Antoine-Marie Izoard | Léon XIV, le pape de l'unité

 Impossible d’oublier ce fameux « Habemus papam ! » et ce qui a suivi : Sur la place Saint-Pierre, entre les bras de la colonnade du Bernin qui semblait embrasser toute l’humanité, est montée, au soir du 8 mai, la clameur de ceux qui avaient accouru pour accueillir leur nouveau pasteur, Léon XIV ! Longtemps silencieux sur la loggia, il a semblé aussi surpris que la foule découvrant le premier pontife de l’histoire né aux États-Unis, et aussi ému qu’elle de cette rencontre entre le nouvel évêque de Rome et son peuple. Que ce soit sous la loggia comme certains chanceux, dont votre serviteur, ou devant les écrans de télévision, nous avons tous été marqués par sa sérénité grave, et aussi la paix qu’il dégageait et qu’il souhaitait d’emblée au monde entier. « La paix soit avec vous ! », a-t-il lancé. Nous avons été saisis aussi par la joie profonde qui s’exprimait sur son visage. Les mains jointes et la tête inclinée, quelques instants, il a arboré un divin sourire qui semblait traduire une profonde communion avec le Ciel.

Première apparition au balcon de la loggia 

S’il s’est inscrit aussitôt dans le pontificat de son prédécesseur François, Léon XIV a donné d’autres gages de continuité : avec Benoît XVI, dont la proximité avec la théologie de saint Augustin était si grande et que sa douceur rappelle ; avec saint Jean-Paul II, lorsqu’il a invité l’Église et les croyants à être « sans crainte », en écho au fameux « N’ayez pas peur ! » d’octobre 1978… Et avec celui dont il a choisi de reprendre le nom, Léon XIII, qui fit entrer l’Église dans le XXe siècle. En marchant d’ailleurs dans les pas de l’auteur de l’encyclique sociale Rerum novarum en réponse à la révolution industrielle, Léon XIV entend notamment répondre aux conséquences de la révolution de l’intelligence artificielle.

L'homme idéal ?

À chaque époque, l’Église offre au monde le pape dont il a besoin. Peut-on dire du bon pasteur qui guide le troupeau qu’il est un mouton à cinq pattes ? On avait annoncé ce conclave très ouvert, avec un nombre record de cardinaux électeurs, qui se connaissaient peu. Mais l’Église a créé une nouvelle fois la surprise avec l’élection rapide d’un pape qui répond aux multiples défis que les cardinaux avaient énumérés avant le conclave. Ils ont choisi un homme capable de dresser des ponts entre le Nord et le Sud, entre la Curie où il avait été appelé il y a deux ans et les Églises locales qu’il connaît si bien. Son parcours atypique de missionnaire en Amérique du Sud, de supérieur de son ordre religieux et d’évêque lui offre également une compréhension précieuse de toute l’Église, en lien avec le monde. Bien que d’origine nord-américaine, Léon XIV est un citoyen du monde. Il est aussi péruvien, avec des origines italiennes et françaises, et même africaines. Les généalogistes français assurent qu’il serait le cousin éloigné de Catherine Deneuve, d’Édouard Philippe ou d’Albert Camus… Mais pour nous, Léon XIV est avant tout un père, que nous accueillons comme tel, un bon pasteur qui entend veiller à l’unité du troupeau autour du Christ.