
LES HISTOIRES DE L'ART - Les Bretons en quête de fraîcheur pourront se rendre à la villa Les Roches Brunes, admirer les œuvres d'Olivier Debré. Peintre peu connu se spécialisant dans l'abstrait, Guillaume Goubert revient sur le travail du peintre des bords de Loire.
Né en 1920, décédé en 1999, Olivier Debré est un peintre abstrait dont l’oeuvre est très impressionnante et l’on ne comprend pas très bien pourquoi il n’a jamais eu la même cote que Pierre Soulages, par exemple. Essayons d’avancer quelques hypothèses.
La première est que le milieu artistique a peut-être regardé d’un mauvais oeil un homme issu d’une grande famille. Son père, Robert Debré, était un très célèbre médecin, l’un des pères de la pédiatrie moderne et qui a donné son nom à un grand hôpital parisien. Son frère Michel a été l’un des principaux rédacteurs de la constitution de la Ve République et premier ministre du général de Gaulle. Deuxième piste, Olivier Debré avait, semble-t-il, un peu de mal à jouer le jeu du marché de l’art. Il rechignait à se séparer des oeuvres qu’il préférait. On dit même que, celles-là, il les dissimulait aux visiteurs de ses ateliers.
Il n'était pas un peintre maudit pour autant. Il ne faut pas exagérer le manque de reconnaissance pour son travail. Olivier Debré est présent dans de nombreux musées. Et, de son vivant, il a reçu des commandes parfois spectaculaires comme celles pour des rideaux de scène, la Comédie française à Paris, l’opéra de Hong Kong et celui de Shanghai. C’est d’ailleurs le sujet d’une autre exposition qui se tient simultanément au Centre de Création contemporaine Olivier Debré à Tours.
Pas facile de décrire le style d'Olivier Debré ! L’exposition de Dinard montre comment il a cherché sa voie au lendemain de la Seconde guerre mondiale. Il est passé par une période assez « maçonnée », travaillant la peinture au couteau, un peu comme Nicolas de Staël à la même époque. Puis il est passé à une approche où ses toiles étaient constituées de grands à-plats de couleurs presque délavées, rehaussées par quelques empattements formant des reliefs contrastés.
Il peignait presque toujours en extérieur. Olivier Debré est un peintre de la pleine nature et du plein ciel. Il cherche à traduire la lumière d’un paysage. Comme il travaillait souvent de grands formats, il n’était pas possible de placer la toile sur un chevalet. Il la posait donc sur le sol, où il travaillait avec des pinceaux monté sur de longs manches. Olivier Debré voyageait beaucoup. Il peignait en Grèce, en Norvège, en Thaïlande, au Japon, cherchant chaque fois à traduire la coloration de ces pays. Mais il avait un attachement tout particulier à la Touraine, lieu d’enracinement de sa famille.
Il s'installait souvent sur les bords de la Loire, à proximité d’Amboise. Il s’y rendait dans un vieux break Ford de couleur jaune où il entassait son matériel. Le capot de la voiture lui servait de palette pour mélanger ses couleurs. Il arrivait que la pluie se mette à tomber, laissant sa trace sur la toile pas encore sèche. Ses enfants racontent qu’Olivier Debré n’arrêtait jamais de peindre. Il travaillait souvent sur plusieurs toiles simultanément. Dans sa salle de bains, il utilisait son blaireau pour dessiner sur le miroir avec de la mousse à raser. Ou encore avec son doigt sur la buée du pare-brise de sa voiture. Il a laissé derrière lui une oeuvre considérable qui reste largement à découvrir.
Exposition à voir à la Villa Les Roches Brunes à Dinard, jusqu’au 2 novembre
Chaque mardi à 8h45, Guillaume Goubert et Simon de Monicault présentent une exposition ou un événement qui raconte l'histoire de l'art.
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