Stéphane Vernay | L’Europe à l’épreuve du vote roumain

Des élections décalées à cause d'une manipulation russe

Ce qui est étonnant, dans cette affaire, c’est que cette élection, qui devait se tenir à l’automne 2024, a été annulée en décembre, après la percée surprise d’un quasi-inconnu, Calin Georgescu, dopé sur les réseaux sociaux par les Russes.

La manipulation avait été identifiée, révélée et l’homme écarté du paysage politique au motif que le scrutin était faussé. Eh bien voilà son remplaçant, George Simion, en passe de gagner les élections ce printemps.

Une affaire coup de pouce pour l’extrême droite

Ce choix des Roumains ne peut pas se discuter dans la mesure qu’on ne peut plus dire, après le premier scandale, les Roumains ne votent pas en connaissance de cause. Mais il ne faut non plus oublier que sans la manipulation russe au départ de l’action, l’extrême droite roumaine serait peut-être restée minoritaire.

La publicité autour de l’affaire lui a sans doute donné un beau coup de pouce. Tout comme le contexte général, favorable aux partis qui promettent de détricoter l’Europe. Ils ont progressé dans toute l’Union ces dernières années. Il y avait déjà Georgia Melonie en Italie, Viktor Orban en Hongrie ou Robert Fico en Slovaquie ; si George Simion s’ajoute à la liste, ça peut devenir compliqué.

Paralysie de l’Union européenne : un danger potentiel

Il n’y a pas encore de paralysie de l’Union européenne mais on s’en rapproche !  Il faut savoir que l’essentiel des décisions prises au sein du Conseil européen le sont à la “majorité qualifiée”. Pour gripper la machine de l’intérieur, il faudrait qu’au moins quatre Etats membres, réunissant plus de 35% de la population de l’Union européenne se coalisent. 

Pour mémoire, la Hongrie, la Slovaquie et la Roumanie ne pèsent, à trois, « que » 34 millions d’habitants. Soit moins de 8% des 448 millions de citoyens de l’Union. Même en rajoutant 59 millions d’Italiens dans la balance, on ne serait qu’à 20%, très loin, donc, des 35% requis. Ceci dit, si George Simion gagne dimanche prochain, c’est tout le continent qui en prendrait un coup. Parce qu’on ne sait pas très bien jusqu’où tout cela pourrait nous mener, à l’échelle du continent. Alors attention au réveil, lundi prochain…