JavaScript is required
Accueil
Piqure de rappel : le moustique tigre, risque sanitaire et prévention

Piqure de rappel : le moustique tigre, risque sanitaire et prévention

Un article rédigé par Maxime Cossé et Jean-Baptiste Labeur - RCF, le 10 juin 2025 - Modifié le 11 juin 2025
Le dossier de la rédactionTout savoir sur le moustique tigre

Présent en France depuis deux décennies, le moustique tigre inquiète de plus en plus sur le plan sanitaire, car il est vecteur de maladies potentiellement graves. Mais des techniques pour lutter contre sa prolifération permettent de limiter son impact.

© Pixabay © Pixabay

L’été, le retour de la chaleur, les repas dehors, les fenêtres ouvertes la nuit. Et puis le retour du moustique tigre. Pendant cette période, c'est l'ennemi numéro un, capable de gâcher vos après-midi et soirées, aussi bien en ville qu’à la campagne. 

Le moustique Aedes albopictus, de son nom latin, est implanté dans 81 départements en France métropolitaine, soit désormais 84 % du territoire. Mais il est aussi présent à la Réunion ou encore Mayotte. Arrivé d’Asie du sud est, il s’est installé en métropole, il y a une vingtaine d'années, et fait preuve d'une progression exponentielle. Son portrait-robot avec l'entomologiste Benoît Gilles.

Le moustique tigre vie au dépend des humains.  

« Le moustique tigre a la particularité d'être de petite taille et zébré, noir et blanc, d’où son nom de moustique tigre », explique Benoît Gilles. « Il vole et pique le jour, comme la nuit, et, contrairement à beaucoup d'autres espèces de moustiques, il ne fait pas de bruit quand il vole », explique le chercheur. « Aujourd'hui, il a conquis une grosse partie de la France, notamment la moitié sud », précise-t-il, constatant d'ailleurs que « chaque année, il gagne des villes, favorisé par les activités humaines, mais aussi par le réchauffement climatique, qui lui offre des conditions plus favorables, notamment l'hiver où il fait beaucoup moins froid qu'avant »

Il vole et pique le jour, comme la nuit, et, contrairement à beaucoup d'autres espèces de moustiques, il ne fait pas de bruit quand il vole

Ce rapport aux activités humaines, aussi dit anthropologique, lui assure une adaptation à nos latitudes sur le long terme. Localement, il vit dans un périmètre de 150 mètres autour de son lieu de naissance. Il est à la recherche de proies humaines en détectant du CO2 émis, ou de l’acide lactique. "Une fois nourrie de sang, la femelle recherche la présence d’eau stagnante pour se reproduire", détaille Benoît Gilles, précisant que peu d’eau lui suffit. "On le retrouve souvent autour des habitations, car il se contente de coupelles ou d'arrosoirs avec un peu d’eau au fond, d’une gouttière après une pluie. Les orages sont propices à son installation rapide. Il se développe d’ailleurs en une semaine à dix jours quand il fait chaud."

Des démangeaisons jusqu'à la dengue et le chikungunya.

« Le moustique tigre, présent en métropole, transmet plusieurs virus, en particulier la dengue et le chikungunya », précise Grégory Lambert, responsable du pôle Lutte préventive au sein de l'Entente interdépartementale pour la démoustication du littoral méditerranéen. Tous les ans, la dengue circule un peu partout dans le monde. « Depuis quelques années, il y a une circulation mondiale qui est très importante », constate l’entomologiste. Il souligne que « la dengue, d'une part, d'autre part le chikungunya, toujours en circulation sur l'île de La Réunion, peuvent être transmis par le moustique tigre ». Avec la présence et le développement du moustique tigre en France, « si une personne porteuse de ce virus revient de ces territoires dans l’Hexagone, il y a un risque que le moustique tigre soit infecté par le virus », résume Gégory Lambert. En conséquence, le moustique transmet la maladie, et peut être à l'origine d’une épidémie. « Ce risque n'existait pas avant l’arrivée du moustique tigre. Depuis 2022 surtout, on voit des cas de dingues, et, potentiellement, de chikungunya se développer chaque année dans nos régions », s’alarme le chercheur. 

Le moustique tigre, présent en métropole, transmet plusieurs virus, en particulier la dengue et le chikungunya

Le nombre de cas de dengue et de chikungunya « importés » aurait donc explosé : plus de 1.000 cas de dengue et plus de 900 de chikungunya récemment recensés. L’an dernier, seuls 30 cas de chikungunya « importés » l’an dernier avaient été recensés. L’apparition de gros foyers de dengue est anticipée depuis plusieurs étés. L’agence sanitaire, Anses, estimait l’an passé la probabilité d’une épidémie transmise par ce moustique dans les cinq prochaines années à 6 ou 7 (sur une échelle de 9).

Des maladies plus rares mais risquées

« Mais il y a aussi d'autres maladies possibles », rapporte Grégory Lambert. « Le virus West Nile, lui, circule en Europe, mais est assez peu pathogène en France. On a eu beaucoup de cas en Italie, dans d'autres pays européens, un peu plus à l'est, et quelques cas jusqu'à Bordeaux », détaille-t-il. « La nouveauté, ce sont les maladies qui peuvent être transmises par le moustique tigre, dans les nouvelles zones colonisées par l'espèce, et sur lesquelles on a finalement assez peu de recul », s’inquiète l’entomologiste. 

La nouveauté, ce sont les maladies qui peuvent être transmises par le moustique tigre, dans les nouvelles zones colonisées par l'espèce

En plus de la dengue et du chikungunya, « il y a aussi le virus Zika, qu’on a vu circuler au Brésil, je crois que c’était en 2016. Quelques années après, en 2018 ou 2019 dans le sud de la France, on a vu 4 ou 5 cas de Zika transmis par les Aedes albopictus. Ça, c'est nouveau », constate Grégory Lambert. Si ces trois virus sont ceux dont on parle le plus, les scientifiques s'intéressent moins aux autres, car, soit, ils sont très peu pathogènes pour l'homme, soit, d'autres moustiques les transmettent. « S'il y avait un risque épidémique, peut-être qu'on l'aurait déjà vu », assure le chercheur.

Cartes de présences des moustiques tigres en France métropolitaine, au 1er janvier 2025. ©  Ministère du Travail, de la Santé, des Solidarités et des Familles.
Carte de la présence du moustique tigre en France au 1er janvier 2025. En rouge les départements colonisés. Crédit : ministère du Travail, de la Santé, des solidarités et des familles.

Comment se préserver du moustique tigre ?

Pour lutter contre ces cas importés, lorsqu’ils sont détectés, des opérations de démoustication d’ampleur sont déclenchées autour du lieu de vie des patients, par arrêtés préfectoraux. Autres techniques, les lotions anti-moustiques et les insecticides. Il existe aussi des pièges plus ou moins efficaces, mais la meilleure option est la prévention, en supprimant le maximum les possibilités de ponte de l’insecte, indique Rémi Foussadier, responsable de l’Entente interdépartementale pour la démoustication d’Auvergne-Rhône-Alpes. « Le développement larvaire de tous les moustiques est un développement aquatique. Les femelles vont pondre leurs œufs, pas sur l'eau, mais à proximité. Ces œufs seront ensuite submergés », résume-t-il.

L'entomologiste estime donc que « pour lutter contre le moustique tigre, il faut rendre inaccessibles ces zones de ponte, même si on veut garder de l'eau, et éviter d'avoir une prolifération de larves trop importantes, et donc une production d'adultes ». Il est possible de couvrir les récupérateurs d'eau pluviale par une moustiquaire, ainsi que d’évacuer l’eau des gouttières, et des descentes de chenaux en la comblant avec du gros granulat, voire du béton. c'est suffisant. « Curer ces chenaux, mettre du sable dans ces coupelles, tous ces gestes du quotidien peuvent permettre d'éviter la prolifération du moustique tigre », souligne Rémi Foussadier. « Et comme le moustique tigre ne se déplace pas beaucoup, une action concertée dans le voisinage peut avoir encore plus d’effet », souligne Benoît Gilles.

Pour lutter contre le moustique tigre, il faut rendre inaccessibles ces zones de ponte

« Pour avoir moins de moustiques tigre dans un quartier, il faut travailler avec les voisins, et définir où sont les petits points d'eau stagnante. Le moustique ne vole pas plus de cent à cent-cinquante mètres », explique Rémi Foussadier. « Quand on en a, c'est que ça vient des maisons d'à côté, donc c’est à chacun de faire attention pour que tout le monde puisse profiter de son jardin de manière sympathique, l'été », reprend-il. « Moi, j'habite en centre-ville d'Angoulême. Cette année, on n'a pas de moustiques, je suis content. Ça veut peut-être dire que les voisins ont été sensibilisés », se rassure l’entomologiste. 

Le réchauffement climatique devrait permettre au moustique tigre de coloniser complètement le territoire français. Seule une partie de la Bretagne, la Normandie et quelques départements de l’Est et du Nord en sont pour l’instant exempts.

Le dossier de la rédaction © RCF
Cet article est basé sur un épisode de l'émission :
Le dossier de la rédaction
Le dossier de la rédaction © RCF
Découvrir cette émission
Cet article vous a plu ?
partager le lien ...
Qui sommes-nous ?

RCF est créée en 1982, à l'initiative de l'archevêque de Lyon, Monseigneur Decourtray, et du Père Emmanuel Payen. Dès l'origine, RCF porte l'ambition de diffuser un message d'espérance et de proposer au plus grand nombre une lecture chrétienne de la société et de l'actualité.

Forte de 600.000 auditeurs chaque jour, RCF compte désormais 64 radios locales et 270 fréquences en France et en Belgique. Ces 64 radios associatives reconnues d'intérêt général vivent essentiellement des dons de leurs auditeurs.

Information, culture, spiritualité, vie quotidienne : RCF propose un programme grand public, généraliste, de proximité.Le réseau RCF compte 300 salariés et 3.000 bénévoles.

RCF
toujours dans
ma poche !
Téléchargez l'app RCF
Google PlayApp Store
logo RCFv2.14.0 (21796db) - ©2024 RCF Radio. Tous droits réservés. Images non libres de droits.