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L’Iran au bord du basculement : l’analyse d’un héritier Pahlavi

L’Iran au bord du basculement : l’analyse d’un héritier Pahlavi

Un article rédigé par Philomène Dubois - le 23 juin 2025 - Modifié le 24 juin 2025
Le Grand TémoinIran : une restauration de la monarchie est-elle envisageable ?

Un changement de régime en Iran est-il envisageable ? La restauration de la dynastie des Pahlavi est-elle possible ? L’intervention de l’armée américaine dans la nuit du samedi 21 au dimanche 22 juin laisse présager un possible affaiblissement du régime iranien. Pour décrypter la situation, analyse de Christian Pahlavi, 84 ans, universitaire. Il est le fils d’Ali Reza Pahlavi, frère du Shah, et de Christiane Szewski, une Française.

 

Christian Pahlavi © RCF Notre-DameChristian Pahlavi © RCF Notre-Dame

La dynastie pahlavie est issue d’une famille modeste qui s’est emparée du trône iranien au début des années 1920. Leur nom, « Pahlavi », fait référence à l’identité préislamique de la Perse dans la langue persane, marquant ainsi une volonté claire de retour aux racines et à un nationalisme iranien.

L’Iran, un pays prestigieux

« On ne peut pas connaître l’Iran sans aimer l’Iran passionnément », s’émeut Christian Pahlavi. Le fils du frère du Shah d’Iran voue une admiration sans bornes à ce pays qu’il considère comme l’un des plus anciens berceaux de la civilisation. L’universitaire établit une analogie avec la chimie pour évoquer la profondeur historique de certaines nations. « L’Iran est un corps simple », explique-t-il, à l’instar de la Chine, de l’Égypte ou de la Grèce, du fait de son histoire plurimillénaire. « C’est un pays prestigieux. Tous les voisins de l’Iran sont des pays apparus au XIXe ou au XXe siècle. L’Iran, au bas mot, a 2 000, 3 000, 4 000 ans… on ne sait plus, peut-être 5 000 ans. C’est vraiment un pays ancestral. »

On ne peut pas connaître l’Iran sans aimer l’Iran passionnément 

À la croisée des chemins, l’Iran a nourri les cultures voisines, notamment celle de la Russie. « Les racines de la Russie sont en Iran », affirme Christian Pahlavi, qui rappelle que la culture russe s’est largement inspirée de celle de la Perse. De même, il souligne l’ancienneté des liens entre l’Iran et la diaspora juive, notamment par le biais du persan juif, langue historiquement partagée et encore vivante dans une large partie de l’Asie et de l’Europe centrale.

Un demi-siècle d’obscurantisme

Cette société millénaire et rayonnante, telle que décrite par le descendant de la dynastie Pahlavi, fait pourtant face à ce qu’il qualifie de « demi-siècle d’obscurantisme ». Ce déclin, selon lui, est lié à l’exploitation politique de la religion, et à la manière dont le régime s’est radicalisé. « L’Iran a voulu tromper son monde en prétendant être plus musulman que les musulmans, plus royaliste que le roi. C’est le chiisme », affirme-t-il. Une stratégie qu’il qualifie de « ruse nationaliste ».

 L’Iran a voulu tromper son monde en prétendant être plus musulman que les musulmans, plus royaliste que le roi. C’est le chiisme 

La seconde étape de ce déclin, selon lui, est marquée par l’arrivée de l’ayatollah Khomeiny, qui a profondément transformé la société iranienne. Christian Pahlavi se souvient de la violence qui a suivi : « J’ai tout de suite compris ce qui se passait. Mais je trouve qu’on a été bien lents à réagir. Les cris ne sont parvenus à nos tympans que très tardivement. »  Il décrit cette révolution comme une « crise de nerfs » collective ayant abouti à l’instauration d’un totalitarisme islamique aux conséquences durables.

Malgré tout, l’universitaire garde espoir. « L’Iran, le vrai, a des ressources infinies de sagesse, de tolérance, de finesse et d’humour. Quand le cauchemar sera fini, il sera vraiment fini. »

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Cet article est basé sur un épisode de l'émission :
Le Grand Témoin
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