Les étudiants, oubliés de cette rentrée 2025 ?
C’est un début d’année qui s’annonce compliqué pour les étudiants. Le syndicat UNEF (l'Union national des étudiants de France) prévoit une hausse du coût de la vie étudiante de plus de 4,12% cette année. Une annonce qui intervient alors que le gouvernement souhaite une année blanche pour les APL, les aides au logement, afin d’économiser plus de 7 milliards d’euros. Pour en parler Manon Moret, syndicaliste, membre du bureau national de l’UNEF, est l'invité de la matinale de RCF Radio Notre-Dame.
Rentrée étudiante © WikipédiaPour Manon Moret, membre du bureau national de l’UNEF, “on constate une précarité étudiante qui s’enracine. Concrètement, cette hausse du coût de la vie étudiante de 4,12% c’est 800 euros de plus que les étudiants auront à leur charge”. La syndicaliste regrette que “les bourses soient la seule aide sociale qui ne soit pas indexée sur l’inflation, cela passe par une demande politique. Donc à l’UNEF on se bat chaque année pour les revaloriser.”
Parmi les villes les plus chères pour les étudiants, la capitale reste toujours dans le Top 5, suivie de Nanterre, Créteil, Saint-Denis et Cergy en région parisienne. Viennent ensuite Nice et Lyon qui grimpe dans le classement 2025 réalisé par l'UNEF.
Un coût de la vie étudiante autour de 1 200 euros dans le public, à près de 2 100 euros dans le privé
Autre problème majeur ; de plus en plus d’étudiants frappent à la porte d’associations de distribution alimentaire comme les Resto du cœur, chaque année les files d’attente s’allongent devant ces organismes. “Certains étudiants sont contraints de sauter des repas et font des choix entre se nourrir ou se déplacer en transports, voire pire accéder à des soins médicaux” ajoute Manon Moret. Certes, il existe des dispositifs tel que le repas à 1 euro pour les boursiers, mais ils représentent seulement ¼ des étudiants, selon l’UNEF. Les non-boursiers en situation de précarité y ont aussi droit, "mais aujourd'hui on constate que la situation s'aggrave pour la majorité des étudiants" poursuit la militante.
Pour “joindre les deux bouts”, plus de la moitié des d’étudiants est salarié à côté de ses études, certains ont même un emploi à mi-temps. Difficile de concilier travail et études pour payer ses frais mensuels. Une situation qui oblige certains à abandonner leurs études ou à retourner chez leurs parents, s’ils le peuvent, faute de moyens. “Le salariat étudiant n’est pas la solution pour mettre fin à la précarité étudiante, c’est la première cause d’échec à l’université” rappelle Manon Moret, “cela touche notamment celles et ceux issus des classes les moins favorisées.”
Augmenter de 200 euros minimum chaque échelon de bourse pour suivre l’explosion du coût de la vie étudiante.
Que mettre en place pour aider les étudiants ? Pour la syndicaliste, “le problème est d’ordre structurel, on accompagne mal les étudiants en France. Il faudrait réformer le système de bourse qui est ancien et peu adapté à la réalité. Aujourd’hui, il y a près de 3 millions d’étudiants et 76% d’entre eux ne sont pas boursiers alors que certains peinent à s’en sortir”. La membre de l’UNEF plaide pour une ouverture des aides boursières à plus de 30 000 nouveaux étudiants afin de correspondre davantage à leurs besoins. Dans le même temps, "il serait nécessaire d'augmenter de 200 euros minimum chaque échelon de bourse pour suivre l’explosion du coût de la vie étudiante."
Ceci dans un contexte où trouver un logement est souvent périlleux chaque été, d’autant plus si l’on attend des résultats tardifs de Parcours Sup’ pour son affectation. Par ailleurs, il n’ y a pas que le logement, il faut aussi payer les transports et les frais d'inscription qui eux aussi augmentent.
Réinvestir davantage dans les universités publiques plutôt que dans les écoles privées ?
Des frais de scolarité qui augmentent aussi dans le privé, notamment dans les écoles de commerce plébiscitées par les étudiants. Pour l’UNEF, c’est d'ailleurs la première année que le syndicat investit dans l’enseignement privé. “On se rend compte que de plus en plus d’étudiants s’inscrivent dans les écoles privées depuis le lancement de Parcours Sup’, ils représentent 26% de la totalité des étudiants en France. Leur frais d'inscription s'élèvent en moyenne à 11 000 euros", contre 200 à 400 euros pour les universités publiques de la licence jusqu'au doctorat. Des frais qui avoisinent les 2 600 euros pour une année de cursus en formation d'ingénieur, pour un étudiant qui débute son cursus en cette rentrée 2025.


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