les bénévoles donnent leur point de vue sur une actualité.
14 mars 2025Répondre à un légitime besoin de sécurité, est-ce donner dans la surenchère ?
Depuis des années, mais plus encore ces derniers mois, des contre-vérités se sont imposées dans le débat public.
L’essor des réseaux sociaux et des chaînes d’information en continu favorise de fait une information caricaturale et l’amplification de discours réactionnaires. Ceci se vérifie, par exemple à l’audience des médias du milliardaire Vincent Bolloré : Cnews, C8, Europe1 ou le JDD.
Désormais, la communication ne repose plus sur des arguments chiffrés et vérifiés, mais sur l’expression des affects et des ressentis. Ceci a notamment pour effet d’entraîner une diffusion plus forte des faits divers, dont on sait qu’ils intéressent et suscitent l’émotion.
C’est ainsi que s’est imposée la conviction que l’immigration et l’insécurité menacent les fondements même de la nation française.
Mais ce qui aujourd’hui est grave est que, loin de rétablir la réalité des faits, nos gouvernants, eux-mêmes, en viennent à relayer des postures, qui étaient jusqu’ici l’apanage de l’extrême droite identitaire. Je prends deux exemples sur ces sujets.
Sur la question de l’immigration d’abord, les discours de vérité sont devenus inaudibles. On le voit dans les propos du ministre de l’intérieur sur les « français de papiers » ou « la régression ethnique » ou même dans ceux du premier ministre parlant de « submersion migratoire », alors même que la France accueille beaucoup moins d’exilés que ne le font bien d’autres pays européens.
De la même façon, en médiatisant à outrance des faits divers criminels impliquant des étrangers ayant l’obligation de quitter la France, on veut faire croire que tous les étrangers sous OQTF sont des terroristes, des assassins ou au mieux des délinquants, alors que 99 % d’entre eux, ayant vécu le traumatisme de l’exil, ne demandent qu’à s’intégrer en France et y construire par leur travail leurs projets de vie.
Autre exemple, ayant trait cette fois à la sécurité, puisque notre ministre de la justice vient d’interdire que soient proposées en prison des activités supposées ludiques, alors que, suite à un appel à projets de l’administration pénitentiaire, il s’agissait d’accompagner des personnes détenues sur le chemin de leur réinsertion, car là est, pour la société, le véritable enjeu.
A médiatiser sans nuances de prétendues activités ludiques en prison, on en vient à oublier que la mission principale de la détention est bien de prévenir la récidive. Mais comment ressortiront celles et ceux que l’on oublie derrière les murs des prisons quand ils accumulent au quotidien une violence inouïe du fait de conditions de détention indignes ?
Valéry Giscard d’Estaing disait en son temps que la détention n’est que « la privation de la liberté d’aller et de venir et rien d’autre ». Nous en sommes loin et l’on ne peut imaginer que les personnes détenues sortiront différentes si on ne cesse de les maintenir dans des conditions qui étaient justement celles qui les ont conduites en prison.
Dans ce climat difficile sur ces questions d’immigration ou de sécurité, on aurait pu espérer que nos politiques contribuent à informer l’opinion plutôt que de la suivre. Mais l’on voit bien,hélas, qu’au lieu de poser les conditions d’un débat éclairé, on ne fait qu’engager de mauvais procès, mettant à mal la société toute entière.Droits image: Dans un regard chrétien sur le monde, les bénévoles donnent leur point de vue sur une actualité.
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