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Festival de Cannes : "Un simple accident" de l’Iranien Jafar Panahi, Palme d’or : une Palme plus politique que cinématographique

Festival de Cannes : "Un simple accident" de l’Iranien Jafar Panahi, Palme d’or : une Palme plus politique que cinématographique

Un article rédigé par Pierre Germay, au Festival de Cannes - le 24 mai 2025 - Modifié le 26 mai 2025

En décernant ce samedi soir sa Palme d’or du 78e Festival de Cannes à Un simple accident du cinéaste iranien Jafar Panahi, lui-même condamné par la justice de son pays en 2010, le jury a choisi de récompenser un cinéma qui ose déranger et dénoncer.

Jafar Panahi a reçu la Palme d'or samedi 24 mai. © Pierre GermayJafar Panahi a reçu la Palme d'or samedi 24 mai. © Pierre Germay

"Un film d’un espoir fou et d’une nécessité folle"

La présidente du jury, l’actrice française Juliette Binoche, l’a rappelé sur la scène du Grand Théâtre Lumière puis devant la presse : "C’est un film qui émerge d’un milieu de survie, une force qui permet de transformer les ténèbres en pardon, en espérance d’une vie nouvelle. C’est un film d’un espoir fou et d’une nécessité folle".

Jafar Panahi : "Aucun pouvoir ne pourra arrêter ce chemin"

Jafar Panahi, le cinéaste iranien palmé d’or s’est lui aussi exprimé : "Personne ne peut nous dire ce qu’on peut porter ou non comme vêtements, ce qu’on peut dire ou ce qu’on peut faire ou ne pas faire". Ce que cette Palme d’or va changer ? "Je suis d’abord content pour tous les Iraniens. Le cinéma de mon pays a vécu beaucoup de choses pour en arriver là aujourd’hui. Aucun pouvoir ne pourra arrêter ce chemin".

Un simple accident raconte le martyre des prisonniers iraniens à travers une épopée en van où un homme croit bien reconnaître, au petit grincement de la prothèse de sa jambe, l’un de ses anciens tortionnaires lorsqu’il fut arrêté juste pour avoir osé réclamer son salaire impayé.

Un acte de résistance

Condamné en 2010 par la justice iranienne et emprisonné pour propagande contre le régime mais libéré en 2023 après une grève de la faim et de la soif, Jafar Panahi a tourné clandestinement dans son pays. Le cinéaste doit sa Palme d’or plus à l’acte de résistance face au pouvoir de Téhéran qu’il pose avec son film qu’à ses qualités cinématographiques intrinsèques. Mais qu’importe, le Festival de Cannes lui offre de témoigner pour toutes celles et ceux qui ne peuvent le faire. C’est cela aussi, le Festival de Cannes.

L’agent secret, l’autre vainqueur

L’autre vainqueur du Festival, c’est le film brésilien L’agent secret de Kléber Mendosa Filho. Il reçoit deux prix : celui de la mise en scène et celui du meilleur acteur à Wagner Moura dans le rôle de Marcelo, un homme d'une quarantaine d'années au passé obscur, qui tente de renouer avec son jeune fils. Le tout avec, en toile de fond, la dictature brésilienne des années 1970. Et donc encore un sujet dont le fond flirte avec la dénonciation d’un pouvoir autoritaire.

Un deuxième prix du scénario pour les Dardenne

Quant aux frères Dardenne, rappelés par le Festival alors qu’ils s’apprêtaient à monter à bord de l’avion les ramenant à Bruxelles avec leurs cinq comédiennes, ils ont reçu le prix du scénario, 17 ans après l’avoir déjà reçu pour Le silence de Lorna. Comme l’a rappelé Luc Dardenne, "un scénario, c’est bien. Mais sans les cinq merveilleuses actrices ici présentes dans la salle, il n’est plus rien".

Prix d’interprétation féminine

Le prix d’interprétation féminine est allé à la jeune actrice française Nadia Belleti pour La petite dernière d'Hafsia Herzi. Un film sur l’émancipation d’une jeune fille de banlieue qui fait le grand saut pour suivre les cours à l’université, à Paris.

On l’aurait plus volontiers vue César du meilleur espoir féminin, en février prochain, que déjà prix d’interprétation à Cannes aujourd’hui, un prix qu’auraient pu revendiquer d’autres actrices, notamment les Iraniennes du film de Woman and child de Saeed Roustaee.

Les autres prix

Les autres prix se partagent entre Sirat du réalisateur franco-espagnol Olivier Laxe qui reçoit le prix du jury ex-aequo avec Sound of Falling de la cinéaste allemande Mascha Schilinski, et Valeur sentimentale du réalisateur norvégien Joachim Trier, soit des films qui n’ont pas vraiment marqué les esprits et qui n’étaient pas nécessairement attendus au palmarès.

Enfin, à la demande expresse de Madame la présidente Juliette Binoche, le film chinois Resurrection a obtenu un prix spécial… que personne ne comprend : ça tombe bien, personne n’a compris ce film post-apocalyptique grandiloquent.

Un Festival d’un cru moyen

Mis à part l’enthousiasme soulevé par la Palme d’Or attribuée au cinéaste iranien Jafar Panahi pour les raisons expliquées, voilà un palmarès qui ne restera pas dans les anales comme étant d’un grand cru. C’est ainsi que se clôture cette 78e édition du Festival de Cannes, entre cinéma politique, social et glamour, un glamour qu’un nouveau dress code de dernière minute n’aura pas annihilé.

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