11 décembre 2024
Le coût injuste de l'alimentation
En Europe, l'inflation alimentaire a atteint 12 % sur l'année 2023, bien plus que l’augmentation des autres prix. Mais cette hausse des prix ne profite que très peu aux agriculteurs français. Elle vient principalement de la guerre en Ukraine et des mauvaises récoltes dans beaucoup de pays dus aux problèmes climatiques. Le Secours Catholique, Solidarité Paysanne et la Fédération française des diabétiques viennent de publier un rapport qui s’intitule « L'Injuste prix de notre Alimentation. Quels coûts pour la Société et la Planète ? ».1
Lorsque nous dépensons un euro pour la nourriture dans un supermarché, seulement 8 centimes vont effectivement aux agriculteurs, tout le reste rémunère les commerçants, les transports, la transformation, l’emballage, les cuisines industrielles, la publicité, l’administration des entreprises et ceux qui prêtent l'argent - les banquiers ou les actionnaires. Une baguette vendue un euro contient du blé pour 8 centimes.
La part alimentaire du budget d’un foyer diminue depuis un demi-siècle. Relativement par rapport à toutes les autres choses, l’alimentation devient donc moins chère, mais avec des effets secondaires considérables.
Le rapport du Secours catholique montre que les coûts sanitaires directs s’élèvent à 12 milliards d’euros par an. D’après les auteurs, ce montant est estimé à minima, puisqu’il se limite aux dépenses publiques effectivement engagées pour réparer les conséquences néfastes de notre alimentation, comme le diabète, les conséquences sanitaires et sociales de l'obésité et la dépollution de l’eau. Pour produire ces effets néfastes, l’industrie alimentaire « investit » cinq milliards d’euros dans des publicités, en vantant principalement des produits trop sucrés, trop salés ou trop gras. Si on inclut les dépenses vraiment engagées des pouvoirs publics pour réparer les dommages environnementaux du système alimentaire, les coûts cachés s’élèvent à 16 milliards.
En 2023, la FAO des Nations Unies a estimé tous les coûts cachés du système alimentaire,2 notamment la perte de biodiversité, l’appauvrissement des sols avec une future perte de productivité, les effets du réchauffement climatique, ainsi que la perte de jours ouvrés à cause d’une augmentation de maladies. Pour la France, la FAO estime la totalité des coûts cachés à 160 milliards d’euros. Même s’il est difficile d’estimer les coûts futurs dus au réchauffement climatique, dont nous ne connaissons pas encore l’ampleur, les coûts cachés du système alimentaire actuel s’élèvent à plusieurs dizaines de milliards d’euros par an.
Vu le montant de ces coûts cachés, il faudrait se poser la question de ce que coûterait un changement de politique. On pourrait par exemple commencer par doubler le prix payé aux agriculteurs français s’ils se convertissent à l’agriculture de conservation. Dans ce cas, le prix moyen de l’alimentation ne devrait monter que de 8%, si les distributeurs et industriels n’en profitent pas pour davantage augmenter leurs bénéfices.
Dans tous les cas, les rapports du Secours Catholique et de la FAO montrent que le système actuel est à la fois injuste et destructeur pour l’avenir de nos enfants. Même du strict point de vue financier, un changement de politique s’impose dès qu’on tient compte des coûts cachés. Malheureusement, le système libéral actuel refuse de tenir compte des coûts cachés, puisqu’il ne s’intéresse qu’aux bénéfices à court terme. Notre système financier est entièrement au service d’une ancienne divinité phénicienne, qui est particulièrement cruelle et que Jésus appelle « Mammon ». Selon les paroles de Jésus, ceux qui servent Mammon ne supportent pas les demandes d’aucun autre Dieu.
Quand, par exemple, Emmanuel Faber, PDG de Danone, et Paul Potmann, PDG d’Unilever, ont essayé de rendre leurs entreprises un peu plus en accord avec les limites de la planète, ils ont été chassés de leur responsabilité par des financiers entièrement au service de Mammon.
En tant que chrétiens, nous devons tous l
Droits image: Dans un regard chrétien sur le monde, les bénévoles donnent leur point de vue sur une actualité.