« Les aider à se reconstruire » : des ateliers karaté pour les femmes victimes de violences à Orléans

Kimono sur le dos, Claudette suit les consignes et enchaîne les mouvements sur le tatami : « Ici on fait du karaté pour nous, qui avons subi de la violence domestique », glisse-t-elle. Depuis le mois de septembre, elle participe aux séances : « C'est un moment de détente. C'est pas pour faire des compétitions… on fait des petits mouvements, nous sommes relaxés. »

Une soixantaine de femmes a déjà participé à ces ateliers depuis le lancement en juin 2024. Aujourd'hui, Claudette est seule, mais elles peuvent être une dizaine. Ces séances ont lieu une fois par semaine à la Maison des Femmes. Elles sont animées par Annabelle Soubry-Ducay, enseignante de karaté depuis plus de 30 ans et formée à la méthode par l'ONG "Fight For Dignity". « La séance est divisée en 4 parties », détaille la karatéka. « On commence par un échauffement, ensuite on a une partie avec des exercices de karaté, après on fait de la relaxation et on termine par une collation et puis les dames décorent leurs ceintures. »

Redonner confiance

Dans ces ateliers adaptés, pas de combat, ni de confrontation et très peu de contact physique. On enchaîne les "katas" dans le vide avec des bienfaits thérapeutiques, explique Annabelle Soubry-Ducay. « Dans le karaté on travaille beaucoup avec la respiration, avec le ventre. Quand des femmes ont subi des violences, ce sont des endroits du corps qui ont souvent été traumatisés, donc on vient agir sur ces parties. » Quels bénéfices tirent les participantes ? « Ça leur donne confiance en elles ! Quand elles arrivent, elles peuvent être un peu renfermées. Puis on les voit redresser les épaules et le regard. C'est aussi un petit cocon pour elles, un endroit où elles se sentent bien. Il y a beaucoup de rires dans les séances ! »

Un lieu pluridisciplinaire pour une prise en charge globale

La Maison des Femmes d'Orléans a ouvert ses portes en 2021. La structure est installée à l'hôpital et propose une prise en charge globale en un même lieu avec un accompagnement médical, social, juridique et économique. « L'idée c'est de donner toutes les pistes aux femmes », précise Emmanuelle Berbain, sage-femme et vice-présidente de l'association. « Comment voulez-vous fuir un climat de violence si vous n'avez pas les informations pour retrouver un logement et que vous ne connaissez pas vos droits ? Quand on a vécu des violences pendant des années parfois, on est complètement à plat. Tout est difficile, même passer une porte pour raconter son histoire. L'idée, c'est de les aider à se reconstruire, en prenant soin d'elles et en passant des temps agréables. »

En 2024, 359 femmes ont été prises en charge par la structure. Il existe une trentaine de Maisons des Femmes en France et deux en Centre-Val de Loire, à Orléans donc mais aussi à Tours. On rappelle le numéro pour les femmes victimes de violences : le 39 19.

Reportage