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DÉBAT | Autoroute A69 : quelle issue pour ce chantier ?

DÉBAT | Autoroute A69 : quelle issue pour ce chantier ?

Un article rédigé par Maximé Cossé, Stéphanie Gallet et Melchior Gormand - Radio Notre Dame, le 5 juin 2025 - Modifié le 5 juin 2025
Je pense donc j'agisDécryptage de l'actualité de l'écologie - mai 2025

C'est une histoire qui n'en finit pas. Malgré l’opposition de nombreux militants, et la destruction annoncée de zones humides, de la faune et de la flore locale, les bulldozers devraient reprendre du service dans les prochains jours sur le chantier de l'autoroute A69 entre Toulouse et Castres. Comment le chantier peut-il passer outre la décision de justice ? En quoi est-il marqueur d’un désaveu pour les enjeux environnementaux ? Une émission Je pense donc j’agis, présentée par Stéphanie Gallet et Melchior Gormand.

© Altaf Shah / Pexels© Altaf Shah / Pexels

53 kilomètres, deux fois deux voies pour désenclaver le sud du département du Tarn, et connecter la ville de Castres à celle de Toulouse. Sur leur chemin, forêts, terres agricoles et zones humides. Le Conseil de la Nature parlait en 2022 d’un “anachronisme”, face aux politiques de lutte et d’adaptation au réchauffement climatique.

En face, les collectivités locales défendent l’activité économique du Tarn, et avancent l’ambition de réduire la fréquentation des routes départementales, utilisées pour rallier les deux villes.

Alexandre Poidatz, militant et co-fondateur du collectif Lutte & Contemplation et Justine Guitton-Boussion, journaliste à Reporterre, apportent leur analyse dans l'émission Je pense donc j'agis.

L’A69, à la croisée des chemins politiques, militants et judiciaires

Déjà 15 ans que le chantier de l’A69 a pris la route. Prévu à l’origine pour l’année 2025, c’était sans compter sur ses déboires judiciaires. Dernière péripétie en date, le 28 mai dernier, la Cour Administrative de Toulouse annule les autorisations environnementales du chantier. Face à cette décision, Justine Guitton-Boussion explique que “des sénateurs et des députés ont fait une proposition de loi pour accorder rétroactivement, l'autorisation environnementale”. La journaliste s’interroge sur “la question de la séparation des pouvoirs”.

On va probablement repartir sur une confrontation avec les militants.

Plus encore que sur la Loi Duplomb, la loi de validation est passée de manière inattendue dans l’hémicycle. “Les écologistes et les Insoumis ont déposé une motion de rejet pour afficher leur opposition”, détaille encore Justine Guitton-Boussion. Tous les députés du Centre et de la droite ont voté cette motion, faisant passer le texte directement en commission mixte paritaire, et donc sans débat à l’Assemblée Nationale. Pour la journaliste de Reporterre, “on a l’impression que la Gauche s’est faite piégée”. Sur cette base, et tandis que la loi n’a pas encore été officiellement adoptée, le chantier devrait reprendre dans les prochains jours. Alexandre Poidatz estime que “la stratégie parlementaire de la France Insoumise est que le Conseil constitutionnel aura le dernier mot quant à l’utilisation politique illégale de la motion de rejet, pour faire passer un texte”.  

“On va probablement repartir sur une confrontation avec les militants”, craint Alexandre Poidatz. La décision de la Cour Administratives de Toulouse donne donc trois mois pour faire appel, d’après le militant. “Dans ce laps de temps, le but des militants est que les travaux ne reprennent pas, estime-t-il.

Un sujet environnemental et démocratique

Justine Guitton-Boussion dénonce un problème du droit de l’environnement, et craint que “quand il y aura l’audience en appel pour décider si oui ou non cette autoroute est légale, le risque est que l’autoroute soit déjà terminée. D’après elle, “il est déjà arrivé que d’autres infrastructures soient considérées comme illégales, alors qu’elles terminaient d’être construites”.

Je pense qu’il faut plus de temps de débats et d’échanges sur l'environnement.

Pour pallier le rapport juridique à l’environnement, Alexandre Poidatz estime qu’il faut reprendre les questions environnementales dans le débat public. “Il y a un récit sur l’écologie qui n’a pas atteint l'ensemble de la population, qu’il faut le retravailler pour mieux l’expliquer”, constate le militant écologiste. On est dans une situation de retour de bâton écologique après des années à en parler dans les médias. Et avec ces derniers reculs, on a l’impression de retomber dans une société arriérée, fossilisée, du passé”, reprend-il. Alexandre Poidatz parle d’un sentiment très bizarre, "parce que les responsables politiques se déresponsabilisent de ces sujets lorsqu'ils sont moins discutés dans la réalité".

“Plus que de la communication, je pense qu’il faut plus de temps de débats et d’échanges sur l'environnement, estime Justine Guitton-Boussion. “Il faudrait que les débats aient lieu à l’Assemblée nationale, mais pas que. Il faut débattre à Toulouse, à Castres, et partout ailleurs, pour que l’on sorte des clivages et des clichés sur l’écologie, considère-t-elle. Dans les questions environnementales, la nécessité du débat fait loi. À l'Assemblée nationale comme ailleurs, chacun et chacune doivent faire société, pour que la société puisse faire face à cette trajectoire environnementale, qui peine à changer de route.

© RCF
Cet article est basé sur un épisode de l'émission :
Je pense donc j'agis
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