Le mot de la semaine : Toussaint
Le 1er novembre dernier avait donc lieu la fête de la Toussaint, fête qui comme son nom l’indique est celle de tous les saints, un mot qui dénote aussi une période, dans laquelle on englobe la Fête des Morts, mais aussi des formules relevées dans nos dictionnaires, comme les vacances de la
Toussaint et même, signalée par le Dictionnaire de l’Académie, « un temps de Toussaint » défini comme « frais et pluvieux ».
Jean Pruvost © Pascal HausherrIl n’échappe tout d’abord à personne que le mot Toussaint résulte de l’agglutination – c’est le juste terme des linguistes – de l’adverbe
« tous » et du substantif « saint ». En 1131 on atteste de la formule fête de « toz », t o z, « sainz », en deux mots, puis en 1180 en un mot, orthographiés « …sains » et à la fin du XVII e siècle se fixant avec l’orthographe actuelle. Il est peut-être utile de rappeler que cette fête correspond en 607 à la consécration de tous les saints de
l’église du Panthéon à Rome, et que la célébration en était alors fixée au 13 mai, date transférée ensuite au 1 er novembre en 835 par le pape Grégoire IV. Les saints, c’est-à-dire, selon la définition du Dictionnaire de l’Académie française, « ces hommes et ces femmes dont la vie illustre les vertus évangéliques et, en particulier qui sont solennellement reconnus dans les Églises catholiques et orthodoxes par la canonisation » sont de fait nombreux. L’Église catholique en reconnaît environ huit mille, dont plus de 900 personnes canonisées par le pape François et 482 par Jean-Paul II. Mais si l’on compte les canonisations de groupes comme les 800
martyrs d’Otrante tués en 1480 lorsque les Ottomans prirent cette ville italienne, on atteint environ dix mille saints. Et bien sûr, s’il y a une date fixe pour la Toussaint, il y aussi une date précise pour célébrer chaque saint, généralement la date de sa mort, dite en
latin « dies natalis », jour de naissance, ce qui peut surprendre, mais il s’agit en fait de son entrée dans la vie éternelle.
La fête de saint Hubert
Saint Hubert est à l’origine de formules qui ont marqué la langue avec notamment le célèbre « couteau » dit de « saint-Hubert ». Rappelons tout d’abord que la légende veut que Hubert de Liège n’ayant pu un vendredi saint résister à sa passion, la chasse, soudain un cerf de pelage blanc portant une croix lumineuse lui apparut au milieu des bois, Dieu s’adressa alors à lui en l’engageant à se mettre à son service. De là est venu le fait que saint Hubert soit le patron des chasseurs, ce qui fut renforcé par le fait que dans l’abbaye de Saint-Hubert, au cœur des Ardennes belges, furent élevés des chiens de chasse reconnus, appelés naturellement des
saint-huberts, selon le même principe que les saint-bernards.
Le couteau de Saint-Hubert est une illustration du concept d’identité. On disait que saint Hubert réparant toute sa vie un même couteau, en changeant les pièces usées, vint le moment où il ne restait plus rien du couteau d’origine : alors, est-ce toujours le même couteau ? D’une certaine manière non, mais il reste cependant le couteau de saint-Hubert. D’où un grand débat philosophique sur l’identité.


Jean Pruvost, lexicologue passionné et passionnant vous entraîne chaque lundi matin dans l'histoire mouvementée d'un simple mot, le mot de la semaine !




