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Claire des Mesnards | Dermatose nodulaire : le questionnement éthique

Claire des Mesnards | Dermatose nodulaire : le questionnement éthique

RCF, le 16 décembre 2025 - Modifié le 16 décembre 2025
Point de vueClaire des Mesnards | Dermatose nodulaire : le questionnement éthique

LE POINT DE VUE DE CLAIRE KLEIBER DES MESNARDS - La « dermatose nodulaire » dont on parle dans l’actualité est une maladie contagieuse des bovins. Le gouvernement tente de lutter contre sa propagation avec une stratégie très stricte. 

Claire des Mesnards © DRClaire des Mesnards © DR

Depuis les premiers cas en juin dernier, c’est ainsi pas moins de 3300 bêtes qui ont été abattues sur 11 départements, d’Est en Ouest. 3300, ce n’est pas rien. Mais cela reste peu comparé à l’ensemble du cheptel français, composé de 17 millions de bovins qu’il s’agit de protéger d’autant plus qu’ils ont un poids économique important.

La France est en effet le deuxième producteur européen de lait de vache et le premier producteur européen de viande bovine. 
Des produits que nous exportons dans le monde entier. On peut donc entendre qu’il nous faille tenir notre rang, et tout entreprendre pour éradiquer de notre territoire le virus responsable de cette maladie. Or, d’après la ministre de l’Agriculture et un certains nombre de scientifiques et d’agriculteurs, c’est possible justement grâce aux mesures drastiques déployées depuis quelques mois. Pourtant beaucoup parmi les principaux concernés ne l’entendent pas de cette oreille.

Déplacement de la ministre de l'agriculture

Les manifestations nombreuses hier à l’occasion du déplacement à Toulouse de Madame Annie Genevard l’ont montré.  Et pour cause : derrière les chiffres qui veulent faire entendre raison, il y a des réalités qui paraissent moins raisonnables. Ce qui choque surtout, c’est l’abattage systématique du troupeau entier pour une seule bête qui y serait trouvée malade. Et cela, pour une maladie qui n’est pas transmissible aux humains ; une maladie qui affaiblit certes le bétail, mais ne le tue que dans 5 % des cas environ. Une maladie qui quelles que soient les tentatives d’endiguement, a de beaux jours devant elle parce qu’elle est transmise par des insectes à qui notre climat semble un peu mieux convenir chaque année. L’impact sur le commerce est bien réel, mais le risque sanitaire lui-même apparaît limité.

L'appel à un questionnement éthique

C’est à un questionnement éthique que nous appelle la Coordination rurale et la Confédération paysanne. C’est même à un ensemble de questions éthiques, qui ne concerne pas seulement les éleveurs ou les responsables politiques, mais plus largement toute la société. Ainsi, à quelles conditions la mise à mort d’animaux parfaitement sains nous est-elle acceptable, en général ? Quels motifs peuvent suffire à justifier l’effacement brutal du patient travail effectué par des générations d’agriculteurs ? Et encore, quelle place donnons-nous à la parole et aux capacités d’autrui ? Enfin, quelle serait la juste compensation de cette politique d’abattage total, qui pour les paysans et leurs familles peut aussi avoir pour conséquence légitime un abattement total ?

La Bible propose de nombreuses pistes

 Il y a l’histoire d’Abraham, à qui Dieu propose en fin de compte de sacrifier un bélier plutôt que son propre fils. J’y lis qu’il est possible d’être amené à tuer un animal, mais que l’être humain en tout cas ne doit pas être sacrifié, au nom de quelque idéologie que ce soit. Dans un autre registre, il y a l’histoire que raconte Jésus, du berger qui laisse tout son troupeau pour sauver l’unique bête perdue ; il se met en peine pour une seule de ses bêtes, car toutes sont inestimables et irremplaçables pour lui. Enfin, c’est finalement Jésus lui-même qui sera fait bouc émissaire ; une étape nécessaire sans doute à ce que nous puissions reconnaître le mal qui nous habite, afin d’essayer d'y faire face ensemble...mais dorénavant, avec lui !
 

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Cet article est basé sur un épisode de l'émission :
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