Normandie
Les mares sont de petites zones d’eau que l’on trouve à la campagne, dans les forêts ou même parfois en ville. Elles peuvent sembler sans importance, mais en réalité, elles sont très utiles pour la nature. Elles servent d’habitat à de nombreuses espèces d’insectes, d’amphibiens, d’oiseaux et de plantes. Elles aident à retenir l’eau de pluie, à filtrer les polluants et à réguler le climat local. Pourtant, beaucoup de mares disparaissent à cause des constructions et de l’agriculture. Une émission Je pense donc j’agis présentée par Melchior Gormand.
À première vue, une mare peut sembler banale. Et pourtant, ces petites étendues d’eau douce abritent une biodiversité dont peu sont au courant. Entre amphibiens, insectes, oiseaux et plantes rares, la vie est partout, dans l’eau comme autour. Aujourd’hui, face à leur disparition, des associations et des habitants se mobilisent pour les préserver.
Petite étendue d’eau naturelle ou artificielle, qui ne dépasse généralement pas 5 000 m² de surface et reste peu profonde. Elle se remplit naturellement grâce aux pluies ou aux remontées d’eau souterraine. "L’eau d’une mare n’est jamais stagnante : elle fait partie du cycle de l’eau, elle circule, elle vit", explique Emmanuel Régent, naturaliste, fondateur de l'association Biodiversio et auteur de Créer et aménager une mare. Le secret d’une mare en bonne santé c’est la lumière : “il lui faut au moins trois à quatre heures de soleil par jour, sinon la végétation aquatique ne se développe pas correctement” ajoute-t-il.
L’eau d’une mare n’est jamais stagnante.
Une mare, c’est surtout une explosion de vie. Les amphibiens comme les grenouilles, tritons et crapauds y trouvent un lieu de reproduction indispensable. Insectes, mollusques, oiseaux ou petits mammifères y trouvent nourriture et abri. Autour de tous ces animaux, on trouve une flore très variée, roseaux, carex, saules, plantes herbacées, arbustes. “On y trouve une multitude de micro-habitats, chaque espèce y a sa place”, souligne Daphné Marques, coordinatrice régionale du plan régional mare intitulé “Objectif mares” et coordinatrice biodiversité à France Nature Environnement du Centre Val de Loire.
Ce sont bien plus que de simples points d’eau, elles remplissent des fonctions écologiques très importantes, permettant notamment de réguler les eaux de pluie. “Les mares en aval des bassins versants jouent un rôle d’éponge. Elles ralentissent le ruissellement et réduisent les risques d’inondation”, explique Lorenzo Arduino, coordinateur réseau et plaidoyer des zones humides à la SNPN, la Société nationale de protection de la nature. En filtrant naturellement l’eau grâce aux plantes et aux sols, elles participent aussi à la dépollution des milieux.
Pour un moustique, une mare, c’est un enfer.
Leur présence contribue également à lutter contre les îlots de chaleur. “lorsqu'elles sont végétalisées permet de baisser la température de 1 à 2 °C localement par évaporation”, précise Emmanuel Régent. Et contrairement aux idées reçues, elles ne favorisent pas les moustiques, au contraire. “Pour un moustique, une mare, c’est un enfer ! Les larves sont dévorées par d’autres insectes, puis par des chauves-souris ou des hirondelles", rajoute-t-il. Reliées entre elles, les mares forment de véritables couloirs, facilitant les déplacements de l'eau à travers les paysages. “Les actions des uns vont forcément avoir un impact sur les mares des autres”, souligne Daphné Marques.
Cependant, les elles sont en danger. Plus de 50 % d'entre elles ont disparu depuis les années 1950, détruites par l’urbanisation, l’agriculture intensive, le drainage des terres ou les comblements. “J’ai vu des gens combler leur mare parce qu’ils la trouvaient insalubre, c’est tragique", confie Emmanuel Régent, qui en a recréé une près de sa maison. “Aujourd’hui, j’ai une biodiversité incroyable près de chez moi, je dors les fenêtres ouvertes en cette période de grande chaleur et je n’ai pas un seul moustique” ajoute-t-il.
J’ai vu des gens combler leur mare parce qu’ils la trouvaient insalubre, c’est tragique.
Face à ce constat, des mobilisations s’organisent. Depuis 2021, le programme "Objectif Mares" a vu le jour dans plusieurs régions, notamment en Centre-Val de Loire. Sept associations se sont regroupées pour identifier, restaurer et accompagner les propriétaires. “On aide les gens à diagnostiquer l’état de leur mare, on organise des chantiers participatifs, on donne des conseils concrets, et tout ça est financé par le fonds vert de l’État”, explique Daphné Marques. Ces initiatives locales prennent également de l’ampleur au niveau national, à travers les Plans régionaux d’action pour les mares (PRAM).
Il reste tout de même du travail, notamment pour changer les représentations fausses que les gens en ont. “On m’a déjà demandé de venir enlever des grenouilles à cause du bruit”, déplore Daphné Marques. À la SNPN, Lorenzo Arduino insiste, “on essaie de redorer le blason des mares. Ce sont des éléments très locaux, qui débouchent vers des sujets plus larges comme l’eau, le climat ou la biodiversité”
C’est un milieu vivant. Il faut juste le laisser vivre.
Pour ceux qui veulent se lancer, il est possible d'en créer une chez soi, à condition de respecter certaines règles. Beaucoup de lumière, pas de produits chimiques ni de poissons (car ils mangent les larves d’amphibiens), et surtout laisser venir la végétation spontanément. “C’est un milieu vivant. Il faut juste le laisser vivre”, finit Emmanuel Régent.
Cette émission interactive de deux heures présentée par Melchior Gormand est une invitation à la réflexion et à l’action. Une heure pour réfléchir et prendre du recul sur l’actualité avec des invités interviewés par Véronique Alzieu, Pauline de Torsiac, Stéphanie Gallet, Madeleine Vatel et Vincent Belotti. Une heure pour agir, avec les témoignages d’acteurs de terrain pour se mettre en mouvement et s’engager dans la construction du monde de demain.
Intervenez en direct au 04 72 38 20 23, dans le groupe Facebook Je pense donc j'agis ou écrivez à direct@rcf.fr
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