Emmanuel Macron a entamé un voyage présidentiel en Asie du Sud-Est. L'objectif du président est clair : offrir une troisième voie dans une région tiraillée entre les influences chinoise et américaine. Pour renforcer les liens entre France et l’Asie du Sud-Est, plusieurs contrats industriels ont déjà été signés. Phu Nguyen, économiste et directeur de recherche au CNRS, apporte des précisions sur le déplacement présidentiel.
Le mardi 27 mai a marqué la fin du passage d'Emmanuel Macron de trois jours à Hanoï au Vietnam. Le prochain point d'étape aura lieu à Jakarta. En tout, Emmanuel Macron passera six jours en Asie du Sud-Est.
D’emblée, Phu Nguyen assure : « les droits de douane voulus par Donald Trump ont certainement discrédité les États-Unis aux yeux de l'Asie du Sud-Est » d’autant que les États-Unis sont le premier partenaire du commerce avec le Vietnam. Le Vietnam s'impose en outre comme la deuxième raison du déficit commercial des États-Unis à cause des produits agricoles, des textiles, des produits à haute valeur en travail, des téléphones, de l'aluminium et l'acier. « Les États-Unis ont décidé d'augmenter drastiquement les droits de douane pour les Vietnamiens, pour l'instant, c'est suspendu mais c'est toujours prévu d'ici quelques semaines ou mois », explique l’économiste.
Le Vietnam a particulièrement besoin de la France et de l'Union Européenne.
Dans ce contexte de guerre commerciale, les partenariats qui ont été noués pendant ces trois jours à Hanoï permettent au Vietnam, à la France et à l'Union Européenne de s’allier en dehors du conflit sino-américain. Ce voyage présidentiel est donc principalement motivé par la raison économique, "le Vietnam ayant particulièrement besoin de la France et de l'Union Européenne".
Les trois jours au Vietnam ont été ponctués par des négociations concernant l'achat de 20 Airbus A330neo par la compagnie Vietjet. « Par rapport à la visite de Donald Trump dans la région, la valeur des contrats rapportés par le président Macron est très faible mais étant donné la taille de l'économie vietnamienne, c'est déjà bien », assure l’économiste. L'ensemble des contrats atteint entre 9 à 10 milliards d'euros avec notamment les 20 avions Airbus 330neo.
La valeur des contrats rapportés par le président Macron est très faible mais étant donné la taille de l'économie vietnamienne, c'est déjà bien.
Pour l’instant, seuls les avions Airbus sont concernés mais Vietjet a aussi commandé des avions Boeing 737. Dans le contexte actuel, « il faut que les Vietnamiens diversifient pour l’instant leurs investissements, leurs intérêts économiques tout comme la France », analyse le directeur de recherche au CNRS. Les États-Unis demeurent la première puissance économique du monde et « il faut faire attention avec ce pays-là », rappelle Phu Nguyen.
« L'Asie du Sud-Est ne remplacera pas tout de suite la Chine comme partenaire industriel pour la France car changer un tissu de fournisseurs et de producteurs demande du temps », assure Phu Nguyen. Mais le Vietnam a commencé à attirer les investisseurs étrangers. « Ils ont voulu éviter la Chine car la guerre commerciale entre les États-Unis et la Chine a déjà commencé avec le premier mandat de Trump », explique l’économiste. Certaines entreprises se sont donc déjà déplacées au Vietnam qui devient une porte d'entrée privilégiée.
La France est réputée pour être une puissance fiable, qui a une relation privilégiée avec le Vietnam du fait de son passé colonial.
La France et le Vietnam entretiennent des relations très privilégiées car « la France a un poids économique de taille même s’il reste moins important que celui des États-Unis ou d'autres pays asiatiques ». Sur un autre registre, « la France est réputée pour être une puissance fiable, qui a une relation privilégiée avec le Vietnam du fait de son passé colonial ».
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