Vatican
LE POINT DE VUE D'ANTOINE-MARIE IZOARD - Cela fait près de 3 semaines que le pape François est hospitalisé pour une bronchite qui a viré en double pneumonie. Retour sur la communication du Vatican autour de cette hospitalisation.
Double pneumonie, anémie, spasmes et crises respiratoires, vomissements le moins que l’on puisse dire c’est que le Vatican semble avoir choisi la transparence. Evoquant également, dans les bulletins de santé diffusés deux fois par jour (voire plus encore), les nécessaires radios, analyses de sang, transfusions ou mises sous oxygène. Je l’entends, certains s’étonnent, voire s’agacent, de la précision et de la fréquence de ces bulletins médicaux qui vont parfois jusqu’à mentionner le petit déjeuner du chef de l’Église catholique. Impossible de penser cependant que ces informations, malgré tout pesées au trébuchet de la communication vaticane, ne sont possibles sans l’aval de François lui-même. « Le pape, a ainsi affirmé l’un de ses médecins lors d’une conférence de presse plutôt inhabituelle, a toujours voulu que nous disions la vérité. »
Nourrir les journalistes « vaticanistes » qui scrutent chaque info venue de l’hôpital Gemelli, sur les hauteurs de Rome, c’est choisir de couper court aux innombrables fausses nouvelles qui ne manquent pas de circuler. Il y a chaque nuit des blagueurs ou des personnes qui se croient bien informées, et qui annoncent la mort du pape. Communiquer ainsi, c’est aussi assurer qu’il y a un capitaine, même affaibli, à la barre de l’Église.
Parce que Benoît XVI avait fait le choix de s’éteindre dans la discrétion d’un monastère transformé en lieu de retraite papale au cœur des jardins du Vatican, le dernier épisode du genre date précisément d’il y a 20 ans, lors de l’éprouvante agonie de Jean-Paul II entre janvier et début avril 2005. Même si le porte-parole du Vatican était alors un médecin, l’Espagnol Joachim Navarro-Valls, la transparence n’était pas de mise. Le souvenir du pape polonais particulièrement diminué, dramatiquement muet devant la foule, place Saint-Pierre, durant la Semaine sainte, a laissé de sérieuses traces dans la Curie romaine. Tout comme les photos de Pie XII sur son lit de mort, vendues à un célèbre hebdomadaire français spécialiste du genre. Puis les spéculations sur la mort de Jean-Paul Ier, prétendument empoisonné alors qu’il a vraisemblablement succombé à un infarctus.
Sans pouvoir participer au jubilé qu’il a lui-même lancé, ni tenir ses audiences, le pape est encore là. Dimanche dernier encore, le pape François montrait qu’il était présent au monde. S’il a confié se sentir « porté et soutenu par tout le peuple de Dieu », il a fait savoir qu’il partageait « dans le corps et dans l’esprit la condition de tant de personnes malades et souffrantes ». Fidèle à son habitude, jusqu’au bout, il a assuré à son tour prier pour tous, et « surtout pour la paix », évoquant « l’Ukraine martyrisée, la Palestine, Israël, le Liban, la Birmanie, le Soudan, le Kivu ». La période est, on le sait, bien tourmentée à travers le monde. Alors, prier pour le pape, c’est prier pour l’Église tout entière et les intentions qu’il porte dans son ministère. C’est prier pour que le Seigneur, qui « connaît toutes choses » (1 Jn 3, 20), fasse ce qui est bon pour le pape et pour l’Église.
Des chroniqueurs d'horizons variés nous livrent leur regard sur l'actualité chaque matin à 7h20, dans la matinale.
- Le lundi : Stéphane Vernay, directeur de la rédaction de Ouest-France à Paris, et Arnaud Benedetti, rédacteur en chef de La revue politique et parlementaire ;
- Le mardi : Corinne Bitaud, agronome et théologienne protestante, et Marie-Hélène Lafage, consultante en transition écologique auprès des collectivités territoriales ;
- Le mercredi : Clotilde Brossollet, éditrice, et Pierre Durieux, essayiste ;
- Le jeudi : Antoine-Marie Izoard, directeur de la rédaction de Famille chrétienne ; Aymeric Christensen, directeur de la rédaction de La Vie ;
- Le vendredi : Blanche Streb, essayiste, chroniqueuse, docteur en pharmacie, auteure de "Grâce à l’émerveillement" (éd. Salvator, 2023), "Éclats de vie" (éd. Emmanuel, 2019) et "Bébés sur mesure - Le monde des meilleurs" (éd. Artège, 2018), et Elisabeth Walbaum, Déléguée à la vie spirituelle à la Fédération de l'Entraide Protestante.
Suivez l’actualité nationale et régionale chaque jour
RCF est une radio associative et professionnelle.
Pour préserver la qualité de ses programmes et son indépendance, RCF compte sur la mobilisation de tous ses auditeurs. Vous aussi participez à son financement !