
LE POINT DE VUE DE BLANCHE STREB - Vendredi 13. Dans notre culture, dans l’imaginaire collectif, ce serait un jour de chance, propice aux amateurs du jeux. Plus d'un tiers des Français se déclare plus susceptible de jouer ce jour-là, d’après la Française des Jeux. Face à ces superstitions, Blanche Streb rappelle que tout vient à point à qui sait attendre.
Sincèrement, je ne suis pas superstitieuse pour un sou, j’avoue ? Je n’ai pas joué au loto, je ne sais pas si ce jour me portera chance, ou pas. On verra. Mais ça m’a donné envie de vous écrire un conte, un vieux conte chinois qui, parait-il, se transmet de génération en génération.
Il y avait, dans un village, un homme pauvre et simple, dont la seule richesse était son cheval, un très bel animal, qui attirait la convoitise, tout le monde voulait lui acheter, mais il refusait toujours. Un matin, le cheval n’est plus là. Tous les villageois lui disent : On te l’avait bien dit ! Tu aurais mieux fait de le vendre. Maintenant, on te l’a volé… Quelle malchance ! Le vieil homme répond : Chance, malchance, qui peut le dire ? et Tout le monde se moque de lui. 15 jours plus tard, le cheval revient, avec 10 autres chevaux sauvages. Il s’était échappé, avait séduit une jument et rentrait avec toute la horde. Quelle chance ! disent les villageois. Le vieil homme répond : Chance, malchance, qui peut le dire ? Alors, avec son fils, ils commencent à dresser ces chevaux sauvages. Le fils tombe, et se casse une jambe. Quelle malchance ! disent ses amis. Comment vas-tu faire, toi qui est déjà si pauvre, si ton fils ne peut plus t’aider ? Le vieil homme répond : Chance, malchance, qui peut le dire ? Quelques temps plus tard, l’armée arrive dans le village et enrôle de force tous les jeunes gens. Tous… sauf le fils du vieil homme, qui a la jambe cassée. Quelle chance tu as, tous nos enfants sont partis à la guerre, et toi tu es le seul à garder le tien près de toi. Les nôtres vont peut-être se faire tuer…
Certes, c’est un peu agaçant, au bout d’un moment, ce genre de leçon, mais j’ai envie de garder quelque chose de cette histoire : la question du temps long. Dans nos sociétés presse-bouton, on est de plus en plus impatient. On veut tout, tout de suite. Y compris donner ou trouver un sens à nos obstacles et à nos difficultés. Cette toute-puissance au cœur même de l’impuissance peut vite devenir un non-sens ou un contre-sens. C’est peut-être plus un conte sur la patience que sur la chance, finalement…. Et sur la confiance, que d’un mal apparent pourra sortir un bien, qui sait. « On sait jamais ! » en général, cette expression nous sert à envisager le pire. On pourrait s’en servir autrement : « On sait jamais », demain, ça ira peut etre mieux.
Des chroniqueurs d'horizons variés nous livrent leur regard sur l'actualité chaque matin à 7h20, dans la matinale.
- Le lundi : Stéphane Vernay, directeur de la rédaction de Ouest-France à Paris, et Arnaud Benedetti, rédacteur en chef de La revue politique et parlementaire ;
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- Le mercredi : Clotilde Brossollet, éditrice, et Pierre Durieux, essayiste ;
- Le jeudi : Antoine-Marie Izoard, directeur de la rédaction de Famille chrétienne ; Aymeric Christensen, directeur de la rédaction de La Vie ;
- Le vendredi : Blanche Streb, essayiste, chroniqueuse, docteur en pharmacie, auteure de "Grâce à l’émerveillement" (éd. Salvator, 2023), "Éclats de vie" (éd. Emmanuel, 2019) et "Bébés sur mesure - Le monde des meilleurs" (éd. Artège, 2018), et Elisabeth Walbaum, Déléguée à la vie spirituelle à la Fédération de l'Entraide Protestante.
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