Un début d'année sec en Normandie ? Le point sur la situation hydrologique

Il est tombé 32 millimètres de pluie de moins par rapport aux normales de saison en avril en Normandie. Le département de la Manche a notamment été placé en vigilance sécheresse par la préfecture mercredi 21 mai 2025. En cause, les faibles précipitations depuis plusieurs mois sur la région et des températures en hausse. Les niveaux des cours d’eau et des nappes sont donc bas et poursuivent leur descente. Stéphane Piney, responsable du bureau de l'hydrométrie et de la prévision des crues à la DREAL Normandie, a répondu à nos questions sur RCF Normandie.

Des cumuls pluviométriques inférieurs aux normales saisonnières

RCF : Peut-on parler de sécheresse en Normandie ces derniers mois ?
 

Stéphane Piney : Il faut peut-être utiliser avec précaution ce mot « sécheresse ». Sur les trois derniers mois, on a des cumuls pluviométriques en dessous des normales saisonnières avec des mois quasiment secs, suite à un mois de janvier plutôt pluvieux. Effectivement, on arrive donc à des moyennes saisonnières, à la fois pour le mois d’avril et pour les derniers mois, inférieures aux normales de saison. Excepté sur une partie de notre territoire où les cumuls pluviométriques sur douze mois sont supérieurs aux normales, une large partie de la Normandie passe en dessous des normales sur douze mois cumulés en matière de pluies précipitées.

Des cours d’eau et sols impactés par le manque de précipitations en Normandie

RCF : Cette absence de pluie a-t-elle des conséquences sur le débit des cours d’eau normands ?
 

Stéphane Piney : Oui. La Normandie est à cheval sur deux territoires à la géologie différenciée. D’une part, l’Ouest du territoire normand est situé sur le massif armoricain. Puis le reste du territoire est sur le bassin parisien avec une petite spécificité pour le Pays de Bray. En matière d’hydrologie et de débit des rivières, il y a des comportements hydrologiques assez différenciés entre ces deux espaces. Sur le massif armoricain, à savoir l’ensemble du département de la Manche, l’Ouest de l’Orne et l’Ouest du Calvados, les cours d’eau ne sont pas ou peu soutenus par leurs nappes d’accompagnement. À l’inverse, sur le bassin parisien, sauf sur le pays de Bray qui est une spécificité, les cours d’eau sont largement soutenus par leurs nappes d’accompagnement. Ce qui veut dire que, sur les rivières situées sur le massif armoricain, les débits sont très dépendants de la pluviométrie. Tandis que sur le bassin parisien, les rivières sont fortement soutenues par leurs nappes d’accompagnement, en particulier en Seine-Maritime.

Sur le massif armoricain, les situations sont plutôt sèches pour les cours d’eau pour un mois d’avril.

La situation des rivières est très différenciée sur ces deux territoires au regard de la pluviométrie sur les trois derniers mois. Donc, sur le massif armoricain, les situations sont plutôt sèches pour les cours d’eau pour un mois d’avril. Tandis que sur le bassin parisien et en Seine-Maritime, on arrive encore à des situations de cours d’eau et de débits des rivières supérieures aux normales, en matière de débit, pour un mois d’avril avec le soutien des nappes d’accompagnement qui ont été assez bien rechargées lors des années précédentes.
 

RCF : Qu’observez-vous concernant l’humidité des sols pour le mois d’avril ?
 

Stéphane Piney : Pour l’indice d’humidité des sols, en moyenne mensuelle pour ce mois d’avril, la valeur médiane est de 0,6, ce qui correspond à une médiane de -17 % par rapport aux normales de saison. Ce n’est pas catastrophique mais on a affaire à des sols plus secs qu’habituellement en moyenne sur l’ensemble du territoire normand.