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Vivre l'évangile intérieur avec Maurice Zundel

Vivre l'évangile intérieur avec Maurice Zundel

Un article rédigé par Sarah Brunel, avec OR - RCF, le 16 avril 2025 - Modifié le 17 avril 2025
DialogueVivre l'évangile intérieur avec Maurice Zundel

En 2025, on commémore le cinquantième anniversaire de la mort de Maurice Zundel. Ce théologien catholique suisse est l’une des plus grandes figures spirituelles chrétiennes du XXe siècle. En parlant d'un Dieu qui est avant tout relation, dont on peut éprouver la présence à l'intérieur de soi, il a marqué la vie de foi de milliers de croyants.

En 2025, nous célébrons le cinquantième anniversaire de la mort de Maurice Zundel. © Fondation Maurice-ZundelEn 2025, nous célébrons le cinquantième anniversaire de la mort de Maurice Zundel. © Fondation Maurice-Zundel

Dans les années 1930 en France, trois penseurs chrétiens ont pressenti l’urgence de redonner un sens à la vie humaine. Ils ont exprimé leur inquiétude face aux tourments de l’histoire dans des ouvrages parus la même année, en 1936 : "Humanisme radical" de Jacques Maritain, "Journal d’un curé de campagne" de Georges Bernanos et "L’évangile intérieur" de Maurice Zundel. Ce dernier avait alors 39 ans.

En 2025 nous célébrons le cinquantième anniversaire de la mort de Maurice Zundel, survenue le 10 août 1975. C’est l’une des plus grandes figures spirituelles chrétiennes du XXe siècle. Son message, qui a touché des générations de chrétiens peut se résumer ainsi : "Dieu est une rencontre que chacun doit faire en soi", comme l’écrivain Zundel lui-même. Comment Dieu peut-il être présent en l’Homme ? Quelle expérience de Dieu sommes-nous invités à faire ? 

Un podcast sur Maurice Zundel

Pour en parler, Sarah Brunel reçoit la journaliste Béatrice Soltner, ancienne productrice chez RCF (Halte Spirituelle, Sur le Rebord du Monde, Enfin une Bonne Nouvelle, Repères, etc.), elle a réalisé le podcast "L’esprit Zundel" en douze épisodes disponibles sur le site de la Fondation Maurice-Zundel, les plateformes de podcast Ausha, Spotify, Apple podcast, Deezer et Youtube.

Béatrice Soltner, journaliste, auteure du podcast "L'esprit Maurice Zundel". © Jean-Denis Regnier

En se plongeant dans l’œuvre de Maurice Zundel, Béatrice Soltner a vécu "une expérience spirituelle". "Je peux dire que Zundel est devenu un ami, témoigne-t-elle. C’est-à-dire qu’en le lisant, ce n’était pas simplement une lecture intellectuelle mais j’ai progressivement compris ce qu’il dit quand il dit par exemple que Dieu est une expérience, que le christianisme est une présence."

Pour comprendre le message de Maurice Zundel, il faut s’accorder du temps pour que "cela redescende dans le cœur", comme le dit Béatrice Soltner. Au fil des douze épisodes qu’elle consacre au théologien, la journaliste permet à ses auditeurs d’approfondir leur propre expérience spirituelle. Chaque épisode de vingt-cinq minutes est une sorte d’étape sur le chemin de la foi.

Qui est Maurice Zundel ?

On a souvent dit du théologien Maurice Zundel qu’il prenait beaucoup de libertés. "En fait il est purement catholique, observe Béatrice Soltner, mais il revisite tous les dogmes et toute la tradition avec ses mots à lui. Et surtout, il leur donne chair. C’est une expérience."

Théologien catholique, Zundel est né à la toute fin du XIXe siècle. Issu d’une famille de Neuchâtel, en Suisse, il a été dès l’enfance marqué par le protestantisme. Et notamment la foi de sa grand-mère ou ses amis de l’école communale protestante. Un jour, un de ses amis lui a lu les Béatitudes : il dira plus tard qu’il n’avait jamais entendu les Béatitudes auparavant et que Jésus est à ce moment-là devenu "quelqu’un" pour lui. 

Dès son adolescence, Maurice Zundel a fait l'expérience de Dieu présent "à l’intérieur de lui-même". Ainsi, après son ordination en 1919, où il est parti étudier à Rome, il a fait, dans l’une des chapelles des Médicis de la basilique San Lorenzo à Florence, de nouveau l’expérience du silence et de cette "présence à l’intérieur de lui-même qui l’a bouleversé", décrit Béatrice Soltner.

"Tout le christianisme est une présence.
Une présence qui est un présent. Il s’agit d’être là et d’entourer chaque être humain de cet honneur dont nous devons nous prévenir les uns les autres.
D’entourer chacun d’honneur et de créer autour de lui cet espace de lumière et de respect qui lui permettra de découvrir au centre de lui-même cet amour qu’il cherchait vainement au-dehors et qui l’attendait au-dedans.
C’est pour cela que nous sommes chrétiens. Le monde est remis entre nos mains. Nous avons à le consacrer, à révéler l’Homme à lui-même et à glorifier la vie."
Maurice Zundel

"Homme singulier", c’est ainsi que l’on décrivait Zundel parmi ses supérieurs. Les initiatives qu’il a prises quand il était jeune prêtre à Genève et qu’il enseignait le catéchisme dans un foyer de jeunes filles, ont bousculé ses confrères. Lui était convaincu qu’il fallait "leur faire lire des livres, découvrir la culture". "Chacun doit et peut s’accomplir, explique Béatrice Soltner. Zundel les appelait à devenir des femmes à part entière. Par exemple il proposait des cours d’éducation affective, ce qui était incroyable pour l’époque !"

Dieu est relation. Il n’est pas un potentat, un pharaon qui regarde les hommes se dépatouiller dans la fourmilière

Dieu décrit comme "relation"

Maurice Zundel, qui avait un sens de la formule bien à lui, a parlé de Dieu d’abord comme "relation". "Dieu est relation, commente Béatrice Soltner, il n’est pas un potentat, un pharaon qui regarde les hommes se dépatouiller dans la fourmilière." Le théologien suisse s’est beaucoup inspiré de saint Irénée de Lyon, père de l’Église au IIe siècle : "Dieu s’est fait Homme pour que l’Homme devienne Dieu."

Le Dieu décrit par Zundel "n’est pas un Dieu autosuffisant ni immobile, c’est un Dieu qui veut entrer en relation avec l’Homme. Et l’Homme est créé à l’image de Dieu. Donc si Dieu est relation, nous avons nous-même à vivre cette relation. Nous sommes faits pour cela, c’est notre vocation."

Un Dieu qui ne se suffit pas à lui-même et qui a besoin de l’humanité : si l’on suit la pensée de Zundel, cela signifie que l’Homme est responsable de Dieu et que l’on ne peut pas traiter séparément l’Homme et Dieu. Cela peut sembler déroutant de parler ainsi de Dieu. "C’est déroutant, répond Béatrice Soltner, si on s’imagine Dieu autre que celui qu’il décrit. Un Dieu qui n’a rien à voir avec l’Homme. Il dit que justement la clé c’est Jésus Christ, ce Dieu fait homme vient nous révéler le Dieu relation."

Faire l’expérience de Dieu

Pour Zundel, "nous avons à devenir humains, à devenir une personne". Au-delà des données biologiques, du milieu dans lequel on grandit, de notre histoire familiale, "nous avons à naître à l’humanité". Ce qui veut dire pour le théologien suisse : faire la découverte qu’en soi il y a plus que soi. Ainsi, "Jésus, vrai homme, vrai Dieu, nous montre à la fois qui est Dieu et qui est l’Homme", explique Béatrice Soltner.

Comment éprouver la présence de Dieu en soi ? Zundel a fait cette expérience devant les sculptures de Michel-Ange à Florence : par la beauté, l’émerveillement. "Zundel dit que l’expérience de l’émerveillement nous libère de nous-mêmes, commente l’auteure du podcast "L’Esprit Maurice Zundel". Le problème avec l’humanité, c’est qu’on est toujours recourbés sur soi. On est dans notre territoire, on a du mal à donner. On est tellement obnubilés par nous-mêmes, notre savoir, notre réputation, notre argent, notre carrière…"

"Il serait inconcevable que nous croyions à l’amour de Dieu pour nous, inconcevable que nous croyions qu’il est vraiment celui qui est vraiment notre bonheur et notre joie sans que nous croyions qu’il est aussi le grand compatissant, et le premier frappé par tout ce qui peut nous atteindre.
C’est pourquoi j’enrage quand on dit Dieu permet le mal. Mais non Dieu ne permet jamais le mal, il en souffre, il en meurt. Il en est le premier frappé. Et s’il y a un mal, c’est parce que Dieu en est d’abord la victime."
Maurice Zundel

Pour Zundel, il y a "des moments de grâce où on est tournés vers plus grand que nous" et qui "font qu’on se libère de ce moi qui ne pense qu’à lui-même". La promesse du christianisme est la rencontre avec un Dieu qui se donne. "Ce Dieu-là va entraîner l’Homme à s’ouvrir petit à petit".

Si Dieu est présent, pourquoi le mal ?

Maurice Zundel (1897-1975) a vécu les deux guerres mondiales, il a été témoin de la Shoah. Il a aussi entendu une génération d’écrivains déclarer la mort de Dieu. Quel regard le théologien avait-il sur le mal, lui qui a tant parlé de la présence de Dieu ? Pour lui, la Bible ne répond pas à l’énigme du mal, qui reste un mystère. En revanche, il pensait, nous dit Béatrice Soltner, que "Dieu s’est fait Homme justement pour nous rejoindre dans notre propre souffrance".

La croix, pour Zundel, c’est le signe que "Dieu ne répond pas au mal par le mal, il répond par l’amour, rapporte la journaliste. La réponse de Jésus, qui est Dieu, c’est : Jusqu’au bout je suis là et je te donne ma vie. Quand on voit le Christ sur la croix, c’est Dieu, c’est le Père sur la croix. Et ça, Zundel insiste beaucoup. On a pu penser de manière complètement folle que Dieu aurait voulu que son fils meure… Zundel s’offusque de cela."

La pensée de Zundel aide les chrétiens à comprendre le dogme complexe de la Trinité, fixé lors du concile de Constantinople en 381. "Dieu n’a pas un fils, commente Béatrice Soltner. Dieu est Père, Dieu est Fils, Dieu est Esprit : c’est-à-dire trois personnes qui sont l’amour. L’amour circule entre elles. Et, à un moment donné, l’une d’entre elles se fait Homme pour nous emmener de l’autre côté du mal, vers cette vie qui ne finit pas. Dieu s’est mouillé, quelque part, jusqu’à en mourir."

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Cet article est basé sur un épisode de l'émission :
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