Corinne Bitaud | Une place pour la Création dans le calendrier liturgique ?

Le calendrier liturgique occidental nous fait parcourir les étapes de l’histoire du Salut, en célébrant l’Incarnation, à Noël, la mort et la Résurrection du Christ, à Pâques, et le don de l’Esprit, à la Pentecôte. 

Une journée mondiale de prière pour la création

Or l’éco-théologie a remis à l’honneur ces dernières années le fait que la Création comme agir de Dieu, que l’on écrit avec un grand C pour la distinguer de la création comme œuvre de Dieu, fait entièrement partie de l’histoire du Salut. Elle devrait donc avoir sa place dans notre calendrier – et elle l’a d’ailleurs déjà depuis le Vème siècle dans celui des Eglises orientales.

Il existe déjà une journée mondiale de prière pour la création, c’est le 1er septembre, qui ouvre chaque année le Temps pour la création. Mais cette journée ne concerne formellement que les Eglises Orthodoxes du Patriarcat œcuménique, depuis 1989, et l’Eglise Catholique, depuis 2015, puisqu’il s’agit de décisions confessionnelles et non collectives. De plus, ce sont des journées de prière pour la création avec un petit c, alors que le projet d’Assise concerne comme je le disais la Création avec un grand C, l’action continuée de Dieu.

Un véritable œcuménisme 

Cette année nous célébrons les 1 700 ans du Concile de Nicée, qui proclame en tout premier lieu la foi en un Dieu créateur du ciel et de la terre, de l’univers visible et invisible. De nombreuses Eglises chrétiennes qui se reconnaissent dans cette confession de foi ont pensé que ce serait un témoignage puissant, en obéissance au Christ qui voulait que ses disciples soient uns, d’instituer ensemble une nouvelle fête liturgique de la Création en ce début de 3e millénaire. 

Durant la rencontre d'Assise, pendant trois jours, des responsables d’une quinzaine de communions mondiales d’Eglises ont prié, réfléchi, débattu, prié encore, mangé ensemble… bref, vécu une vraie vie d’Eglise. Ce qui m’a le plus frappée, c’est que quand je m’asseyais à côté d’une personne que je n’avais pas encore croisée et que nous nous présentions, la première question était toujours : « d’où venez-vous ? » et jamais : « de quelle Eglise êtes-vous ? » Nous étions simplement chrétiens, frères et sœurs unis dans notre désir de célébrer avec tous les autres chrétiens notre foi en la Trinité créatrice. Nous avons expérimenté une véritable fraternité, joyeuse et sereine.

Prendre une décision officielle

Aujourd’hui ce projet fait son chemin. Les conseils des conférences épiscopales catholiques d’Amérique latine, d’Afrique et d’Asie-Océanie ont déjà fait savoir qu’elles étaient en faveur de la création de cette nouvelle fête. De nombreuses Eglises protestantes se sont jointes au processus, et des dirigeants autochtones des pays du Sud ont été associés au travail de discernement.

Sur la base du travail théologique effectué à Assise sur la dimension trinitaire et christologique de la fête, sur son articulation avec la période du Temps pour la création que nous célébrons déjà, sur sa dimension œcuménique, sur ses aspects liturgiques et notamment sur les lectures bibliques proposées pour ce jour-là, nous espérons maintenant que des décisions officielles pourront être annoncées pendant le Temps pour la création 2025, entre le 1er septembre et le 4 octobre prochains.