Madeleine Vatel | Les jeunes dans la Bible : une histoire de confiance

En voyant que l’Eglise portait son choix sur ces deux jeunes Italiens de 15 ans et 24 ans, pour les proclamer saints, je me suis demandée si l’Institution n’était pas opportuniste dans le choix de ses figures…

Une nouvelle génération de saints

Alors qu'elle est parfois associée à une certaine lenteur, l’Eglise canonise JUSTEMENT deux jeunes, actifs, dynamiques, entourés d’amis, bien dans leurs baskets, charmants, sportifs. Est-ce un coup de com' ? Il faut reconnaître que le marketing est parfait, leurs portraits photos sont magnifiques, d’ailleurs pour Carlo Acutis, on peut aussi le découvrir en vidéo. Bref, ce choix est impeccable pour donner une image sympathique de l’Eglise.

A y regarder de plus près, des jeunes saints, il y en a déjà eu plusieurs : sainte Thérese de Lisieux, et même bien avant, saint François d’Assise. Mais aujourd’hui, on est tout à fait dans la ligne de l’impulsion donnée par le Pape Jean-Paul II de proclamer saint des laïcs et pas seulement des religieux. L’idée est vraiment de redire que chacun est concerné par ce goût d’une vie avec Dieu, et tournée vers les autres. Il y a donc eu des couples, comme Louis et Zélie Martin, et maintenant des jeunes laïcs. Déjà dans la lettre de saint Paul à Timothée, on pouvait lire « Que personne ne méprise ton jeune âge ».

La jeunesse dans la Bible

Puisque l’Eglise nous donne en modèle de vertu un adolescent et un jeune étudiant, j’ai tourné les pages de l’Ancien Testament pour voir un peu ce qu’il en était des figures de la jeunesse. Est-ce qu’elles sont décrites comme vulnérables, fragiles, ou au contraire pleine de vitalité, intrépides, et parfois même avec un peu d’inconscience … J’étais assez curieuse de voir quelle place ces jeunes tenaient dans les récits, quelle responsabilité Dieu leur confiait.

En résumé : ils arrivent plein de doutes, sur eux-mêmes, mais jamais sur Dieu. Et ils repartent vaillants et confiants. Le jeune David, celui qui se bat contre Goliath et les Philistin, il est plein d’audace, il fonce. Le jeune Joseph, celui que ses frères voulaient tuer parce qu’il était le préféré de leur père, lui aussi il a fait preuve de persévérance et de justice quand il était à la cour de Pharaon. Et puis si on parle du jeune Daniel, celui qui n’a pas eu peur d’entrer dans la fosse aux lions, il y a un aussi un récit où il vient en aide avec assurance à Suzanne, une jeune femme accusée injustement par deux vieillards violents.

Leur point commun avec les deux nouveaux saints, ce n’est pas l’âge. Leur point commun c’est d’avoir fait totalement confiance à Dieu. La vraie jeunesse, c’est d’avoir ce cœur capable d’aimer, grâce à Dieu. Pour Frassati ou Acutis, c’est une attitude quotidienne : ils allaient à la messe tous les jours, ils ont patiemment cherché le Christ dans la prière, avec leur proche, ou dans les Ecritures. On insiste beaucoup sur leur précocité, sur leur goût pour l’informatique ou la montagne, et c’est exact. Mais c’est vraiment leur abandon à Dieu, leur engagement, leur dévouement, leur témoignage qui est frappant et qui n’a finalement pas grand-chose à voir avec une envie de l’Eglise d’être à la mode.