Paris 2024 : pourquoi les moustiques tigres pourraient-ils gâcher la fête ?
Chikungunya, dengue ou encore Zika. Les cas de maladies importées des régions tropicales pourraient bien se multiplier après les Jeux olympiques. Les 15 millions de visiteurs attendus à Paris pendant la quinzaine pourraient bien accélérer la prolifération des moustiques-tigres en France et en Europe. Si un plan de lutte se joue à l’échelle nationale, la solution la plus efficace reste “l’action à la source”.
La sécurité, les transports, le tourisme, et maintenant… les moustiques-tigres ? À neuf semaines des Jeux olympiques de Paris, c’est un nouvel enjeu de santé publique auquel font face les organisateurs. La prolifération des moustiques-tigres inquiète. 90 % du territoire français est en vigilance rouge, orange ou pourpre aux Aedes albopictus, nom scientifique de ces petites bêtes venues des tropiques.
Des flux touristiques pendant les JO
Ils ne représentent aucune nation, n’ont pas été invités, mais ce sont bien eux qui pourraient venir en nombre. Les moustiques-tigres inquiètent les autorités à quelques semaines des Jeux olympiques. Pour l’Agence régionale de santé, la lutte contre le moustique devient une priorité, tandis que selon Vigilance Moustique, les Jeux olympiques sont “une source d’inquiétude”. “Les flux touristiques vont augmenter le risque d’apparition de cas importés de dengue, chikungunya ou de zika”, précise l’organisme.
Selon le ministère de la Santé, début 2024, 78 départements sont colonisés par le moustique vecteur Aedes albopictus, dont les départements d’Île-de-France. D’abord observé dans le sud, il y a une vingtaine d’années, le moustique tigre gagne du terrain, et s’étend très largement vers le nord. Seules les régions de l’extrême-nord de la France sont, pour l’instant, épargnées.
Des inquiétudes observées tôt cette année
Deux facteurs accélèrent l’apparition des moustiques tigres chaque année : l’arrivée de la chaleur et les eaux stagnantes. Les précipitations de ces derniers jours combinées à la remontée des températures favorisent la prolifération de la petite bête. “Toutes ces précipitations, qui sont tombées, ont permis et vont encore permettre l'éclosion des œufs. Progressivement, on va voir apparaître des moustiques adultes de moustiques”, explique Jean-Claude Mouret, coordinateur opérationnel de l'Entente interdépartementale de démoustication.
Avant de poursuivre : “c'est un moustique qui affectionne particulièrement les petits récipients [...] C'est pour ça qu'il faut être très vigilant, et notamment quand nous sommes dans une période comme actuellement, où il y a quand même pas mal de précipitations et de perturbations".
Pourquoi est-il dangereux ?
L’Aedes albopictus est avant tout un moustique comme les autres. Reconnaissable à ses rayures noires et blanches sur tout le corps ainsi que sur les pattes, le moustique tigre s’avère dangereux lorsqu’il est porteur d’une maladie. “Le chikungunya, la dengue, le virus zika sont des maladies qui peuvent être transmises par le moustique, à condition que celui-ci pique une personne qui serait porteuse de ces virus”, assure Jean-Claude Mouret.
Selon le ministère de la Santé, depuis le 1er janvier 2024, plus de 1 679 cas de dengue ont été importés en métropole, contre 131 cas sur la même période en 2023 (chiffres arrêtés aux 23 avril 2024).
Face à la situation de plus en plus préoccupante d’années en années, les agences régionales de santé se sont vu attribuer, depuis 2020, la responsabilité de la surveillance entomologique et d’intervention.
Comment lutter contre le moustique tigre ?
Cependant, chaque Français, a son échelle, peut aussi intervenir. “On appelle ça l'action à la source”, précise Jean-Claude Mouret. Alors que le moustique se développe surtout en zone urbanisée, “là où il y a des tout petits récipients”, le rôle du particulier est prépondérant. “On cite souvent la coupelle du pot de fleurs, le récupérateur d'eau de pluie, le pneu usagé”.
Grâce à des gestes simples, efficaces, chacun peut limiter la prolifération et le développement des moustiques tigres. “Par exemple, une coupelle de pot de fleurs, soit on la vide tous les trois, quatre jours, soit on l'ensable quand on ne peut pas la vider pour éviter qu'il y ait stagnation de l'eau. Un récupérateur d'eau de pluie, on va pouvoir le grillager avec un grillage moustiquaire pour éviter que la femelle ponde ou ne puisse s'envoler. Un pneu usagé, s'il ne sert à rien, il faut l'éliminer. Tous ces gestes, vider, grillager, supprimer l'inutile, couvrir, sont des gestes vraiment très importants”, conclut finalement le coordinateur opérationnel de l'Entente interdépartementale de démoustication.
Pour aller plus loin
Suivez l’actualité nationale et régionale chaque jour
- Santé
Rhône
26 septembre 2023
RCF vit grâce à vos dons
RCF est une radio associative et professionnelle.
Pour préserver la qualité de ses programmes et son indépendance, RCF compte sur la mobilisation de tous ses auditeurs. Vous aussi participez à son financement !