Pier Giorgio Frassati : l’homme des béatitudes
A Rome, c’est l’heure des derniers préparatifs pour la canonisation de Pier Giorgio Frassati. Bénédicte Delelis, diplômée de l'école du Louvre et enseignante en théologie au Collège des Bernardins, publie aux éditions de l'Emmanuel un livre sur le futur saint à destination du jeune public. Au micro de Louis Daufresne, elle nous fait plonger dans l’univers de ce jeune italien qui a conquis les cœurs des pauvres de Turin.
Bénédicte Delelis © DRSans oublier ceux qui sont en bas, on peut monter très haut ; parcourir les taudis et gravir les sommets. À force de monter, Pier Giorgio Frassati finit par toucher le ciel et y demeurer dès l'âge de 24 ans. Mort en 1925 des suites d’une poliomyélite foudroyante, ce sont les pauvres de Turin qui lui rendent un premier hommage en se pressant à ses funérailles.
Dans l’ombre d’une grande famille
Chez les Frassati, il n’est pas question de plaisanteries. Les parents de Pier Giorgio ont des places à tenir en société, une réputation à maintenir. Son père, Alfredo Frassati, est le fondateur du journal La Stampa. Il a également été ambassadeur d’Italie à Berlin pendant deux ans. Sa mère, Adélaïde, est une artiste peintre renommée. Pier Giorgio a aussi une petite sœur, Luciana, dont il est très proche.
Dès son plus jeune âge, il fait preuve d’une grande intelligence émotionnelle. Constamment tourné vers autrui, il aide de grand cœur toutes les personnes qu’il croise et n’hésite pas à puiser dans ses économies personnelles, comme le raconte Bénédicte Delelis.
“Un jour, il rencontre une maman qui est couturière, veuve et dont l’enfant est handicapé. Cette maman n'a plus de machine à coudre. Pierre Giorgio va faire des économies. C'est touchant parce qu'il vient d'une famille très aisée, mais il n'a pas d'argent de poche, ou très peu. Il collectionne son argent de poche, il économise sur les tickets de bus pour aller à pied ou à vélo partout. En économisant, en demandant à son oncle des sous, il va aller offrir une machine à coudre à cette femme.”
Cette générosité infatigable caractérise Pier Giorgio Frassati d’une manière que tout le monde remarque. Cependant, c’est très souvent une cause de dissension dans sa famille. Plus d’une fois, ses parents lui font ressentir à quel point il les déçoit.
Le révolutionnaire de la joie et de l’amour
Pier Giorgio Frassati aime beaucoup sa famille de sang, mais cela ne l’a pas empêché de se construire, année après année, une famille de cœur. Une famille à la composition éclectique : amis, ouvriers, camarades de classe, personnes malades et démunies. Il fait même partie du Tiers-Ordre dominicain. Ce qui fait battre le cœur de Pier Giorgio, c’est sa foi et la confiance inébranlable qu’il a en Dieu. Voulant répandre partout autour de lui la joie et l’amour, il se consacre à un apostolat hors du commun, la « compagnie des types louches » : un groupe fondé sur l’amitié spirituelle se réunissant pour des excursions dans les Alpes.
“Lui, il fait la distinction entre la douleur et la tristesse. Il dit que la douleur existe vraiment alors que la tristesse en revanche, c'est le fruit de l'athéisme. Quand on est chrétien, on n'est pas triste, parce qu'on a Jésus joyeux au fond du cœur. Il faut lutter contre la tristesse qui va nous empêcher d'avoir la joie de Jésus au fond de nous.”
Pier Giorgio décède à l’âge de 24 ans de manière fulgurante, deux semaines après avoir contracté une poliomyélite alors qu’il aidait une famille pauvre de Turin. A ce moment, il traverse une période extrêmement difficile, marquée par le renoncement. Une histoire d’amour impossible, un travail de rêve dont il devra se départir. Vaillamment, il choisit de vivre cela non comme des drames, mais comme des épreuves qui lui sont proposées pour éprouver sa foi. “La mort va survenir dans cette période-là. Il n'a pas fini ses examens, il doit renoncer à être ingénieur. Il a dû renoncer à Laura. On voit que les choses sont restées cachées à ses propres yeux et qu’il n'a pas vu sa propre fécondité.”
Finalement, Pier Giorgio Frassati meurt par amour. Tombé malade en aimant jusqu’au bout, il a pleinement réalisé ce que Jésus a intimé à ses disciples : “Il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux qu’on aime.” (Jn 15,13)


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