Le rêve serait-il une porte qui ouvre sur notre inconscient ? Fantasmés dans les arts, interprétés à travers l’histoire de l’humanité comme des signes divins, les rêves sont des résidus de la personnalité, enfouis dans l’ombre. Pourquoi fascinent-ils tant ? Comment les interpréter ? Une émission Je pense donc j’agis présentée par Melchior Gormand.
Freud disait que “le rêve est la voie royale qui mène à l’inconscient”. Une voie que l’esprit emprunte chaque nuit passée, qui parfois laisse des traces au réveil, ou qui disparait, à peine sorti du sommeil.
Expression de l’inconscient, résidu des pensées de la veille, ou traitement cathartique des émotions, le rêve, universel à tous les humains, peut être interprété de différentes manières. Selon la culture et le vécu, son interprétation diffère à travers le monde. Quelle qu’elle soit, elle donne à chacun les clés pour mieux se comprendre.
“Un rêve est une production psychique qui advient pendant le sommeil, sous la forme d’une suite d’images, et qui peut être partiellement mémorisée”, explique Albert Constant-Piot, doctorant à l’Université de Bretagne-Occidentale à Brest, et au Laboratoire d’Anthropologie Sociale, également membre du comité scientifique de l'exposition Le temps d'un rêve au Musée des Confluences de Lyon. Une mécanique biologique dont le sommeil et le cerveau ne peuvent se passer. “Sans le rêve, qui est un phénomène de relâchement psychique et physiologique, on peut s’enfermer dans nos propres tourments, dans des scénarios, et devenir fous”, estime Chantal Motto, psychothérapeute jungienne. Le rêve est nécessaire à une bonne santé mentale et physique.
Un rêve est une production psychique qui advient pendant le sommeil, sous la forme d’une suite d’images, et qui peut-être partiellement mémorisée.
“Longtemps, je subissais ma vie. Je ne faisais que répondre à ce qu’il se passait, et je faisais des rêves absurdes”, témoigne Matthieu, un auditeur. “Quand j’ai pris la main sur ma vie, que j’ai commencé à écrire, à avoir une vie calme, j’ai commencé à faire des rêves qui voulaient dire quelque chose”, raconte-t-il. Auteure du livre Déchiffrer ses rêves pour bien guider sa vie, Chantal Motto réagit : “le rêve est à la fois notre imaginaire, et la partie la plus profonde de notre esprit, qui a besoin de s’exprimer avec toutes les possibilités, toute notre fantaisie, et toutes nos limites par rapport à notre conscient”, reprend Chantal Motto. La psychothérapeute définit ainsi l’inconscient, moteur de cet onirisme, à “un grand réservoir des choses qui font ce que nous sommes”.
“J’ai beaucoup rêvé quand j’avais des problèmes. Aujourd’hui, je rêve très peu”, raconte un autre auditeur, Jean-Louis. “Le rêve est vraiment une fonction biologique du cerveau. Il faut distinguer la mémoire du rêve, et le phénomène onirique en lui-même”, tempère Albert Constant-Piot. Selon le chercheur, le cerveau rêve pratiquement toutes les nuits, mais il arrive souvent que le sujet ne s’en rappelle pas le matin.
“L'interprétation des rêves peut nous faire peur, parce que ça nous fait pénétrer dans notre inconscient. Pour l’avoir vécu moi-même, pénétrer dans son inconscient, c’est un peu comme si on rentrait dans un puits profond, face à l’inconnu. Et l’inconnu fait peur, c’est humain”, raconte Jean-Louis. Chantal Motto acquiesce, et soutient qu’il est nécessaire pour se rassurer de faire appel à “un thérapeute qui est le décodeur, le médiateur, qui va permettre d’expliquer les symboles. Par exemple, la maison a la symbolique de la structure, les vêtements symbolisent la personnalité, le chien peut être la symbolique de l’amitié".
“Pour interpréter, il faut être très prudent”, estime Chantal Motto. “Un travail sur le rêve est toujours un travail d’hypothèse. Le rêveur trouve, lui-même, les symboles qu'il peut décrypter dans le rêve, et les met en corrélation avec sa vie”, explique-t-elle. Albert Contant-Piot, qui a réalisé une thèse sur le sujet en Papouasie-Nouvelle-Guinée, parle d’un phénomène “qui est vécu extrêmement différemment en fonction de l’ensemble socio-culturel auquel on appartient”. “Le rêve fait appel à tout un bagage, un patrimoine culturel, qui va nous permettre d’expliquer ses symboliques”, renchérit Chantal Motto.
Ma recommandation est d’utiliser le rêve comme un support qui va nous aider à mieux nous connaître.
Parmi les interprétations possibles, le cauchemar laisse “une empreinte vive en mémoire, si vive qu’elle nous réveille”, décrypte Albert Constant-Piot. “On peut avoir l'impression, lorsqu’on est submergé de cauchemars, de n’avoir que des cauchemars. On a en fait une bien meilleure mémoire des cauchemars que d'autres rêves”, continue-t-il. “Le cauchemar est comme une grosse cloche qui sonne la nuit pour nous rappeler de travailler sur certaines choses de notre inconscient”, image Chantal Motto, citant une phrase de Marie-Louise Von Franz, psychologue et élève de Carl Gustav Jung. “En explorant le sens des cauchemars, en rentrant dans ces profondeurs pas très agréables, on constate qu’au bout d’un moment, les cauchemars disparaissent”, reprend la psychothérapeute.
"Ma recommandation est d’utiliser le rêve comme un support qui va nous aider à mieux nous connaître, à mieux investiguer qui nous sommes”, conseille Chantal Motto. Le rêve et ses symboles, essentiels à nos nuits les plus profondes, est le moyen d’ouvrir les yeux, et de découvrir, un peu plus chaque jour, les secrets qui se cachent dans les méandres de l’âme.
Cette émission interactive de deux heures présentée par Melchior Gormand est une invitation à la réflexion et à l’action. Une heure pour réfléchir et prendre du recul sur l’actualité avec des invités interviewés par Véronique Alzieu, Pauline de Torsiac, Stéphanie Gallet, Madeleine Vatel et Vincent Belotti. Une heure pour agir, avec les témoignages d’acteurs de terrain pour se mettre en mouvement et s’engager dans la construction du monde de demain.
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