Pré-rentrée des enseignants : "des annonces dans la précipitation et l'impréparation"

En cette rentrée 2025, “le sentiment est toujours le même : une impression de précipitation et d'impréparation. On est à nouveau face à une liste de nouveautés à accomplir pour l'École qui porte beaucoup de choses. Mais on n'a pas forcément le temps ni les moyens de préparer tout ce qui doit être fait pour cette rentrée” regrette l’enseignante. 

Quant aux nouveaux programmes qui entrent en vigueur en cycle 1 et 2, ils ne sont pas accompagnés de formation. Séverine Vuillaumier prend un exemple qui fait bondir les instituteurs : “l’introduction des fractions dès le CE1 alors qu’actuellement cela se fait en CM1. On ne comprend pas pourquoi le gouvernement ne laisse pas le temps aux enfants d’atteindre plus de maturité.”  

Il demeure un élément positif parmi ces annonces : l’arrivée dans les écoles de cours d’éducation à la vie affective et sexuelle. Des programmes de prévention dédiés à “faire comprendre aux enfants que leur corps leur appartient”. “Une vraie avancée saluée par le corps enseignant qui a désormais un programme édité, encadré avec des documents d’accompagnement". Mais là encore les enseignants vont devoir s’adapter car “la formation se fera à distance sur un temps personnel” précise l'enseignante.   
 

D’autres mesures phares concernant la vie scolaire devraient être généralisées, après une expérimentation l'an passé ; le port de l’uniforme dès l’école élémentaire. Un dispositif qui a pourtant été annulé dans certaines écoles, dans le Rhône par exemple, à cause d'un coût trop élevé à la charge des municipalités et des familles. C'est pourquoi, “L'évaluer maintenant et savoir si cela a été apprécié par les parents et les collectivités est difficile compte tenu de cette machine arrière dans certaines communes” explique Séverine Vuillaumier.
 

Beaucoup de mesures annoncées, mais peu de formation adaptée  

Autre réforme affichée : une formation pour aider les élèves à détecter le mal être de leurs camarades. Un effet d’annonce pour l'enseignante, puisque "l’Etat a mis en place, en 2021-2022, le protocole phare sur le harcèlement scolaire, donc nous avions déjà intégré, dans notre formation, la nécessité de nous appuyer sur les élèves pour détecter les camarades en difficulté. Par exemple ceux qui ne vont pas jouer dans la cour de récréation", précise la représentante du Syndicat National Unitaire des Instituteurs, Professeurs des Écoles. “C’est un état d’esprit global qu’il faut adopter au sein de la société, l’empathie. Le mot semble un peu désuet aujourd’hui mais il faudrait plus de gentillesse, être du bon côté, pas de celui des méchants qui dominent et écrasent l’autre” ajoute Séverine Vuillaumier.
 

Reste une question centrale en suspens : y aura-t-il assez d’enseignants et d’Atsem (agents territoriaux spécialisés des écoles maternelles) dans les classes cette année ? “Forcément quand le budget baisse, cela se ressent dans l’Education nationale. Dans le Rhône, cela se traduit par 83 postes en moins, cela ne veut pas dire que 83 classes n’auront pas d'enseignants, c’est un jeu de chaises municipales entre les écoles et les secteurs” déplore Séverine Vuillaumier.