Le film de la semaine : Un simple accident, de Jafar Panahi
LA CHRONIQUE CINEMA - Aujourd’hui sort en salles la Palme d’or, décernée au film Un simple accident du réalisateur iranien Jafar Panahi.
Affiche du film Un simple accident © DRLes conditions du tournage
Quelques mots sur Jafar Panahi. Il vit en Iran où il a réalisé tous ses films, la majorité clandestinement puisqu’il a été condamné en 2010 à 20 ans d’interdiction de réaliser. Il a aussi été emprisonné à plusieurs reprises dont la dernière fois en 2022 pour s’être opposé à l’arrestation du réalisateur Mohammad Rasoulof. C’est un cinéaste qui n’a eu de cesse de dénoncer les privations de liberté dans son pays et le sort des opposants au régime. En interviews, il se défend d’être "courageux". Le cinéma est sa "raison de vivre" dit-il et on peut dire qu’il tourne comme il respire. Pour ce dernier film, écrit à partir des témoignages de ses codétenus, il a imaginé une fable d’une force inouïe, la plus politique de toutes assurément ! mais profondément humaniste, où se mêle magistralement le tragique, l’humour et la poésie.
Notre humanité interrogée
L’histoire, c’est celle de Vahid, mécanicien dans un garage, il croit reconnaitre un de ses anciens tortionnaires au bruit de son pas.
Il l’enlève, le séquestre dans sa camionnette et part à la recherche d’anciens prisonniers pour s’assurer de son identité. Montent à bord une mariée en robe blanche, son futur époux, une femme photographe et un ami. Jafar Panahi filme cet improbable attelage comme un véritable thriller. La tension est palpable, viscérale, elle traverse tout le film, c’est celle du combat entre le Bien et le Mal, entre la vie et la mort. Car cet homme a pratiqué des actes abominables (on ne les voit pas, tout est raconté seulement). Mais aujourd’hui il a une femme, un enfant et bientôt un bébé à naitre.
Les victimes de cet ancien bourreau font face à des questions existentielles. Que faire face à celui qui vous a torturé ? Comment rester humain et ne pas sombrer dans le cycle de la vengeance ? Est-il possible de pardonner à son pire ennemi ?
A travers toutes ces questions que se posent les personnages, Panahi interroge notre propre humanité, comme dans l’évangile d’hier où Jésus réprimandait ses disciples Jacques et Jean
qui voulaient « ordonn[er] qu’un feu tombe du ciel et (…) détruise ?» ceux qui leur avaient simplement fermer leur porte.
Le film va représenter la France dans la prochaine course aux Oscars, dans la catégorie "meilleur film international". International, c’est-à-dire non américain ! C’est au titre de sa co-production principalement française que le film est présenté par notre pays. La dernière fois que la France a remporté cet Oscar, c’était en 1993 pour Indochine de Régis Wargnier. Il y a plus de 30 ans donc ! Et pour l’instant, il faut attendre décembre pour connaitre la liste finale des 5 films nommés dans cette catégorie. D’ici là, vous pouvez donc allez voir en salles Un Simple accident, de Jafar Panahi, Palme d’or 2025 au Festival de Cannes.


Le mercredi c'est le jour où sortent les nouveaux films au cinéma. C'est aussi le jour pour écouter, à 8h45, La Chronique cinéma de Valérie de Marnhac !


