Journée mondiale de sensibilisation à la maltraitance des personnes âgées, par Élisabeth Walbaum
LA TRIBUNE D'ÉLISABETH WALBAUM - Élisabeth Walbaum s'intéresse à l'inquiétude des français pour la santé de leurs aînés à l'occasion de la journée mondiale de sensibilisation à la maltraitance des personnes âgées.
Sept Français sur dix, selon une enquête du Crédoc en 2022, sont inquiets des risques de maltraitance pour eux-mêmes ou leurs proches âgés. L’Organisation mondiale de la Santé analyse qu'une personne âgée de plus de 60 ans sur six est victime d’une forme de maltraitance, la plus fréquente étant la négligence.
Les français ont raison d’être inquiets ?
Cela peut nous inquiéter, d’abord parce que la société tout entière vieillit, ensuite parce que les enjeux économiques et lucratifs se posent déjà, car ce que nous avons mis en place est loin d’être satisfaisant… et parce que nous avons tous vocation, un jour ou l’autre, à devenir vieux.
Est-ce que nous aurons un jour la fameuse loi grand âge promise ? J’ai la nette impression qu’on préfère travailler la question de la mort et faire une loi pour aider à mourir, plutôt que proposer une loi pour aider à vivre. En 2022, 68 % des Ehpad sont dépourvus d’instance de réflexion éthique. Un quart ne dispose d’aucune procédure concernant les situations de maltraitance. Et 64 % du personnel des établissements déclarent avoir commis un acte de maltraitance au cours de l’année écoulée.
J’ai la nette impression qu’on préfère travailler la question de la mort et faire une loi pour aider à mourir, plutôt que proposer une loi pour aider à vivre.
Comment lutter contre la maltraitance des personnes âgées ?
Nous avons tous une part de responsabilité dans la lutte contre la maltraitance des personnes âgées. Véronique du Refuge protestant de Mazamet, membre de la Fédération de l’Entraide Protestante, nous rappelle quelque chose que je trouve très juste :
« Être âgé, ce n’est pas être inutile, c’est vivre dans l’immédiat et l’hier, c’est être une mémoire, plus ou moins fiable, mais ça n’a pas d’importance, c’est se réjouir d’un bon repas, d’un morceau de musique, d’un scrabble entre amis. C’est être heureux d’une main sur l’épaule, d’un salut matinal, d’une remarque sur le soleil qui chauffe à travers les vitres ou la pluie qui les salit. »
Alors, soyons courageux, donnons-nous l’ambition de maintenir les liens, refusons la négligence, la maltraitance. Nous, individus, nous société, reconnaissons, assumons que l’humain a droit à la dignité à tout âge. Dis-moi comment tu traites tes anciens et je te dirai si tu aimes la vie ! Ce n’est pas qu’une question de respect générationnel, c’est une éthique appliquée à l’autre comme à soi, et par ricochet, une éthique de société : tous, nous vieillissons, et donc, si nous ne respectons pas les anciens et leurs conditions d’existence, c’est nous-mêmes que ne nous respectons pas.
Dis-moi comment tu traites tes anciens et je te dirai si tu aimes la vie !
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